En complément de l'exposition « C'était Manufrance, un siècle d'innovation : 1885-1985 » au musée d'Art de l'industrie de Saint-Etienne, le musée de la Mine présente les photographies de Roger Oleszczak, seul photographe autorisé par les responsables syndicaux de Manufrance à couvrir les luttes pour la survie et la relance de l'entreprise de 1977 à 1985.
Photos : Roger Oleszczak ©
Manufrance fut une entreprise florissante employant plus de 2 000 ouvriers. Après les années glorieuses (entre les deux guerres), le fameux catalogue continue d'être très apprécié jusque dans les années 60 et maintient l'entreprise à flot grâce à des productions en grandes séries.
Mais le déclin commence avec l'apparition de l'informatique. Manufrance a raté ce virage décisif et les grèves et manifestations des ouvriers soutenus par des grands noms de la politique n'y ont rien changé.
Le dernier conflit social, avant l'inéluctable faillite en 1980, est raconté dans une mise en scène très forte : les clichés noirs et blancs de Roger Oleszczak installés dans les bâtiments de la mine du Puits Couriot montrent cette lutte collective pour l'emploi dans sa dimension à la fois intime et universelle, tandis que les lieux, vides, noirs, immenses, sont « habités » par les échos de la vie rude des mineurs de fond.
Voir notamment cette saisissante « salle de pendus », ainsi nommée par des journalistes, pour évoquer la dangerosité de la mine. Quand un mineur était fauché par un coup de grisou, son panier avec les vêtements propres restait accroché au plafond… Ce système de panier, spécifique au monde minier assurait un gain de place par rapport à un vestiaire classique, mais aussi permettait aux vêtements accrochés très haut, là où il fait le plus chaud et où l'air est ventilé, de sécher, tout imprégnés qu'ils étaient de la transpiration et de l'humidité ambiante délivrée par les douches attenantes.
Cette salle étrange, où les mineurs se lavaient et se changaient, hors temps de travail, étaient aussi un lieu où ils parlaient de tout et de rien et plaisantaient librement. La qualité de ce musée est d'avoir gardé intact les bâtiments, en veillant juste à ce que le temps ne les ravage pas trop, et c'est magistral.
Les photos sont exposées au Musée de la Mine du Puits Couriot jusqu'au 26 septembre : 3 bd Franchet d'Esperey, 42000 Saint-Etienne
Tel. 04 77 43 83 22
Ensuite, l'exposition sera itinérante dans le département de la Loire
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