Exposition Manufrance à Saint-Etienne : une histoire industrielle, commerciale et sociale

 
« Se souvenir de Manufrance, c'est aussi accepter qu'une formidable page d'histoire se tourne » se réjouit Nadine Besse qui, en tant que directrice du Musée des Arts et des Industries de Saint-Etienne, rêvait depuis trente ans de rendre hommage à cette puissance que représenta pendant des décennies la « Manufacture d'armes et cycles de Saint-Etienne » (c'est son vrai nom, elle ne devint « Manufrance » qu'en 1947, après l'interruption de la guerre).

C'est chose faite et de façon à la fois magistrale et intime, à l'image de cet escalier central qui donne accès à l'exposition : les contremarches sont habillée d'une photo d'ouvriers sortant de l'usine : un flot humain vient à votre rencontre et pour vous entraîner dans une aventure industrielle et sociale invitant au rêve et à la nostalgie.

 Photo de l'escalier d'entrée

La manufacture, créée en 1885 par deux armuriers, Etienne Mimard et Pierre Blachon, devient très vite une usine modèle, basée sur une organisation rationnelle de la production, de l'administration et de la publicité. Inspirée des méthodes américaines, qu'Etienne Mimard est allé visiter, la manufacture est conçue comme un tout, de la production qui doit être de qualité irréprochable, à la commercialisation des objets, par l'intermédiaire d'un catalogue de vente par correspondance.

Pour séduire l'acheteur potentiel, la vulgarisation scientifique devient un argument de vente et assure le succès des produits.

Ainsi, il faut toute une page de catalogue consacré à un nouveau modèle de bicyclette annulant les trépidations, pour expliquer comment « chose curieuse, ce problème des trépidations qui de prime abord, paraissait offrir des difficultés insurmontables a été résolu de la façon la plus simple et en donnant à cette nouvelle machine un cachet de rare élégance » Cela fait sourire aujourd'hui, mais la stratégie à l'époque est révolutionnaire. Il s'agit de fidéliser la clientèle, en lui proposant sans cesse des nouveautés : objets conçus par les bureaux d'étude de la manufacture, fabriqués sur place ou bien objets achetés en Amérique ou en Allemagne, comme les premières machines à coudre et vendus dans le catalogue.

On peut en feuilleter quelques exemplaires virtuels (trop fragiles, ils ont été numérisés et sont accessibles par écran interposé : la prose délicieusement rétro, les splendides dessins en couleur, l'éclectisme des sujets, leur approche singulière (« la fouine a comme le loup l'ivresse du carnage ») vous plonge dans un monde qui n'est pas si vieux et pourtant tellement lointain.

 

Tout comme les objets qui sillonnent le parcours chronologique de l'histoire de Manufrance : la bicyclette Hirondelle, le fusil Simplex, le fusil Robust, la machine à coudre Omnia, et toutes sortes de pièces d'ameublement qui font sans doute encore partie des intérieurs de nos grands parents : pendules, buffets, chaises pliantes, tables à desservir… Sans oublier le Chasseur Français, magasine créé dès 1885, bien connu pour ses articles sur la chasse et la pêche et peut-être surtout pour ses petites annonces matrimoniales qui ont fait fureur à partir de 1945 !

Objets, photographies, archives audiovisuelles, plans, affiches, mobilier de l'usine : tout  l'univers de Manufrance est raconté en une scénographie inspirée à la fois chronologique et thématique.

Jusqu'au 27 février au Musée d'art et d'industrie de Saint-Etienne,

2 place Louis Comte.
Tel. 04 77 49 73 00
www.musee-art-industrie.saint-etienne.fr