"Grands hommes" de Haute Marne, de Voltaire à de Gaulle, 3è étape : Louise Michel à l'Abbaye d'Auberive

Dans cette série que vous présente Claire en France, il eut été impardonnable de ne pas évoquer le personnage de Louise Michel. Haute-marnaise de naissance, ses 20 mois de détention passés à l'Abbaye d'Auberive en font une des figures marquantes du département (avec Jeanne Mance, fondatrice de l'Hôtel-Dieu de Montréal, les frères Goncourt, les Flammarion, les Choiseul, et bien d'autres dont Charles de Gaulle auquel sera consacré le dernier volet de cette série).

Voici donc Louise Michel, un personnage attachant dans les murs d'une ancienne abbaye cistercienne, 24ème "fille" de l'Abbaye de Clairvaux, convertie pour un temps en prison pour femmes...  Retour sur un destin tragique.

 

Texte et photos Guy Riboreau ©, sauf photos de Louise Michel : Wikipédia

 

 

 

 

 La petite Louise était née au Château de Vroncourt-la-côte le 29 mai 1830, fille illégitime soit du châtelain, Charles-Étienne Demahis, soit plus vraisemblablement de son fils, avec la jeune servante du château, Marianne Michel. Parfaitement intégrée à la famille qui avait les idées larges, elle reçut une bonne éducation, à Chaumont notamment, et manifesta très vite beaucoup d'empathie pour les êtres vivants, faisant la charité et aidant les pauvres, soulageant comme elle pouvait les misères humaines. Devenue institutrice, elle ne voulut pas prêter serment au Second Empire et fonda une école libre en 1853 à Audeloncourt (Haute-Marne). Elle poursuivit ensuite son enseignement en s'installant à Paris en 1856.

 

 

 

L'époque était passablement agitée. Après la défaite française de 1870 à Sedan face aux soldats de Bismarck, Napoléon III venait de se rendre au Chancelier prussien. Fin du Second Empire. Les parisiens étaient d'autant plus ulcérés.par cette reddition que les troupes allemandes encerclaient Paris. Des idées de rejet du pouvoir en place, de réformes, de plus grande justice sociale, bouillonnaient dans les têtes. Le mouvement ouvrier commençait à naître. Des projets d'autogestion voyaient le jour.  Louise, avec sa grande générosité, y fut sensible et se mit à écrire, poèmes, articles pour des journaux d'opposition . Elle s'était déjà engagée en politique en 1869 aux côtés des Communards.

 

 

Affiche pour le roman "La Misère"

 

Il s'agissait de faire de Paris une commune libre, autogérée, capable  de se défendre, de rétablir la justice et de redonner du travail aux ouvriers parisiens qui souffraient du déclin de l'activité industrielle provoqué par le siège de Paris et la fuite de nombreux chefs d'entreprise.  La Garde nationale forte de quelque 50000 hommes mise en place par la Commune était divisée entre partisans du gouvernement et rebelles à l'ordre établi.

Le maréchal Patrice de Mac Mahon, après ses défaites en Alsace et à Sedan, était devenu chef de l'armée régulière. Il suivait le bouillonnement parisien depuis le Mont Valérien. Le 21 mai 1871, il finit par  ordonner aux troupes gouvernementales d'investir Paris. Commença alors une semaine sanglante. Des barricades furent installées dans le centre pour contrer l'armée de Mac Mahon. Très vite les affrontements furent violents  Dans ce contexte, durant cette semaine qui fit des milliers de morts et de blessés dans la capitale,  Louise fut tout à la fois une ambulancière dévouée au services des Communards, rédactrice de pamphlets, garde sur les barricades..

 

La Commune anéantie aura gouverné Paris  du 18 mars au 28 mai 1871. Mais pour ceux qui avaient combattu sur les barricades et survécu aux massacres commença alors la répréssion. Louise fut de ceux, anarchistes, révolutionnaires, qui se retrouvèrent condamnés au bagne en Nouvelle-Calédonie. Mais en attendant son départ, c'est l'abbaye d'Auberive convertie en prison pour femmes, qui l'accueillit.

 

 

Matricule 2182

 

Elle passa 20 mois à Auberive, de décembre 1971 à août 1973, dans des conditions de détention difficiles, avant d'être envoyée en Nouvelle-Calédonie  20 mois terribles  qu'elle utilisa pour aider et éduquer ses co-détenues et pour écrire aussi.

 

 

 

 

 

Couloir des cellules et l'une des cellules

 

Les latrines dans le jardin

 

 

Trois sculptures de Badia illustrant la promenade des détenues :

"Les prisonnières" (résine)

 

détail

 

 

Louise passera 7 ans en Nouvelle-Calédonie refusant tout régime spécial pour elle au bagne. Libérée, elle est autorisée en 1879 à s'installer à Nouméa. Toujours résolument anarchiste, elle enseigne, crée "Les  Petites Affiches de la Nouvelle-Calédonie" et publie "Légendes et chansons de gestes canaques", des canaques qu'elle  défend contre la répression. Son action en faveur des déshérités, son courage, suscitèrent l'admiration de Clémenceau qui lui vint en aide à plusieurs reprises.

 

 

A Nouméa

 

 Louise Michel est morte d'une pneumonie à Marseille le 20 janvier 1905. Elle avait 74 ans. Son corps fut aussitôt ramené à Paris où ses funérailles le 22 janvier au cimetière de Levallois-Perret, ont été suivies par une foule considérable.

 

 

Le séjour de Louise Michel à Auberive nous donne l'occasion d'évoquer le sort souvent chaotique de cette abbaye cistercienne fondée en 1135 par Bernard de Clairvaux accompagné par une vingtaine de moines. La vallée de l'Aube est alors marécageuse. Les moines défrichent, assainissent, canalisent, pêchent, plantent, construisent, recrutent, enseignent. Au XIIIè slècle, l'Abbaye possède 11 granges, 4 maisons de ville, 11 moulins, 13 étangs, des vignobles, une mine de fer et une autre de sel.. La Guerre de Cent ans puis les Guerres de Religion et des pillages vont terriblement l'affaiblir. Il faudra attendre les XVIIè et XVIIIè siècles pour qu'elle retrouve sa splendeur.

 

 

Aile ouest


 

 Mais les temps difficles revinrent avec la Révolution. En 1790 les ordres monastiques sont supprimés, les moines s'en vont et l'abbaye est vendue comme bien national. Filature de coton, haut-fourneau bâti avec des pierres de récupération, puis prison pour femmes en 1856, l'abbaye va connaître bien des vicissitudes avant d'être achetée par un industriel collectionneur, Jean-Claude Volot, qui en a fait un Centre d'Art contemporain. Expositions, concerts, séminaires, conférences, se succèdent dans ces lieux marqués par l'Histoire.

 

 

Salles d'exposition

 

Cour intérieure sud et cloître

 

 

Cloître

 

 

Bronze de Marc Petit

 

Vestiges de l'église abbatiale

 

L'Aube et l'ancien moulin transformé en orangerie

 

 L'abbaye se visite de juin à septembre le mardi de 14h00 à 18h30 et du mercredi au dimanche de 10h00 à 12h30 et de 14h00 à 18h00

 

Exposition en cours : Dado jusqu'au 27 septembre. Miodrag Djuric, dit " Dado ",  peintre, dessinateur, graveur, sculpteur yougoslave (né le 4 octobre 1933, au Monténégro, mort le 27 novembre 2010 à Pontoise, France)

 

 Centre d'Art contemporain

52160 Auberive (Haute Marne) - tel :+33(0)3 25 84 20 20


contact@abbaye-auberive.com

abbaye-auberive.com/

Créé le : 20/08/2015 - Mise à jour : 08/01/2016
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