Nos lecteurs connaissent Pierrick Bourgault comme chroniqueur assidu et toujours curieux des bistrots parisiens et de leurs animations. On le découvre, dans ce livre, comme témoin bienveillant d'une ruralité en voie de transformation totale - et même de disparition - dans sa Mayenne natale. Francis bientôt centenaire lui conte sa rude vie dans son petit village, fabriquant charrettes, charpentes, tonneaux, tables et chaises, tous objets en bois et en fer nécessaires à la vie en autarcie qui fut longtemps la sienne, celle de son épouse Juliette, ainsi que celle de tous les habitants du village de Chatillon sur Colmont.
Il faut dire que Pierrick Bourgault est le fils d'un ouvrier menuisier ayant travaillé pour Francis Renard. Son enfance a été bercée par le bruit des scies, des marteaux et des multiples sonorités des artisans qui comptaient sur leur savoir-faire, la force de leurs bras, une solidarité certaine aussi, pour rendre la vie possible dans une société campagnarde qui rappelait celle du Moyen-âge. Pas d'électricité, pas d'eau courante, pas ou peu de produits venus d'ailleurs.
Photos de Francis dans son atelier : Pierrick Bourgault ©
Au fil de nombreuses conversations entre Pierrick et Francis, autour d'un café, voire d'un coup de gnole locale (le "lait de pommier" !), le lecteur découvre la rudesse d'un monde qui devait compter sur ses propres forces pour survivre. Forces physiques, intellectuelles et mentales que l'on perçoit dans les propos de Francis. Comment transformer au mieux les éléments à sa disposition, le bois des arbres, le fer, le feu, les fibres de chanvre, la pierre, pour construire, créer ? La démarche fut celle des bâtisseurs de cathédrales. Le savoir-faire et l'intelligence du geste étaient encore très présents chez les habitants de Chatillon sur Colmont il n'y a pas si longtemps.
On savait faire une roue de bois cerclée de fer pour équiper les charrettes. On savait relier entre eux de jeunes troncs bien droits (souvent de châtaigner) pour construire un échafaudage permettant de monter les pannes d'une charpente...
Ces savoir-faire ont disparu après la Seconde Guerre Mondiale avec l'arrivée du monde marchand, les moyens de communication, les tracteurs, les voitures individuelles, l'industrialisation.
Avec l'aide de Pierrick, nous découvrons dans les réflexions de Francis tout un vocabulaire et des expressions qui ne sont guère plus usitées aujour'hui :
- le riflard permettait de dégrossir la pièce de bois avant de passer la varlope
- le godendart : une scie de travers
- un chapelet : solide chaîne de fer forgé-
- la griffe : tige de métal prévue pour aggripet les cercles de fer rouge, brûlant et les fixer sur la roue de bois
- la houle ou charnier : un grand pot en terre cuite pour mettre la viande de porc salée
- une barge : tas de foin ou de paille non couvert en plein air
- un brabant : petite charrue
- ça branlouille: pour dire le peu de solidité d'un meuble en aggloméré
Un livre chargé de chaleur humaine, à lire pour tous ceux que passionne l'évolution du monde rural.
Guy Riboreau
"Francis, l'artisan du bois", de Pierrick Bourgault, Editions Henry Dougier
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