Ghislaine Carlo a vu juste quand elle transforma une partie de son domaine familial des "Rochettes" , en nord Anjou, à l'endroit où la province s'approche des carrières d'ardoises, là où il n'y a plus suffisamment de calcaire pour chloroser les plantes qu'on a coutume de nommer "de terre de bruyère". Cette dame a eu le sentiment dans les années 1970 que la mode pour le jardin qui s'installait en France ne se tarirait pas de si tôt. Et que même si, dans ces années là, les budgets jardins étaient petits, elle prévit qu'ils grossiraient et qu'une couche de la population représentée par les gens riches et impatients en viendrait tôt ou tard à acheter des sujets adultes, grands, bien formés, prêts à fleurir et à décorer des abords de maisons, de châteaux, de belles cours, des orangeries et des alignements.
Colonnes de Prunus lusitanica (laurier du Portugal)
Reportage (texte et photos) : Georges Lévêque ©
La douceur du climat angevin permet de prendre quelques risques. Ghislaine Carlo, dans les années 70, s'intéresse surtout aux camélias, aux rhododendrons et aussi aux érables du Japon. Elle achète des fonds de pépinières qui vont fermer et elle sait transplanter sans les perdre des sujets hauts de plusieurs mètres. Ghislaine installe des ombrières et des coupe-vent, de l'arrosage automatique et elle fait savoir qu'elle existe.
Camellia williamsii
Après un lent démarrage, le Domaine des Rochettes devient la bonne adresse en France où s'approvisionner si on en a les moyens.
Nicolas de Boigne et Marie de Peyerimhoff
En 2010, elle cède l'entreprise à Nicolas de Boigne. Le jeune homme, qui connaît, par goût, l'Angleterre des jardins et des arboretums, a toutefois commencé une carrière dans la commercialisation des grands crus viticoles. De cela, il s'amuse à dire maintenant qu'il n'est pas trop difficile de passer de la vente des vins haut-de-gamme à celle des arbres exceptionnels.
Ifs en colonne (Taxus baccata)
Depuis les temps anciens de la pépinière, d'autres essences sont venues grossir le choix des sujets remarquables à vendre. L'entreprise s'est aussi dotée du meilleur matériel pour transplanter les plus belles pièces. Les bouger tous les deux ou trois ans provoque une ramification des jeunes racines, la meilleure méthode pour tenir les arbres et les arbustes bien en forme et continuer leur vie en arrivant chez le client.
Camelia sansanqua
On visite "Les Rochettes" un peu comme un jardin, qu'on soit acheteur potentiel ou simplement curieux. Téléphoner avant tout de même pour s'assurer d'une présence !
Deux Ligustrum delavayanum en champignon
Domaine des Rochettes, route de Juigné, 49420 La Prévière, 02 41 92 44 76 et 06 68 20 67 83.
www.domainedesrochettes.com
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