L'Impressionnisme et la Mode au Musée d'Orsay, Paris. Jusqu'au 20 janvier
Si vous n'avez pas encore vu cette exposition, courez y avant qu'elle ne parte pour New York et Chicago. Et ignorez les critiques de quelques grincheux qu'agace la scénographie de Robert Carsen, accusé d'en faire trop avec ses chaises Napoléon III dorées et ses cimaises rouges. La pelouse synthétique et les gazouillis d'oiseaux «passent» mal, c'est vrai, quand il s'agit d'évoquer des atmosphères bucoliques. Mais refuser de théâtraliser la mode, c'est nier qu'elle soit un spectacle. Une cinquantaine de vêtements et d'accessoires extraits des réserves du Musée Galliera et de celles des Arts décoratifs (leur état de conservation est époustouflant) sont mis en regard avec une soixantaine de chefs d'œuvre de Renoir, Monet, Manet, Degas ou Caillebotte.
Visite avec Marianne Lohse
Gustave Caillebotte (1848-1870)
Rue de Paris, jour de pluie, 1877
Huile sur toile, 212,2 x 276,2 cm
Chicago, The Art Institute of Chicago, Charles H. and Mary F. S. Worcester Collection, 1964.336
The Art Institute of Chicago. Photography © The Art Institute of Chicago.
Certaine de ces toiles venues de grands musées étrangers comme le portrait de Madame Charpentier et de ses enfants de Renoir, un prêt exceptionnel du Met de New York, n'ont pas été montrées à Paris depuis plusieurs décennies.
Pierre-Auguste Renoir (1841-1919) : Madame Georges Charpentier (née Marguérite-Louise Lemonnier, 1848–1904) et ses enfants, Georgette-Berthe (1872–1945) and Paul-Émile-Charles (1875–1895), 1878
Huile sur toile, 153.7 x 190.2 cm
New York, The Metropolitan Museum of Art, Catharine Lorillard Wolfe Collection, Wolfe Fund, 1907 © The Metropolitan Museum of Art, Dist. RMN / image of the MMA
Gustave Courbet (1819-1877)
Les Demoiselles des bords de la Seine (été), 1856-1857
Huile sur toile, 174 x 206 cm
Paris, Petit Palais, Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris
© RMN / Agence Bulloz
Un somptueux panorama d'une certaine élégance bourgeoise, féminine et masculine, de 1860 à 1885, «le début de notre modernité» remarque Guy Cogeval, président d'Orsay, telle que la peignent les impressionnistes, si soucieux de capter l'air du temps, de saisir leurs contemporains dans leurs gestes quotidiens, à la ville comme à la campagne.
Pierre-Auguste Renoir (1841-1919)
Le Couple, 1868
Huile sur toile, 105 x 75 cm
Cologne, Wallraf-Richartz Museum & Fondation Corboud
© Photo Josse/Leemage
Au milieu des années 1860, le volume de la jupe part vers l'arrière, annonçant la tournure, le pouf et les polonaises, le corsage s'ajuste, les manches se font plus étroites. L'encombrante crinoline est délaissée. Mais toujours le corset baleiné emprisonne la taille et les hanches. Il s'en vendait plus d'un million chaque année dans la capitale, beaucoup grâce à Monsieur Boucicaut.
Ce corset, à la fois instrument de torture et objet érotique trône dans une vitrine sous le très suggestif «Rolla» de Gervex. En face, la «Nana» de Manet semble presque sage.
Édouard Manet (1832-1883)
Nana, 1877
Huile sur toile, 150 x 116 cm
Hambourg, Hamburger Kunsthalle
© BPK, Berlin, Dist. RMN-GP / Elke Walford
Vêtu de sombre, en jaquette ou redingote «l'homme civilisé n'est plus que l'accompagnateur de la femme. Il la laisse chanter seule la symphonie du blanc, du rose, du vert» déplore Louis Ulbach. Voir le «Cercle de la rue Royale» de James Tissot dont on admirera aussi la «Jeune fille en veste rouge» et le portrait des Miramon.
James Tissot (dit), Jacques Joseph (1836 – 1905)
Portrait du marquis et de la marquise de Miramon et de leurs enfants, 1865
Huile sur toile, 177 x 217 cm
Paris, musée d'Orsay
© Musée d'Orsay, dist. RMN / Patrice Schmidt
A la touche minutieuse d'un Tissot ou d'un Carolus Duran, on préférera sans doute celle « franche et vive» des impressionnistes. Pour le conservateur Philippe Thiebaut, également l'un des commissaires de l'exposition, «avec eux, la pose s'efface, la vision instantanée triomphe».Jeux d'ombres, visages, silhouettes et vêtements éclaboussés de lumière: vous n'avez pas fini de vous attarder devant «Réunion de famille» ou le «Déjeuner sur l'herbe».
Claude Monet (1840-1926)
Le Déjeuner sur l'herbe, 1865-1866
Huile sur toile, 248,7 x 218 cm
Paris, musée d'Orsay
© Musée d'Orsay, dist. RMN / Patrice Schmidt
Henri Fantin-Latour (1836-1904) : Édouard Manet, 1867
Huile sur toile, 117,5 x 90 cm
Chicago, The Art Institute of Chicago, Stickney Fund, 1905.207
The Art Institute of Chicago. Photography © The Art Institute of Chicago
Marianne Lohse
L'Impressionnisme et la Mode © Musée d'Orsay Sophie Boegly.
Jusqu'au 20 janvier 2013.Renseignements : 01 40 49 48 14
