Signé Dali : la collection Sabater à Montmartre

D'un côté, un footballeur professionnel, pilote d'avion, hôtelier à ses heures puis journaliste et photographe, aux allures d'aventurier sympathique et de l'autre, un peintre génial, provocateur, affabulateur, à la fois exaspérant et attachant. A en croire Enrique Sabater, secrétaire et homme de confiance de Salvador Dali de 1968 à 1981, l'artiste ne méritait pas l'anagramme d'Avida Dollars dont l'avait affligé André Breton. Témoins les huiles, aquarelles, dessins, esquisses et photographies dédicacés «A Sabater» et exposés à Montmartre, Espace Dali.

 

Salvador Dali et Enrique Sabater à l'Hôtel Meurice à Paris. Ils s'apprêtent à assister à la session extraordinaire de l'Académie des Beaux-Arts (Ecole des Beaux-Arts) où Dali a été désigné membre le 9 mai 1979

© Enrique Sabater



Montrée pendant deux ans au musée de Cadaqués, la Collection Sabater livre l'image d'une amitié généreuse. Elle perdure au-delà de la disparition du maître : installé en Andorre, Enrique Sabater n'a de cesse de diffuser l'oeuvre dalinienne, par le biais de publications, d'expositions.

Tout commence un jour de l'été 1968. Chargé par une agence de presse d'interviewer les «people» de la Costa Brava, Sabater (il a alors 32 ans) se présente au domicile du peintre, à Port Lligat. Une réelle complicité va s'installer entre les deux Catalans. Avec l'approbation de la redoutable Gala, l'artiste, totalement dénué de sens pratique, propose à Sabater de prendre en charge ses affaires.

 

Dali dans son atelier travaillant sur l'oeuvre "Basilique St Pierre de Rome" :

"explosion de de foi mystique au centre d'une cathédrale" (1960-1974)

Port Lliquat, Cadaquès, 1974

© Collection Enrique Sabater

 

Le jeune homme ne se contente pas de mettre au point des contrats, il est l'envoyé spécial, l'ambassadeur de Dali à l'étranger, le témoin privilégié et l'accompagnateur du couple pendant plus d'une décennie. C'est lui qui déniche le château de Pùbol pour Gala. Il apportera même son concours à Daniel Abadie et Pontus Hultén, commissaires de la première grande rétrospective consacrée à Dali par le Centre Pompidou, en1979.

 

 

"A Sabater, une accolade sur le QUIN ELISABET" (sic)

Dédicace apposée sur le livre "A study of his Art in Jewels (1970) au cours d'une traversée entre New York et l'Europe sur le Queen Elisabeth le 2 mars 1975

© Collection Enrique Sabater

 

Scène de tendresse entre Gala et Dali dans le patio de la maison de Port Lligat, Cadaquès, 1980

© Collection Enrique Sabater

 

Et pendant toute cette période il photographiera «Monsieur Dali» prenant jusqu'à cinquante clichés par jour! Les dédicaces (des œuvres d'art en soi car toujours agrémentées d'un dessin) apposées sur des catalogues, des livres, des lithographies, des cartes de vœux, du papier sulfurisé, sur le couvercle en carton d'une tasse de café servie à l'hôtel St Régis, à New York, voisinent avec des paysages de Catalogne. Ou une aquarelle offerte à Jordi, le fils de Sabater pour sa première communion. Dali ira même jusqu'à imaginer pour son ami, une maison surréaliste dont il dessinera les bibliothèques et même les lavabos.

 

 

 "Pour Sabater", dédicace apposée sur la carte de voeux de Noël des laboratoires Hoescht Iberica (1960)

1971, © Collection Enrique Sabater

 

Une exposition à ne pas rater. D' autant qu'elle permet de découvrir ou de redécouvrir, à deux pas de la Place du Tertre, un espace entièrement dédié au maître et seul à présenter, en France, sculptures et mobilier. Dont le fameux canapé "Lèvres" de Mae West.

 

Dédicace apposée sur le livre "Babaouo" (Film surréaliste de 1932)

1977,  © Enrique Sabater

 


Marianne Lohse

Espace Dali, 11 rue Poulbot, 75018 Paris Montmartre.

Tel : 01 42644010 

www.daliparis.com

Jusqu'au 10 mai 2012


 

Créé le : 21/03/2012 - Mise à jour : 22/03/2012
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