Musée Bonnard : "On sort" (Les loisirs vus par les peintres avant la Première guerre mondiale)
L'exposition estivale du musée Bonnard intitulée "On sort !" propose de donner un éclairage nouveau sur le thème des loisirs, après la génération des impressionnistes jusqu'à la première guerre mondiale. Cette exposition, dont le commissariat est assuré par Véronique Serrano Conservateur en chef du musée Bonnard, est présentée du 1er juillet au 5 novembre 2023. Autour de Bonnard, sont réunis plus d'une quinzaine de peintres de Seurat à Toulouse-Lautrec, Anquetin, Roussel, Vallotton ou Dufy mais aussi des peintres moins connus comme Ibels, Pourtau, Chabaud ou Albert André. Plus de 70 œuvres sont présentées sur l'ensemble des espaces d'exposition présentant une grande variété tout en ayant un seul point commun : les loisirs.
Louis Anquetin, Intérieur chez Bruant, 1886-1887 huile sur toile Collection particulière © Fotoatelier Peter Schächkli, Zurich
La fin du XIXe et le début du XXe offrent un vrai tournant dans la modernité culturelle. Loisirs et spectacles de jour comme de nuit ne cessent d'attirer un public croissant, d'origines sociales variées. À Paris, Montmartre en particulier, est le rendez-vous de la société parisienne - mondains et demi-mondains, gens du peuple et de ses artistes. Les " cafés-chantant " appelés plus tard "cafés concerts" se multiplient et attirent tout autant que les musichalls. En atteste Le Mirliton situé au pied de La Butte et surtout le célèbre Moulin Rouge boulevard de Clichy dont le French Cancan fera la célébrité.
Henri de Toulouse-Lautrec, Troupe de Mlle Eglantine, 1896 lithographie Mairie de Toulouse, MATOU, AF4540, Albi
L'exposition du musée Bonnard propose d'étudier dans le détail, le monde du spectacle et des loisirs qui ouvre les portes d'un répertoire visuel nouveau. Pierre Bonnard, figure centrale de cette 24e exposition temporaire, célèbre pour ses compositions inspirées du Paris transformé par le baron Haussmann, a consacré une part importante de sa production à l'évocation de la vie moderne, des loisirs et des grands boulevards.
Pierre Bonnard, Jardin de Paris, 1896-1902 huile sur toile Collection particulière avec le concours de Duhamel Fine Arts, Paris © cliché Jean-Louis Losi
Sont présentées une quinzaine de ses œuvres parmi ses plus célèbres : L'Ecuyère, Parade, Le Concert Lamoureux, Les Courses à Longchamp ainsi qu'un tableau inédit ayant appartenu au marchand Vollard, Le Jardin de Paris, conservé dans une grande collection privée qui a accepté exceptionnellement de prêter cette œuvre aux dimensions inhabituelles. Plusieurs sections s'articulent autour de ces nouvelles pratiques culturelles.
Félix Vallotton, La Troisième galerie au théâtre de Châtelet, 1895 huile sur carton marouflé sur bois Musée d'Orsay, Paris Legs Carle Dreyfus, 1953 © RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski
L'émergence des loisirs fait immanquablement penser aux canotages et autres promenades au fil de l'eau qui ont fait les grandes heures de l'impressionnisme, auxquels on ajoute la fréquentation des champs de courses et des hippodromes qui naissent aux mêmes moments, tout comme l'arrivée d'un loisir d'un genre nouveau, le patin à glace ou à roulettes arrivé d'Angleterre (le skating ring).
Pierre Bonnard, Parade, vers 1892 huile carton monté sur bois Collection particulière avec le concours de Duhamel Fine Arts, Paris © cliché Jean-Louis Losi​
À la suite de Degas, de Manet ou de Renoir, la jeune génération choisit de renouveler les mises en pages composées le plus souvent de mémoire tout en répondant à un traitement neuf de la couleur. Dans cet univers, Anquetin (Femme dans une calèche) et Bonnard (Les Courses à Longchamp - tryptique, Les Patineurs, Canotage) apparaissent parmi les plus prolixes ; par ailleurs le regard ironique et souvent sarcastique de Vallotton (Baignade à Etretat, 1899) donne une dimension encore plus sociale aux loisirs, retraçant dans cet instantané photographique aux couleurs intenses, toute la joie de la baignade. Le Pêcheur de Roussel (1890-1891) est un des chefs d'œuvre nabi de l'artiste.
Léon Pourtau, Scène de plage, 1941-1944 huile sur toile Collection particuière © Fotoatelier Peter Schächkli, Zurich
Léon Pourtau, quant à lui, contemporain et ami de Georges Seurat, propose avec une magnifique Scène de plage (1890-1893) une scène à l'atmosphère poétique portée par un langage pointilliste maîtrisé grâce au traitement qu'il fait de la lumière. De son côté, Raoul Dufy nous plonge dans cette mode des bains de mer (Les Bains Marie-Christine à Sainte-Adresse, 1903) dans une représentation visuelle et descriptive préfigurant le fauvisme. Les grands boulevards aussi, par la transformation et l'animation des rues parisiennes deviennent de véritables théâtres en plein air. Ailleurs, on découvre l'attrait populaire des bals publics, qui réunissent une foule joyeuse de personnes de tous les milieux sociaux, dansant, bavardant et buvant, (Hermann-Paul Le Bal, 1890-1895, Steinlen, Bal de barrière, 1898).
Georges Seurat, Le Cirque, 1891 huile sur toile Musée d'Orsay, Paris - Don, Mme Jacques Doucet, 1937 © RMN-Grand Palais (Musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski
Exposition EN MATINÉE OU EN SOIRÉE - LES SPECTACLES
Les loisirs c'est aussi et surtout, le formidable développement des lieux de spectacles, le plus souvent nocturnes, chacun déployant des ingéniosités et des créations les plus originales, capables d'attirer des noctambules aux multiples visages. Montmartre encore, se caractérise par une identité propre, cet " esprit montmartrois " qui joue un rôle clef dans la vie culturelle de cette fin de siècle. Bonnard, Toulouse-Lautrec, Anquetin sans oublier Ibels ou Steinlen sont certainement les plus grands témoins de cette vie diurne et nocturne, du monde du spectacle qui leur ouvre les portes d'un répertoire visuel nouveau.+
Abel Truchet, Le Cirque à Médrano, boulevard Rochechouart, 1907 huile sur carton © Paris Musées / Musée Carnavalet-Histoire de Paris
MUSÉE BONNARD 16, Boulevard Sadi Carnot 06110 Le Cannet Côte d'Azur - France
Tél. +33 (0) 4 93 94 06 06
