Beauvais : entre Trésors de laine et lumières de la cathédrale
L'art de la tapisserie s'ouvre de plus en plus à la modernité. En route vers Beauvais qui célèbre les 350 ans de sa Manufacture. Lissiers, peintres et plasticiens y inventent un nouveau langage.
Visite avec Marianne Lohse
Panneau d'après Ernest Quost, 1888,
collection Mobilier national
© Direction de la communication - Ville de Beauvais
Trésors de laine
La Galerie Nationale de la Tapisserie offre une rare confrontation : celle des œuvres tissées d'artistes majeurs, de la fin du XVIIème siècle à aujourd'hui, de François Boucher à Raymond Hains. 90 pièces exceptionnelles, tentures murales, paravents, sièges, accessoires de mode issus des collections du Mobilier National. Pour «Beauvais, 350 ans, Portraits d'une Manufacture», les commissaires Marie- Hélène Bersani et Gérald Rémy ont imaginé, toutes époques confondues, un parcours autour des âges de la vie, de l'enfance à la maturité. On est saisi par la perfection, la fraîcheur de ces trésors du passé signés Oudry, Dugourc ou Le Prince. Dufy, Matisse, sont également représentés.
La baie de Sainte-Adresse d'après Raoul Dufy,1968
collection Mobilier national
© Philippe Sebert
"Polynésie, la mer" d'après Henri Matisse,1959
collection Mobilier national
© Isabelle Bideau
Les techniques de la basse lisse (tissage à l'horizontale) utilisées à Beauvais ont peu évolué. Deux ans, cinq ans à travailler sur un tissage : ici, le temps ne compte pas. C'est le Mobilier National auquel est rattachée la Manufacture qui décide de la mise sur métier. La plupart des pièces décoreront les lieux du pouvoir.
Démonstration par Pierre Bureau, chef d'atelier
© Direction de la communication - Ville de Beauvais
Ce qui change? La collaboration, accrue, entre lissiers et artistes. La création, pleinement ancrée dans le présent. Le fait que le carton peint soit de plus en plus souvent remplacé par un agrandissement photographique, une maquette pixélisée. Pour «Sans limite de stock», Eric Sandillon évoque un clonage de mouton, faisant allusion à la brebis Dolly.
"Sans limite de stock", d'après Eric Sandillon 2004-2007
collection Mobilier national
© Direction de la communication - Ville de Beauvais
Pour « Sans Titre», Anne et Patrick Poirier représentent un billet de 500 francs orne de perles de verre une banquette Louis XV. Avec «Le camp retranché», de François Boisrond, une barrière, un compresseur, un bidon d'huile restituent la réalité d'un chantier.
A gauche : "Le camp retranché", d'après François Boirond, 2002-2004
collection Mobilier national
© Direction de la communication - Ville de Beauvais
Pour « Fenêtre sur cour», un paravent de Monique Frydman et Frédéric Ruyant, des entrelacs blancs ondulent sur une chaîne apparente, en fils d'inox. Sublime.
Paravent "Fenêtre sur cour" de Monique Frydman et Frédéric Ruyant, 2011
collection Mobilier national
© Isabelle Bideau
Jusqu'au 24 août.
Une cathédrale réinventée
A la nuit tombée, «La Cathédrale infinie», un spectacle lumineux et musical, attire depuis 2012 des milliers de spectateurs. Avec infiniment de talent, Skertzo fait revivre sur la façade de Saint Pierre le rêve de grandeur des bâtisseurs, un édifice qui se voulait le plus haut de la chrétienté. A quelques mètres du chevet de Saint Pierre, la Galerie Nationale de la Tapisserie intègre dans ses murs les vestiges de l'ancien rempart gallo-romain. La magie se poursuit sur sa façade avec «Horizons Imaginaires», projection accompagnée cette année d'une création musicale inédite.
Jusqu'au 21 septembre.
Juin et septembre : vendredi et samedi. Juillet et août : jeudi, vendredi et samedi
