Jouy-en-Josas célèbre Oberkampf

Aujourd'hui, les toiles ne sont plus imprimées à Jouy. Mais un musée récemment rénové, riche de 10.000 pièces, y évoque de façon passionnante l'histoire de la manufacture et de son créateur. Né en 1738 à Wiesenbach, dans l'actuelle province du Bade-Wurtemberg, Oberkampf, graveur et coloriste, est issu d'une famille de teinturiers luthériens.

 

 

On le retrouve simple ouvrier à Paris. Les cotonnades imprimées de fleurs ou d'animaux déversées par les vaisseaux des compagnies des Indes font de l'ombre aux productions traditionnelles et sont alors interdites sur le sol français.

 

 

Robe Empire d'une fille Oberkampf en mousseline de coton imprimée

Copyright Anne- Laure Camilleri

 

Dès que cette interdiction est levée, Oberkampf crée sa propre affaire, en 1760. Il a vingt- deux ans à peine. Son but : copier, adapter, sublimer les cotonnades indiennes. Il a choisi Jouy par ce que « l'eau y est pure et la terre abondante ».

 

Musée de la Toile de Jouy

 

Moins de trente ans plus tard, son entreprise, à la pointe des progrès techniques (on y pratique l'impression à la plaque puis au rouleau de cuivre) couvre 14ha et emploie plus de 1300 ouvriers ce qui en fait l'une des plus importantes d'Europe. Les enfants de France sous Louis XV, plus tard Marie-Antoinette figurent parmi ses clients.

 

 

La qualité de ses impressions, la variété des motifs souvent dessinés par de grands artistes comme Jean-Baptiste Huet lui valent d'être anobli, en 1787. Il traverse la tourmente révolutionnaire, prospère encore sous le Consulat.

 

Napoléon en visite à la Manufacture décorant Oberkampf de la Légion d'honneur 

 

Lors d'une visite de la manufacture, Napoléon le décore de la Légion d'honneur. Au XIXème siècle, la toile de Jouy est une marque mythique, universellement appréciée, avec plus de 30.000 motifs pour la mode et l'ameublement. Les plus connus ? Les scènes où des promeneurs batifolent dans des paysages bucoliques, en camaïeux.

Une vision douce et charmante d'une société sans aspérités qui entretient une certaine nostalgie. Des couturiers comme Gautier, des marques de luxe comme Hermès ou Pierre Frey utilisent des motifs »Toile de Jouy».

 

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Outre les collections permanentes du musée, on ne ratera pas les trois expositions temporaires (jusqu'au 26 Juillet). Souvent pleine d'humour, « On the Toile » propose une réinterprétation très actuelle des célèbres motifs. Dans « Shooting Wall paper», la vidéaste Brigitte Zieger anime une bergère qui, transformée en dangereux snipper, vise le visiteur.

Danseurs de be bop, les personnages de Sheila Bridges tournent en dérision certains stéréotypes de l'histoire afro américaine. « Harlem Toile » a été exposée dans plusieurs musées des Etats Unis. Designers de l'agence Revolver New York, Vincent Ficarra et Adela Qerqaqi reprennent, pour »Brooklyn Toile», des éléments connus du « borough » new yorkais comme son pont, ses quartiers juifs et son rappeur Notorious BIG. Une oeuvre récemment acquise par le MoMa. Pour « Mandala », Léonardo Ulian utilise fils de cuivre et composants électroniques, recréant des formes présentes dans les religions bouddhiste ou hindoue.

 

Mandala Copyright Leonardo Ulian

 

En parallèle de cette exposition, le Pôle d'art contemporain d'HEC, avec «On the Campus» invite des artistes émergents à revisiter le mythe Ainsi « Toile de Jouy bantoue » de Kouka introduit-elle un guerrier africain sur un support traditionnel français tandis qu' Antonello Curcio s'inspire d'un tableau italien du XIXème siècle.

Jouy se devait de montrer le travail de créateurs indiens contemporains autour du coton imprimé. En partenariat avec les services culturels de l'ambassade de l'Inde et la galerie Akar Prakar de Calcutta, « le Tapis Moghol, une tradition réinventée » fait la part belle à des artistes comme Andju Dodiya, Aditya Basak ou Shrabani Roy

 

A journey from chintz to Tatoo Parlor Laine et peinture acrylique

Copyright Shrabani Roy

 

. Tissage de laine et peinture acrylique, technique mixte et tempera sur toile, composants microélectroniques et étoffes de type kalamkari pour des œuvres poétiques : on ne sait où donner du regard.

Marianne Lohse

Musée de la Toile de Jouy, Château de l'Eglantine, 54 rue Charles de Gaulle. Jouy en Josas

www.museedelatoiledejouy.fr

 

Espace contemporain HEC, 1 rue de la Libération. Visite gratuite sur rdv :01 39 67 95 45

 

A venir :

»Christophe –Philippe Oberkampf, les Toiles de Jouy, une aventure humaine, industrielle et artistique », Musée de la Toile de Jouy (15 septembre 2015-27 décembre 2015).
« Oberkampf et la Toile imprimée » au campus HEC de Jouy-en Josas, Un colloque scientifique et historique( 8-10 octobre 2015)
Concert : La Compagnie du pianoforte, au Temple de Jouy-en Josas (15 novembre 2015)