Balenciaga magicien de la dentelle, à Calais, Cité de la dentelle et de la mode
A voir et à revoir pour ce souvenir d'un grand de la mode qui aurait eu 120 ans cette année et dont la vision continue d'inspirer plus d'un jeune créateur. A l'annonce de sa disparition, en 1972, Susan Irvine titra dans «Vogue» : « Le roi est mort ». Adulé de ses clientes, admiré de ses pairs, Cristobal le Magnifique était un homme secret, un moine aux allures de dandy. « Epris de rigueur, de perfection, célèbre pour sa coupe magistrale, il s'est tout au long de sa carrière passionné pour la dentelle, créant des vêtements d'une grande modernité» souligne le commissaire Catherine Join-Dieterle. Après le Musée des arts décoratifs en 2006 et Galliera en 2012, la Cité de la dentelle et de la mode, à Calais rend hommage au couturier avec cette exposition éblouissante voulue par Hubert de Givenchy.
Visite avec Marianne Lohse ©
Soixante quinze tenues iconiques, des accessoires (gants, mantilles, chapeaux, chaussures), des photographies, des échantillons, des croquis : on ne sait où donner du regard. Chronique d'une grande maison et reflet d'une époque aux usages disparus, l'exposition séduit par son caractère fastueux- les broderies de Lesage ou Rébé sont particulièrement somptueuses- mais aussi par l'ingéniosité de certains de ses modèles.
Cristóbal Balenciaga dans sa maison de couture à Paris, 1959
© Gyenes Fonds Gyenes Biblioteca Nacional de España
Balenciaga en effet crée la ligne tonneau en 1947, la marinière en 1951, la baby doll en 1957, les robes du soir en queue de paon (plus courtes devant que derrière) en 1958.Très tôt, il imagine l'étole anneau, cousue sur le devant du buste mais libre dans le dos. C'est pour lui que l'industriel suisse Abraham fabrique le gazar, ce tissu dont il « sculpte » ses plus belles toilettes.
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Cristóbal Balenciaga, robe de grand soir en dentelle de Dognin, 1951 Griffe BALENCIAGA (Paris) © Henry Clarke Corbis
Pétri de culture française, il n'oublie pas pour autant ses racines espagnoles. L'influence dans sa mode de Goya, Zuolaga ou Zurbaran est évidente. Né en 1895 à Getaria, sur la côte basque, il découvre auprès de sa mère, couturière, les garde-robes de clientes huppées qui se fournissent chez Worth ou Creed. En 1917 (il a 22 ans), il ouvre sa première .maison de couture, à Saint-Sébastien. Deux autres suivront, à Madrid et Barcelone. Mais c'est à Paris où contraint à l'exil par la guerre civile, il s'est réfugié que dés 1936 son génie s'épanouit. En 1968, il se retire, fermant ses quatre maisons.
Cristóbal Balenciaga, boléro du soir brodé par Lesage, 1959 © Manuel Outumuro Modèle conservé à la Fundación Cristóbal Ba
Ce qui est prodigieux, c'est la variété de ces dentelles mécaniques commandées aux meilleurs dentelliers : Marescot, Brivet, Hurel ou Dognin. Dentelles »créponnées », utilisées en lés, en motifs découpés ou appliqués, perlées, pailletées, repeintes à la main…Balenciaga voile, dévoile, dosant les couleurs violentes: écarlate, violet mais aussi délicates : beige rosé, gris fumé.
Cristóbal Balenciaga, robe du soir courte en taffetas et tulle, vers 1927
© Manuel Outumuro Modèle conservé à la Fundación
Plusieurs modèles exposés méritent une mention spéciale comme cette robe du soir en shantung d'un fuchsia très vif, à taille basculée dont l'étole forme un nuage vaporeux autour du cou.
Cristóbal Balenciaga, robe du soir à taille basculée et étole-tube en shantung et dentelle, 1958 © Manuel Outumuro
Ou encore cette autre, sublime, en mousseline vert d'eau constellée de minuscules perles-gouttelettes qui laisse voir, en transparence, une taille ceinturée de rose.
Cristóbal Balenciaga, robe du soir en soie ivoire et tulle vert pâle brodé, détail, 1966 © Manuel Outumuro
Marianne Lohse
Cité de la dentelle et de la mode
135 Quai du Commerce 62100 Calais
Tel: 03 21 00 42 30
www.cite-dentelle.fr
Jusqu'au 31août 2015
