Escapade : la pêche Tenkara dans les Pyrénées Atlantiques ou comment faire mouche

Le nom est étrange, il vient du Japon et désigne un type de pêche à la mouche qui est en train de se répandre dans les Pyrénées après avoir fait un détour par les Etats-Unis. Avantage, la technique est facile et permet d'aller à la rencontre de superbes paysages en pratiquant une activité à la fois physique et demandant de l'astuce. A découvrir.

 

Reportage (texte et photos) : André Degon

 

 


  

Axe de passage d'une quarantaine de kilomètres au cœur des Pyrénées entre la France et l'Espagne, la vallée d'Aspe est la voie royale pour qui souhaite découvrir une nature intacte et protégée, entretenue de manière traditionnelle. C'est le haut lieu du pastoralisme, le domaine de la randonnée et le paradis des pêcheurs avec les nombreux torrents qui se jettent dans le gave d'Aspe dévalant la vallée de sa source, à 2200 m d'altitude dans la Sierra de Aisa jusqu'à Oloron-Sainte-Marie où il rejoint le gave d'Ossau.

 

 


Après l'Estanguet, il faut bifurquer à droite. La route, plus étroite, grimpe devant la centrale électrique au bord du gave avant d'attaquer en lacets la pente raide qui surplombe la vallée sombre et encaissée. Au fur et à mesure de la montée, la forêt se fait moins dense, la lumière plus forte. Les sommets pointent derrière les derniers virages avant de se découvrir dans leur totalité, fonds de décor de cet immense plateau d'altitude du cirque de Lescun. A 1100 m, sur cette étendue verte, mamelonnée, solitaire et paisible, le vent doux et tiède fait frémir les pâtures de moyenne estive.

Après le village de Lescun, la route continue signalée Anapia Lhurs. Au Caillou du Curé, une piste de terre sèche se dirige au pied du cirque. Ca et là, quelques vaches broutent en liberté la jeune herbe de printemps. Près du torrent, nous retrouvons Yvon Zill et Lionel Armand, deux moniteurs de pêche chevronnés qui connaissent chaque rivière de la région. Lionel est spécialiste de la pêche des salmonidés dans les Pyrénées-Atlantiques, Yvon, basé à Arnéguy, a à son actif d'avoir introduit la pêche Tenkara en France, une pêche totalement inédite.

 

Yvon Zill changeant de mouche

 

En fait, il s'agit de la méthode ancestrale de la pêche à la mouche qui trouve son origine au Japon où cette pêche existe depuis le VIIIe siècle. Pratiqué par les paysans pour se nourrir et toujours très populaire, le Tenkara (littéralement la façon dont la mouche se pose en douceur sur l'eau, tombée du ciel) utilise tout simplement une canne et une ligne. La ligne est directement reliée à l'extrémité de la canne et prolongée par une pointe en nylon à laquelle on accroche la mouche. L'absence de moulinet et de soie rend cette technique très simple et adaptée aux petits cours d'eau. On peut ainsi pêcher à plus de six mètres, ce qui est largement suffisant pour traquer les truites dans les eaux claires des torrents de montagne. Quant à l'apprentissage, il demande quelques minutes, ce qui permet d'être opérationnel rapidement.

 

Contrairement à la canne à mouche classique, la canne Tenkara (télescopique de 2,75 m à 4,50 m réduite à 60 cm une fois repliée) est très légère et peu onéreuse, à partir de 99 euros environ contre 250 euros pour une canne à mouche. Peu connu en France le Tenkara est arrivé dans les Pyrénées grâce à Yvon Zill qui a importé cette technique des Etats-Unis après avoir rencontré Daniel Galhardo créateur de Tenkara USA dont l'épouse est japonaise : « L'avantage de cette technique de pêche est qu'elle est d'une grande simplicité : une canne, une ligne, une mouche. Un court apprentissage, et le tour est joué. » Dans le ruisseau qui borde la grande pelouse verte du plateau de Sanchèse surplombée par les hautes falaises du Billare et du Piquet d'Anaye, Yvon et Lionel en font la démonstration en remontant le courant en fouettant l'air de leur canne pour poser leurs mouches.

 

      Lionel Armand

 

L'affaire est délicate. Même si l'apprentissage est aisé, il faut une certaine connaissance pour avoir le bon geste, la bonne manière de poser la mouche et ferrer le poisson. « Une rivière, c'est une globalité, un écosystème qu'il faut comprendre, explique Yvon. "La mouche doit correspondre à ce que gobe le poisson. Si la truite mange des fourmis volantes, on fixera la mouche adéquate. S'il s'agit d'éphémères, ces insectes aquatiques qui ont une très courte durée d'existence après une vie de près de trois ans sous forme larvaire au fond de l'eau, on utilisera une mouche qui leur ressemble. Car tout l'art est de leurrer le poisson. Si on n'utilise qu'une seule mouche, il faut revenir plusieurs fois au même endroit pour faire croire au poisson qu'il y a d'autres insectes qui arrivent.

"La bergeronnette aussi est une aide. Surnommée l'oiseau des pêcheurs, car inféodée au milieu aquatique elle se pose près des lieux où se produisent une éclosion sous l'eau. C'est un signal pour le pêcheur, car le poisson aussi a détecté la bonne affaire. » Connaître ces principes de pêche est certes indispensable. Mais rien ne vaut l'expérience.

Alors pour le débutant qui est rentré bredouille mais heureux d'avoir découvert une région encore vierge de toute pollution, il reste à se rabattre sur le fromage de brebis que fabrique Jean-François Nouqueret à la Brénère. Il a bien songé Jean-François, quand il était jeune, à quitter ses montagnes pour la ville. Mais l'aventure lui faisait un peu peur. Alors il a préféré reprendre l'exploitation familiale. Et il a eu bien raison, pour notre plus grand plaisir, car son fromage de brebis accompagné de Jurançon, c'est ma foi un plaisir qu'il ne faudrait pas manquer.

 


André Degon
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Pyrénées-Atlantiques


Avec un réseau hydraulique conséquent : 7000 km de cours d'eau dont 5200 km de parcours de pêche en première catégorie et 1800 km en deuxième catégorie, 1200 hectares d'étangs et plans d'eau, on comprend qu'il existe une forte tradition de pêche et l'amateur aura l'embarras du choix pour trouver son terrain favoris pour traquer le saumon, la truite, l'omble de fontaine et autre sandre.


Fédération départementale pêche 64 : www.peche64.com

- Pêche Tenkara
Yvon Zill, tel. : 05 59 37 34 96/06 28 37 39 75. www.basquecountry-fishing-guide.com
Lionel Armand, 06 84 24 67 44. www.guidepechepyrenees-64.chasseurdetruites.com
Pour en savoir plus sur le matériel : www.tenkara.fr.

 

Comment y aller
Par train : Paris à 4h50 de Bayonne en TGV direct, à 5h30 de Pau en TGV direct
Par avion : aéroports de Biarritz et de Pau. Vol 1h20.

 

Où coucher
- L'Auberge cavalière à Accous. Tel. : 05 59 34 72 30. Site : www.auberge-cavaliere.com. Ouvert toute l'année. Comme son nom l'indique ce petit hôtel près du plateau de Lescun propose des ballades à cheval en France et en Espagne. Si vous n'êtes pas cavalier, Huguette Bonnemazou et son mari ne vous fermerons pas la porte au nez. Chez Huguette, on est comme chez soi. Ses repas traditionnels sont un bonheur. Ici pas de chichi. Tout est fait maison, du pâté à la garbure. Grillades au feu de bois, cassoulets, confis et autres civets sans parler de l'omelette aux ceps en saison. Et le Jurançon sait mettre en appétit. Chambres simples et confortables, 61 euros pour deux avec pt.dej. Ouvert toute l'année. Demi-pension (min. deux nuits) : 49 euros par pers.

 


- Hôtel des voyageurs à Urdos, près de la frontière. Tel. : 05 59 34 88 05. Site : http://www.hotel-voyageurs-aspe.com. Une institution menée par madame Blon- Ducombs : dans cet ancien relais de diligence, sur le chemin de Compostelle, on côtoie le douanier, le randonneur, le retraité et …le roi d'Espagne. Menus de 13,50 à 27,50 euros. Chambres pour deux pers : 54 euros avec pt.de. Fermeture du 15 octobre au 1er décembre.
- Les Estives, chambres d'hôte et gîte, 64490 Lescun. Tel. : 05 59 34 77 60.
http://www.estives-lescun.com.
A 300m. du village de Lescun, dans un paysage superbe, une grande maison bardée de bois, anciennement bâtiment agricole, abrite quatre chambres d'hôtes avec tout le confort. Table d'hôte, produits du pays, 18 euros par pers. Chambres 50/52 euros selon saison, pour deux personnes. Maison d'hôtes ouverte toute l'année. Le gite, maison de village traditionnelle peut accueillir quatre à cinq personnes. Tarifs de 260 euros à 410 euros selon saison. Deux nuits, 150 euros, rois nuits, 200 euros. Disponible du 1er mai au 31 octobre.


Pour en savoir plus


Office de tourisme de la Vallée d'Aspe, place François-Sarraillé, 64490 Bedous. Tel. : 05 59 34 57 57. Site : www.tourisme-aspe.com .
Comité départemental du tourisme Béarn-Pays-Basque, Petite caserne, 2, allée des platanes, 64100 Bayonne. Tel. : 05 59 46 52 52. Site : www.tourisme64.com .
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Créé le : 27/05/2013 - Mise à jour : 07/06/2013
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