Le Val de Loire fête ses dix ans d'inscription sur la Liste du patrimoine mondial de l'UNESCO, au titre de « paysage culturel évolutif et vivant ». C'est l'occasion pour les acteurs du Val de Loire et le million d'habitants des quatre départements concernés (Loiret, Loir-et-Cher, Indre-et-Loire, Maine-et-Loire, soit 160 communes) d'échanger idées et projets : colloques, expositions, projections, lectures sont organisés au Centre des Congrès Vinci de Tours.
Mais nul besoin d'être ligérien (relatif à la Loire) pour apprécier la beauté et la richesse du Val de Loire qui s'étend de Sully-sur-Loire (région Centre) jusqu'à Chalonnes-sur-Loire (région Pays-de-la-Loire), soit 280 km. Cette consécration mondiale a favorisé le développement d'offres touristiques d'exception. Impossible (et fastidieux) de les nommer toutes. Dans ce royal paysage culturel, arrêtons-nous pour l'heure à Chaumont-sur-Loire et à Blois, pour la visite de 2 des 19 châteaux de la Loire. Nous aurons évidemment l'occasion de vous faire visiter les autres.
La Loire vue du Château de Chaumont
Reportage textes et photos : Evelyne Simonnet © et Guy Riboreau pour la partie historique.
Chaumont sur Loire
Le domaine régional de Chaumont-sur-Loire est réputé pour son "Festival international des jardins" qui se tient chaque année d'avril à octobre (le thème de 2011 sera « Jardins d'avenir ou l'art de la biodiversité heureuse »).
Mais toute l'année, le végétal est présent dans le château, avec de vraies orchidées, des tableaux permanent et des expositions temporaires d'artistes travaillant sur le thème de la nature (actuellement le photographe Marc Riboud jusqu'au 31 décembre) investissent le château, les écuries, le parc.
En ce début d'hiver précoce, le jardin est sous la neige, la lumière sur la Loire est bleue et dans les salles du château résonne l'écho des fêtes et banquets qui, de Catherine de Médicis à la Princesse de Broglie ont enchanté artistes, intellectuels et têtes couronnées. Pour s'imprégner de la puissance évocatrice de lieu de fête, rien ne vaut un guide. Suivez-le un instant.
Chaumont est né au Xème siècle de la volonté du Comte de Blois Eudes 1er de bâtir une forteresse sur la rive gauche de la Loire pour protèger sa ville des attaques des Comtes d'Anjou. Par le jeu des alliances, le château-forteresse va très vite passer entre les mains de la famille d'Amboise.
Or un "d'Amboise", Pierre, s'est violemment opposé à la politique de Louis XI. Ce dernier se venge en 1455 en faisant tout simplement raser Chaumont. On ne plaisantait pas avec le pouvoir royal...
Le fils de Pierre fait reconstruire la forteresse de 1465 à 1475. La famille prend ensuite le relais en introduisant les idées de la Renaissance, grandes ouvertures, fenêtres à meneaux, et jardins. Les ailes Nord et Ouest sont édifiées de 1469 à 1481. Les tours sont celles des châteaux-forts : mâchicoulis et chemins de ronde. La porte d'entrée est précédée d'un double pont-levis et encadrée par deux grosses tours rondes.
Catherine de Médicis achète l'endroit en 1550 pour l'échanger 9 ans plus tard avec sa rivale auprès d'Henri II, Diane de Poitiers, contre le château de Chenonceau sur le Cher.
De la fin du XVIème siècle au XIXème, le château changera souvent de propriétaires avant d'être acheté par la famille de Broglie qui y fit aménager de belles écuries et organisa des fêtes somptueuses.
Les revers de fortune de la famile amenèrent la princesse de Broglie à vendre le château à l'Etat en 1938.
Depuis, le château, propriété du Centre des Monuments Nationaux et le Conservatoire international des parcs et jardins se sont réunis pour former le Domaine de Chaumont-sur-Loire.
Les programmations d'événements sont complémentaires et le parc bénéficie du label Jardin remarquable.
Ces médaillons Renaissance dans les fenêtres portent le nom de «rondelles » ou «grisailles », parce qu'ils étaient généralement gris rehaussés de jaune.
Tapisserie du 17e siècle faite de fils de laine, de soie, d'or et d'argent
Coffre fort muni de plusieurs systèmes de fermeture et, à l'intérieur, à gauche, d'une cache, elle aussi protégée par un système : précaution supplémentaire en cas d'effraction du coffre fort et qui a donné naissance à l'expression « mettre à gauche » !
Château de Blois
Résidence royale fastueuse mêlant styles classique et Renaissance, le château de Blois a été un temps le centre du pouvoir monarchique. Bâti sur l'ancien château des Comtes de Blois, lieu d'intrigues et de complots en tous genres, il fut aussi un centre culturel et artistique avant l'heure grâce au prince-poête, Charles d'Orléans ("Le temps a laissé son manteau, de vent, de froidure et de pluie...") et à sa troisième épouse, Marie de Clèves. Férus de poésie, ils organisaient des joutes littéraires auxquelles participaient de nombreux conteurs. Parmi eux, le truand-poète, François Villon et l'ex-diplomate reconverti en "prince des poètes et poète des princes" Pierre de Ronsard qui venait en voisin de sa gentilhommière du Vendômois.
Pierre de Ronsard. C'est lors d'un bal au château de Blois que Ronsard rencontre une jeune fille, Cassandre, qui deviendra sa muse et à laquelle il dédiera son célèbre sonnet "Mignonne, allons voir si la rose..."
L'aile Louis XII et sa porte gothique surmonté de la statue du souverain à cheval
Charles et Marie ont un fils, Louis, né le 27 juin 1462 au château, qui prend le nom de Louis XII quand il est amené à succèder à Charles VIII, le fils de Louis XI, mort accidentellement à Amboise en avril 1498.
Blois devient alors résidence royale et Louis XII épouse... la veuve de son prédécesseur, Anne de Bretagne. Ensemble ils aménagent le château pendant 10 ans, en font un lieu de vie ouvert mêlant gothique tardif et influences italiennes.
Leurs trois fils meurent en bas âge et c'est donc leur lointain cousin, François d'Angoulême qui monte sur le trône de France sous le nom de François 1er. Entre temps, il a épousé la fille de Louis XII, Claude, qui, avant de mourir à 25 ans, donnera son titre et son nom à une variété de prune qu'elle aimait beaucoup, la reine-claude.
Le nouveau roi s'établit également à Blois devenu le centre de la royauté. Il apporte les techniques et les styles de la Renaissance au château. Il fait reconstruire une aile qui portera son nom, ajoute un superbe escalier à vis pour desservir les étages.
L'escalier Renaissance
A Blois, François 1er apparait dans toute sa gloire, surtout après sa victoire sur les Suisses à Marignan (1515, apprend-on dans les bonnes écoles !). Mais la mort de Claude en juillet 1524 le laisse inconsolable. Il finit par négliger Blois pour se faire construire des résidences à Chambord, Fontainebleau et Saint Germain en Laye.
Blois sera ensuite le lieu de bien des tragédies, dont celle, restée tristement célèbre, de l'assassinat du Duc de Guise, chef de la Ligue Catholique, qui voulait imposer au roi Henri III l'interdiction de la religion protestante. Henri III le fit assassiner dans un couloir du deuxième étage du château... L'intolérance ne date pas d'hier !
L'Oratoire (DR)
Marie de Médicis, pour sa part, fut exilée à Blois par Louis XIII qui ne supportait pas les relations de sa mère avec l'intrigant Concini. Elle réussit à s'en évader dans des circonstances rocambolesques dignes d'un feuilleton de cape et d'épée...
A part Louis XIV qui y fit quelques séjours, les souverains successifs délaissèrent le château qui fut transformé en caserne. Les dégradations se succédèrent. Louis XVI proposa même de le raser si on ne trouvait pas d'acheteur... Les révolutionnaires contribuèrent modérement, heureusement, aux outrages du temps et des hommes.
Napoléon ne sachant que faire de Blois en confia la propriété à la Ville. Un cadeau dont elle se serait sans doute bien passée...
Ce sont deux écrivains - et non des moindres - qui attirérent l'attention sur l'état du château : successivement Balzac (avec son roman 'Catherine de Médicis") et Victor Hugo. Un première campagne de restauration fut entreprise de 1845 à 1870. Puis vint un classement à l'Inventaire des Monuments historiques. Une deuxième campagne de restauration a été entreprise en 1990.
Depuis, ce heut lieu de l'Histoire de France survit grâce au tourisme, au mécénat et à la présence, dans l'aile Louis XII, du Musée des Beaux Arts de Blois.
Vous pouvez visiter le château avec ou sans guide. En vous replongeant dans son histoire, vous actionnerez la machine à remonter le temps, vous entrerez dans l'intimité des 7 rois et des 9 reines qui ont animé l'endroit du XIIIe au XVIIe siècle.
Les restaurations entreprises respectent globalement l'esprit du lieu. .Chapelle, appartements privés ou de réception, meubles en bois sculptés, plafonds peints, représentations d'animaux-fétiches (le porc- épic, animal qui « sait se défendre », emblème de Louis XI et surtout de Louis XII, la "Salamandre" de François Ier), vous rappelleront que le château a contribué à écrire quelques unes des plus belles pages de l'Histoire de France.
La Salle des Etats-Généraux, partie la plus ancienne du château (XIIIème siècle).
Les Etats-Généraux y ont été réunis en 1576 et 1588, dans l'ambiance passablement mouvementée des Guerres de Religion...
Si vous vous sentez l'âme d'un(e) châtelain(e), vous pouvez, pendant un week-end, une semaine ou davantage, louer un hôtel particulier dans Blois en vous adressant aux Gîtes de France (4 épis).
Et puis, si vous ne savez pas quoi offrir à quelqu'un de cher pourquoi ne pas profiter de la pochette cadeau « Séjour Découverte » : 2 jours/1 nuit pour faire découvrir Blois, Cheverny et Chambord tout en profitant des spécialités locales. 190 euros pour 2 personnes.
Office de Tourisme de Blois-Pays de Chambord
Tél. 02 54 90 41 42
Autres liens :
http://rendezvousduvaldeloire.blogspot.com
A lire : "La véritable histoire des Châteaux de la Loire", de Jean Des Cars, Editions Plon
La ligne de partage des eaux en Ardèche et ses oeuvres d'art Vins de Montlouis / L'Eco-Musée d'Alsace à Ungersheim (Haut-Rhin) : traditions architecturales et fêtes en tous genres / Vibrante Bilbao / Le temps d'un week-end ou d'un court séjour, Tours mérite bien une escapade / Séjour week-end à Honfleur / Truffe au vent en Pays Cathare / Visite d'un sous-marin nucléaire : Le Redoutable, c'est à Cherbourg, CITE DE LA MER / La Cité de la Mer à Cherbourg : pour apprendre et se divertir / Savoir-faire et faire-savoir
Claire en France aime bien recevoir vos avis et suggestions. N' hésitez pas ! Le formulaire de contact et les espaces commentaires sont là pour cela