Cheverny, le château de " notre marquis "... et... du Capitaine Haddock
Claire en France poursuit ses visites de châteaux. De la Loire et d'ailleurs... Après Angers, Bazoches, Blois, Chambord, Chantilly, Chaumont, Chinon, Vaux-le-Vicomte et Versailles, nous voici à Cheverny. Autant la vie au château de Chambord est parcimonieuse et fait appel à l'imagination, autant celle du château de Cheverny, situé à 15 km, est trépidante. Tout simplement parce qu'il a toujours été habité, et que son propriétaire actuel, le marquis de Vibraye qui occupe les étages supérieurs avec sa femme et ses trois enfants, est le descendant direct de Jean Hurault qui acquit le lieu de Cheverny au milieu du XIVe siècle, et dont les descendants furent autorisés par Louis XII à y édifier une propriété seigneuriale.
Reportage : Evelyne SImonnet ©
Depuis Jean Hurault, chaque génération accumule meubles, objets, tableaux, comme dans toute famille attachée à son arbre généalogique. Même la « chambre du roi », d'une opulence décorative inouïe, est restée là, intacte (les couleurs des tentures et des tableaux sont d'une incroyable fraîcheur) et elle a toujours attendu vainement un roi qui n'est jamais venu...
La chambre du Roi © Valoire
La famille, dont l'emblème (croix bleues et soleils rouges) est le même depuis six siècles, continue d'ancrer dans l'Histoire ce château ouvert au public depuis 1922.
Aujourd'hui, à la place du roi, les visiteurs se pressent pour les soirées jazz ou opéras, la découverte du parc en voiture ou en bateau sur le canal, le jardin potager et le jardin contemporain (popularisé par un récent documentaire sur France 3 , le « Jardin des Apprentis »), la fête des Plantes, ou tout simplement pour déambuler dans les pièces chaleureuses où l'on croit entendre jouer les enfants…
Dans l'escalier principal, au-dessus d'une armure d'apparat (seules les familles très riches en possédaient) trônent les bois d'un animal non chassé à courre comme cela se pratiquait (la meute existe toujours et les « chasses présidentielles » ne sont guère loin). L'animal a été trouvé dans les glaces de Sibérie et c'est un cervus megaceros, l'ancêtre de l'élan, qui culminait à 3 mètres de haut. De quoi impressionner ses rivaux !
Salle d'armes © Valoire
La salle d'armes, les parquets en chêne, les tapisseries des Gobelins, les broderies persanes, les tableaux de maîtres... ont également de quoi impressionner le visiteur qui est autorisé à pénétrer dans 16 des 54 pièces que comptent le château. Les autres sont le domaine privé de « notre marquis » et de sa famille, comme dit avec tendresse celle qui m'a fait visité ce lieu.
Une équipe de 40 personnes travaille au service du marquis qui gère le domaine comme une entreprise, mais discute avec son personnel de « votre château ». Entre «notre marquis » et « votre château », se tisse une intimité respectueuse : C'est ensemble qu'ils changent les meubles de place, pour les mettre à tour de rôle en valeur, exhument des trésors du grenier (comme récemment la harpe du grand salon), discutent des plantes et bouquets (toutes les fleurs sont fraîches et les pendules à l'heure, ainsi le veut la marquise Constance de Vibraye), chouchoutent « notre mascotte », le régulateur, qui donne non seulement l'heure, avec les secondes, mais la date et les phases de la lune.
Depuis Louis XV, cette pendule-témoin ne se remonte qu'une fois par semaine et ne se dérègle jamais. Quelque chose d'immuable à travers le temps…
Cheverny et Tintin 
Tous les tintinophiles savent que le château de Moulinsart, est la réplique exacte de la partie centrale du château de Cheverny. Depuis 2001, une l'exposition permanente « les secrets de Moulinsart » propose aux visiteurs d'entrer dans la BD en suivant les traces de pattes de Milou : la chambre de Tintin, le laboratoire de Tournesol, le galion du sourcilleux Capitaine Haddock... Et mille sabords, c'est une visite à ne pas bouder !
L'exposition, ouverte tous les jours, est réservée aux visiteurs du château.
Le Château de Cheverny se trouve en Val de Loire entre Chambord et Chenonceau
