Une fois n'est pas coutume, Claire en France donne un coup de projecteur sur des vins élaborés comme les viticulteurs romains savaient le faire. Certes ils n'avaient pas les connaissances oenologiques de nos vignerons d'aujour'hui. D'aucuns fabriquaient d'infâmes piquettes tout juste bonnes à donner aux esclaves ou aux légionnaires du bas de l'échelle. D'autres avaient pour clientèle de riches bourgeois, politiciens, administrateurs, commerçants prospères, qui exigeaient des breuvages de qualité. Il convenait donc d'avoir une bonne connaissance de cette liane particulière qu'est la vigne, de la grande variété des cépages, étrusques, latins et étrangers (gaulois notamment) pour en tirer le meilleur si possible. Quand la météo de l'année était pourrie, des ajouts innombrables venaient compenser la faiblesse gustative du vin et tenter de faire passer pour nectar ce qui était boisson à peine buvable. Mais les Romains savaient aussi faire de bons vins si l'on en juge par les textes d'auteurs comme Pline l'ancien ou Caton. Textes qui ont inspirés - et inspirent encore - des viticulteurs d'aujourd'hui.
Parmi eux, le Mas des Tourelles à Beaucaire. A partir des vestiges d'une villa romaine située sur le Domaine, des fouilles menées dans les années 1980 ont révélé qu'en fait, ce site abritait au début de notre ère un grand atelier d'amphores et des bâtiments dont des fours, des entrepôts et une habitation. L'emplacement était idéal pour une telle entreprise, la nature environnante fournissant tous les éléments nécessaires à son développement : l'eau, l'argile et le bois pour la fabrication des amphores, la vigne et l'olivier pour la production du vin et de l'huile. De plus, la proximité du Rhône et de la Via Domitia facilitait l'expédition des amphores dans tout l'empire romain.
Texte : Guy Riboreau et reportage à Beaucaire : Claire Vuillemin ©
C'est que l'on buvait pas mal à Rome : son million d'habitants éclusaient au premier siècle de notre ère quelque un million à deux millions d'hectolitres de vin chaque année ! Déboucher une amphore de vin du Narbonnais (qui s'étendait du Rhône au Languedoc) était chose courante dans les familles aisées ! "In vino veritas" !
Amphore gauloise IV
Les propriétaires du Mas des Tourelles ont donc eu l'idée d'exploiter le passé de leur propriété et de l'ouvrir aux touristes. Ils nous permettent aujourd'hui de visiter les vestiges de l'atelier mais ils ont également recréé des vignobles à la romaine et une cave antique avec son impressionnant pressoir à levier de bois. Se basant sur les textes des auteurs latins, ils ont aussi cherché les recettes antiques de l'aromatisation des vins. Les Romains avaient en effet l'habitude d'ajouter des herbes et des arômes naturels ou non (miel, épices, eau de mer…) à leurs vins pour leur conférer des vertus curatives, antiseptiques ou simplement gustatives.
Sur la base des recettes romaines, le Mas des Tourelles élabore aujourd'hui trois cuvées distinctes : Mulsum, Turriculae et Carenum. Trois vins bien différents qui pourront déconcerter certains palais mais qui, tous les trois, offrent un intérêt gustatif original.
Le premier, le Mulsum, est d'abord un vin d'apéritif (le "gustatio" à Rome) issu de l'assemblage de vin rouge et de miel auquel il est ajouté des épices comme Pline l'Ancien le décrivait. On pourra le servir également sur un canard aux figues, un curry d'agneau épicé, voire un roquefort. Servir un peu frais : 14°.
Le Turriculae est réalisé d'après une recette de Lucius Columelle. C'est un blanc sec auquel il est ajouté de l'eau de mer, du fenugrec et d'autres plantes aromatiques. Un vin complexe pour des fruits de mer et des viandes blanches. A servir à température ambiante.
Le Carenum est une recette de Palladius qui l'obtenait en faisant macérer des raisins très mûrs avec des plantes et le "defrutum, un jus de raisin concentré par ébullition et aromatisé aux coings. C'est un liquoreux à servir sur une soupe de fraises, un crumble à la rhubarbe ou une tarte aux pommes. Servir à 14°.
Toujours sous l'étiquette de la Romanité, le Mas des Tourelles organise des visites de son site archéologique et, chaque 2è dimanche de septembre, l'après-midi, une démonstration du fonctionnement de sa "cave romaine" avec son pressoir reconstitué et foulage au pied de la récolte....
Outre ses vins "romains" qui représentent quelque 20000 bouteilles chaque année, le Domaine produit également des vins "modernes" en appellation Costières de Nîmes, Vins de pays du Gard, Vins de pays d'Oc, dont certains ont été primés par différents guides. Cette production (90% en rouges sur 90 ha) représente, bon an, mal an, environ 750000 cols.
Mentions du Guide Hachette des vins :
"Château des Tourelles Grande Cuvée 2010 se voit décerner un coup de coeur et deux étoiles. « La syrah il tient le premier rôle, un petit pour cent de mourvèdre venant en appoint...
La cuvée le Coin des Grenades rosé 2011 obtient deux étoiles pour son bouquet puissant de fruits des bois et de réglisse et pour sont palais riche, généreux et fruité. Un rosé de gastronomie que l'on verrai bien sur une côte de veau à la tomate.
Une étoile enfin pour le Grand Amandier blanc 2011, long et complexe (fruits blancs, poivre, menthols)"
Guilhem Durand
Mas des Tourelles
4294 Route de Saint-Gilles, 30300 Beaucaire
04 66 59 19 72
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