Quand "sapin" rime avec "coquin"...
Fêtes ou pas, la littérature érotique, comme l'objet du même nom, a, depuis longtemps, acquis droit de cité. Mais en cette fin 2010, le libertinage plus ou moins chic et ses représentations se retrouvent au pied du sapin. Comme si le Père Noël se dévergondait quelque peu en glissant dans sa hotte quelques cadeaux coquins...
Moeurs plus libres ? Effet de mode ? Créneau commercial porteur ? Tout cela sans doute participe à l'élargissement de la notion de "cadeaux de Noël" à la sphère de la sensualité et de l'érotisme.
Bon nombre de boutiques en tous genres rivalisent aujourd'hui d'audace chic et choc pour séduire une clientèle qui cherche sans doute une échappatoire aux soucis du moment.
Même dans un pays où la pratique religieuse (catholique) est omni-présente comme le Mexique, le spectateur d'un festival de vidéos érotiques installé dans un un ancien couvent de Mexico trouvera en librairie un "Hamaca Sutra" qui adapte à l'usage du hamac les positions du célèbre Kama Sutra.
Plus proches de nous, des commerçants avisés surfent sur cette vague coquine et proposent de mettre au pied du sapin des cadeaux quelque peu olé-olé qui célèbrent la luxure... On hésite moins aujourd'hui à offrir un objet sexuel soft, drôle, même plus osé, entre objet de décoration et clin d'oeil à son partenaire de jeux. Les magazines féminins et autres séries télévisées américaines (tel que Sex and the City) ont contribué à démocratiser la panoplie "éroticoquine".
Quant aux parfums, les publicités nous proposent une débauche olfactive (plutôt frustrante car non directement perceptible via le journal ou la télévision) où de jolies créatures se contentent d'une fragrance pour tout vêtement. Les créateurs de parfums n'hésitent pas à user de certaines phéromones capiteuses aux molécules censées attirer l'autre comme le musc, le fumé, l'ylang-ylang, la frangipane et d'autres.
Les magasins spécialisés se multiplient à Paris comme en province. Des jeunes femmes sans tabous vous proposent ouvertement des objets qui ne font plus rougir les douairières. Il y en a pour tous les goûts et... toutes les pratiques.
Les boutiques spécialisées dans les sex-toys en France se développent et attirent de plus en plus de clients.
L'enseigne Passage du désir au Love store Rivoli-Les Halles a accueilli récemment son 100 000 ème client en 2 ans d'existence seulement... La deuxième boutique avait ouvert dans le Marais en fin d'année 2009. Une troisième boutique "Passage du désir" vient de s'installer au coeur du 1er arrondissement de Paris : 22, rue du Pont neuf
Le top des ventes dans ce domaine sont les jeux de société érotiques mais la star des sex-toys (parait-il) reste le canard vibromasseur... Plus soft : la bougie et les crèmes de massage.
L'hôtellerie n'est pas en reste. Exemples l' Hôtel Amour ouvert dans le 9ème arrondissement de Paris ou, plus discret mais non moins peint de couleurs suggestives, la "Villa Royale", du même arrondissement, le Five dans le 5ème, toujours à Paris.
La B.D. pour sa part utilise depuis longtemps l'image érotique et le livre coquin remplit les rayons "Enfer" de la Bibliothèque Nationale. Les librairies de gare regorgent d'ouvrages où le mot cru (dû souvent, désormais, à une plume féminine) remplace les euphémismes d'hier.
Faisant figure d'ancien, le Musée de l'Erotisme à Paris (Bd de Clichy,18ème) présente quant à lui toutes sortes de tableaux et objets liés au désir.
On peut se poser une question par rapport à cette débauche (!) d'offres suggestives ou explicites : ne va-t-elle pas tuer le délicieux parfum de l'interdit au profit d'un érotisme de masse, plus hard, quasi-pornographique ?
A moins que ce soit l'inverse : l'érotisme soft s'inspirant de pratiques ancestrales décomplexées (cf. les bacchanales) peut-il barrer la route à une pornographie de masse qui enverrait dans les cordes par K.O. le joli dieu Amour ?
A vous d'en juger...
