Expériences sensorielles : un grand rouge dans le noir... C'est à Paris près des Halles !

Le vin, tout le monde connaît. Mais qui a déjà tenté de se boucher le nez et d'absorber quelque chose, liquide ou solide, sans rien sentir du tout ? C'est par ces travaux pratiques que débute une séance, dans le salon du sous-sol où règne une lumière douce. Un côté ludique destiné à dissocier le regard du goût. Et là tout de suite, privé de l'odorat mais pas encore de la vue, on se sent déjà moins sûr de ses connaissances. On doute : ce truc jaune, c'est du citron ou de la banane ? Et le violet, c'est amer ou salé ?

« Le goût est au centre de la connaissance du vin » dit Marie-Pierre Barry (une « admiratrice du vin », comme elle se définit elle-même), qui anime les séances de dégustation, avec Christophe Garnier, expert en œnologie.

Elle met tout de suite les participants à l'aise en expliquant qu'il faut d'abord éveiller le goût pour avoir une base de culture sensorielle afin d'appendre ensuite le vin. Pour cela, il ne faut pas avoir peur de se tromper, dire ce qu'on ressent, essayer de trouver l'image du fruit, de la fleur, de la matière auquel ce goût bizarre fait penser.

La culture sensorielle est quelque chose de très peu valorisé dans notre société et ce type d'expérience en fait une admirable démonstration.

Après 40 minutes de préparation pédagogique (avec un petit quiz rigolo), voici le moment attendu : pénétrer dans un lieu qu'on ne verra pas, en se laissant guider jusqu'à un siège par la main d'un serveur non-voyant qui avertit : « attention, il y a 4 verres devant vous ».

Noir total. Premier geste : s'approprier à tâtons son propre espace sur la table en repérant les verres déjà remplis. On va les goûter un par un, de gauche à droite, en tentant d'approcher avec les papilles ce que Marie-Pierre appelle le « toucher » du goût (velours, soie, du rugueux …).

« L'odorat est capital dans le plaisir de la dégustation ». L'expérience est saisissante : on n'oublie pas qu'on est dans le noir, mais on s'habitue. En revanche, on comprend brutalement qu'on est handicapés du nez !

C'est en cela que l'idée de déguster des vins dans le noir est doublement intéressante : on apprend à goûter vraiment le vin et on comprend que le monde des handicapés est aussi le nôtre.

D'ailleurs j'oubliais, tellement l'expérience bannit la frontière entre « normaux » et «handicapés», la charmante et chaleureuse Marie-Pierre est « déficiente visuelle ».

Texte  : Evelyne Simonnet.

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Séances de dégustation chaque jeudi et samedi à 17h30 à 19 h
Dans le Noir ?
51 rue Quincampoix – 75004 Paris
49 € pour une séance, 134 € pour 3 et 436 € pour 8 séances.

Première dégustation : le samedi 27 mars 2010.
Programme : les goût et les couleurs ; le nez du vin ; la vigne ; la vinification : les terroirs ; les bulles ; les liquoreux.
Nombre de places limitées : 8 à 20 personnes par séance.
Réservation obligatoire : 01 42 77 98 04
resa@danslenoir.com