Le Redoutable, sous-marin nucléaire lanceur d'engins, a quitté Brest le 28 janvier 1972 pour une première mission qui sera suivie de beaucoup d'autres (51 en tout). Il repose désormais à Cherbourg, à la Cité de la Mer, où nous avons choisi de vous emmener à l'occasion de ce 40ème anniversaire. Ce n'est pas tous les jours qu'on a l'occasion d'explorer les couloirs et les machines d'un sous-marin nucléaire, encore moins d'y dîner dans sa cafeteria. Claire en France vous fait donc profiter de ces instants magiques où vous êtes transportés dans un autre monde fait de tuyaux, d'écrans, de câbles électriques, d'instruments divers, avec d'autres règles, d'autres odeurs aussi. Quand, cerise sur le gâteau, c'est en compagnie du Président de la Cité de la Mer, Bernard Cauvin, qui abrite le sous-marin prêté par la Marine Nationale, l'invitation ne se refuse pas... Découverte en images...
Photos : Guy Riboreau ©
Un sous-marin nucléaire, c'est une arme redoutable basée sur le principe de la dissuasion: "Je suis puissamment armé, tu ne sais pas où je me cache et je peux t'anéantir si tu m'attaques..." C'est le message politique et militaire à la fois que le Général de Gaulle a tenu à faire passer le 29 mars 1967 lorsqu'il a appuyé sur le bouton vert commandant le lancement, à Cherbourg, du premier sous-marin lanceur d'engins français (SNLE).
Admis au service actif fin 1971 après ses essais en mer, basé à l'Ile Longue à Brest, il a fait sa première patrouille le 28 janvier de l'année suivante, a accompli 51 patrouilles, et passé 3469 journées en mer avant d'être retiré du service actif le 13 décembre 1991.
128, 70 mètres de longueur par 10,60 de large et 10 mètres de tirant d'eau, 8080 tonnes en surface qui deviennent 9000 en plongée (jusqu'à plus de 250 mètres de profondeur), ce monstre hébergeait 135 hommes dont 15 officiers pour des missions de 60 à 74 jours sans revoir la surface, à une vitesse maximale de 20 noeuds (environ 36 km/heure), quand il n'était pas tapi quelque part, silencieux et à l'écoute, prêt à intervenir sur ordre du Président de la République...
Deux équipages, un rouge et un bleu, se sont succédé à bord pendant tout le service actif du Redoutable .
Désarmé, dénucléarisé, il a rejoint le 4 juillet 2000 (10 ans déjà) une darse spécialement aménagée pour lui et vidée ensuite de son eau le long de la Gare Maritime Transatlantique et de ce qui allait devenir la Cité de la Mer.
Il offre désormais au visiteur le témoignage de ce qu'ont été les premiers sous-marins nucléires lanceurs d'engins, leur mode de propulsion, leurs systèmes d'armes, les conditions de vie à bord. Suivez le guide...
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Après avoir descendu une passerelle métallique, le visiteur arrive par babord arrière où une porte d'accès à été aménagée à la place d'un sas de secours. Avant de pénétrer à bord, il aura pu admirer l'hélice, énorme, aux pales élégantes.
Dès l'entrée, deux constatations s'imposent : c'est un indescriptible fouillis, de tuyaux, de câbles, de vannes, de manomètres, vu-mètres, compteurs, boitiers de commande.
Seconde constatation: l'odeur ou plutôt un mélange d'odeurs des différents fluides (huiles notamment) utilisés pour faire fonctionner les systèmes. Les sous-mariniers disent qu'ils s'y habituent vite et qu'ils oublient ces odeurs qui frappent le visiteur...
Puisque nous sommes entrés par babord arrière, le circuit aménagé pour la visite nous fait admirer l'arbre d'hélice, avec son presse-étoupe, entouré par les 2 axes des barres de plongée arrière (ci-dessous).
En se retournant, vue sur le bloc des turbines du compartiment propulsion. C'est de la vapeur sèche qui circulait à très haute température dans les énormes conduites ignifugées blanches.
Cadrans, manettes, c'est une usine électrique et de production de vapeur que nous parcourons. Mais c'est aussi une usine de production d'oxygène qui permettait d'extraire l'oxygène de l'eau de mer et de le répartir dans tout le sous-marin. L'air vicié était recyclé par décarbonatisation .
C'est également une usine de dessalement d'eau de mer. (écrans de contrôle ci-dessous)
L'ensemble des systèmes de production de vapeur était contrôlé au niveau de ce pupitre. La manette rouge servait à réguler l'arrivée de vapeur aux turbines et donc la vitesse du sous-marin.
L'énergie pour alimenter le système de propulsion et les différentes "usines" venait du réacteur nucléaire.
Le réacteur était situé juste après dans un espace de 8 mètres désormais vide. Il était de type "à eau pressurisée" et alimentait 2 turbines à vapeur développant une puissance de 16 000 chevaux. L'autonomie était d'environ 5000 nautiques (9260 km).
Passé cet espace, nous arrivons dans celui qui constitue la première raison d'être du sous-marin nucléaire : le stockage et les systèmes de mise à feu des missiles.
C'est l'espace le plus vaste du sous-marin. L'équipage pouvait y faire un peu de sport.
Le Redoutable était équipé de 16 missiles balistiques comportant, chacun, de une à six têtes nucléaires. Chaque missile d'une portée de plus de 3000 km est comparable à une fusée Ariane avec une propulsion au propergol solide. Puissance de feu de l'ensemble : 50 fois supérieure à la bombe d'Hiroshima... Dissuasif, on vous a dit !
Mais pour qu'une mise à feu puisse être envisagée, il fallait :
1/ recevoir l'ordre sous forme de message codé envoyé par le Président de la République, 2/ que le Commandant du sous-marin entre son propre code dans le système de commande, 3/ que le Commandant en second en fasse de même.
Ensuite il s'agissait de programmer le tir en tenant compte de la position exacte du sous-marin et de la cible à atteindre. Les systèmes très gourmands en électricité comportait des centrales inertielles, des calculateurs pour la trajectoire,
Une table traçante permettait d'enregistrer en continu la position du sous-marin et des engins ou navires qui pouvaient éventuellement l'entourer.
Les 16 missiles de 10 mètres de haut par 1,50 de diamètre étaient stockés dans de gros tubes verticaux sur presque toute la hauteur du sous-marin qui, dans sa partie centrale comporte 3 niveaux.
Pendant la préparation du tir, les hommes d'équipage pouvaient communiquer par ces porte-voix de cuivre. Le système est ancien mais toujours aussi efficace...
Quand tout était prêt pour le tir (après une quarantaine de minutes), les portes supérieures des tubes étaient ouvertes, le missile éjecté par une puissante bulle d'air conprimé et sa mise à feu n'intervenait qu'au dessus de la surface de la mer. Les 20 tonnes de chaque missile étaient alors propulsées à quelque 15 000 km/heure vers sa cible...
Passé ce long corridor des tubes lance-missiles, le visiteur arrive au PCNO, le Poste Central Navigation Opérations. On y trouve les 2 périscopes, l'un pour la veille, l'autre pour l'attaque, ce dernier réservé au Commandant...
On s'arrête devant les pupitres et commandes qui permettent de piloter le sous-marin, de veiller à sa sécurité, d'ordonner un tir de missile, d'écouter grâce aux Sonar un bâtiment de surface à 100 km de là...
Ci-dessous, le poste de pilotage.
Arrivés à ce stade de la visite, nous avons sérieusement progressé vers l'avant et nous entrons dans le lieu de vie des sous-mariniers. Contigu au PCNO, lui permettant d'intervenir à tout moment, se trouve la chambre du Commandant, le seul à disposer d'une cabine individuelle.
Viennent ensuite les cabines des officiers, deux par chambre
et celles de l'équipage : 12 par chambre avec des couchettes (appelées "banettes") sur 3 niveaux. Heureusement qu'existe le système de 'quarts" (8 heures de travail, 8 heures de sommeil, 8 heures pour le reste)...
Autour des cabines et au dessus de "l'hôpital" où un médecin, un anesthésiste et un infirmier se tenaient toujours prêts à intervenir, on trouve la cuisine et sa cambuse pour le stockage des vivres, et la cafétéria, tout à la fois, réfectoire, salle de jeux, salle de projection...
A côté le Carré des officiers avec son coin salle à manger et son coin salon
Autour de ces lieux de vie, des accès aux douches, toilettes, stockages divers, chambres froides, avant de pénétrer dans la chambre des torrpilles tout à l'avant du sous-marin...
C'est qu'il convient de se protéger d'attaques ennemies éventuelles. Le Redoutable disposait donc de torpilles filoguidées d'une portée de 15 km et d'un missile Exocet pouvant atteindre une cible à 50 km.
Tube de lancement
Avant de quitter le bord par une porte babord avant, le visiteur pourra jeter un oeil à la structure du bâtiment : une double coque qui permet de loger les ballasts nécessaires à la plongée.
Il reste qu'un retour en arrière vers la cafétéria est toujours possible quand, par chance, on y est invité à dîner ce soir là... La Cité de la Mer en effet peut louer cet espace pour une occsaion particulière...
Textes et photos : Guy Riboreau ©
Vous aussi vous pouvez visiter le Redoutable :
CITE DE LA MER, Gare Maritime Transtlantique
Cherbourg-Octeville
Pour en savoir plus sur Le Redoutable :
http://www.netmarine.net/bat/smarins/redoutab/index.htm
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