A la barre sur la Mayenne

Bateau-maison (houseboat), pénichette, vedette, bateau sans permis… les appellations sont variées avec un dénominateur commun : le tourisme fluvial. A chacun son style d'embarcations : look de yacht miniature ou profil bateau de pêche ? Allure croisière dans les îles ou ballade pépère ? Avec lit double ou lits simples, pour 4, 6 ou 12 personnes ? micro-onde, TV dernier cri ?... Selon le degré de confort désiré et le budget, tous les loueurs proposent une gamme variée de bateaux de plaisance à moteur  pour naviguer, sans permis, sur les rivières et canaux de France (et d'ailleurs).

La Mayenne, telle qu'on ne la connaît pas

Ce qui compte d'abord, c'est de savoir où aller et...pourquoi !
Où ? Sur la rivière Mayenne dans le département éponyme.
Pourquoi ? Parce qu'on n'attend pas à la queue-leu-leu 3 à 5 heures, voire plus, pour passer une écluse, comme c'est le cas sur les canaux très fréquentés du sud de la France. Parce que le département de la Mayenne, c'est une campagne douce, faite de vallons ponctués de haies et de bosquets généreux, de prairies à l'échelle de vaches immobiles, de champs dont on pourrait faire le tour, parce que la rivière est belle et tranquille, bordée d'arbres d'où émergent parfois de discrets manoirs habités. Parce que les anciens moulins rencontrés parlent du temps pas si lointain où la Mayenne était un axe commercial important entre Laval et Angers.

Certains moulins sont transformés en chambre d'hôtes, d'autres attendent encore une deuxième vie. La Mayenne, ce n'est pas un « spot » à la mode, et c'est justement ce qui en fait tout son charme authentique.

Embarquement avec Les Canalous

Rendez-vous à Daon (prononcez Dan, sous peine de passer pour un béotien), à 30 km de Laval. Soit vous y arrivez en voiture, soit depuis la gare SNCF, en taxi ou en bus. Le service existe aussi depuis Angers. A Daon, où se trouve l'une des 15 bases des «Canalous » (du nom des anciens bateliers du canal), loueur et constructeur de bateaux fluviaux depuis près de 30 ans. Le bateau vous attend;   vous l'avez réservé, pour 2 à 12 personnes, pour ½ journée ou plusieurs semaines. La flotte sans cesse rénovée se compose de 3 catégories : budget, classique et premium (plus une adaptée aux fauteuils roulants).

Embarquement sur le Michaël, un modèle « classique : 13 mètres, poste de pilotage intérieur et extérieur, une couchette, une simple, une banquette transformable, cuisine équipée, salle d'eau, etc... Et tout aussi important, les cartes de navigation où les ponts, les moulins, les pontons d'amarrage et bien sûr les écluses sont signalés comme autant de points de repères, indispensables pour savoir où l'on se trouve.

Piloter un bateau sans permis, est-ce bien raisonnable ?

Sans permis préalable certes, mais avec une initiation obligatoire avant de lever l'ancre (qui n'existe pas, c'est un volant). Une petite heure pour apprendre comment démarrer le moteur, moduler la vitesse, stabiliser le bateau, s'amarrer où l'on veut en plantant des piquets, où à un ponton, comment faire le plein d'eau (pour le carburant pas de problème, le bateau est livré avec au moins 2 semaines d'autonomie), vider la chasse, lire les panneaux de navigation, etc. Avant de partir un « permis provisoire » vous est remis attestant que vous avez passé avec succès les épreuves théoriques. Reste la pratique !

 Les barres blanches horizontales permettent de comprendre de loin que l'écluse est fermée et qu'il faut signaler l'arrivée du bateau par un petit coup de sirène

A la barre

J'aimerais pouvoir me vanter d'un exploit, mais honnêtement, ce n'est pas très difficile : le bateau se pilote comme une voiture, la vitesse de 6 km/h maximum ne permet pas de faire des folies, ni des erreurs graves. Le plus difficile est de composer avec les vents de travers et l'inertie du bateau : le temps de réponse aux mouvements de la barre est lent et gare aux mouvements brusques. Tout est dans la douceur et l'appréciation des distances.

Pas trop difficile la manœuvre dans le sas de l'écluse... surtout sous l'œil vigilant du « chien-qui-a-peur-de-l'eau » 

Pour entrer dans l'écluse, qui est l'épreuve qui demande le plus de doigté, car le sas est très étroit : ralentir à 3 Km/H, se positionner bien au milieu et aussitôt dedans, stabiliser le bateau (marche arrière puis point mort) et comme il faut bien que l'équipage travaille aussi, les petites mains peuvent saisir les cordes qui pendent dans le sas pour aider à ce que le bateau reste parallèle. Mais si jamais il touche les bords, ce n'est pas grave : les pare-battage, le long de la coque sont faits pour amortir les chocs.

Navigation tranquille

A ce rythme-là, vous vous faites doubler crânement par un cycliste qui pédale pourtant tranquillement sur l'ancien chemin de halage bordant la rivière (il y a en 85 km en Mayenne fréquentés par les amoureux de la marche et du vélo). Et alors ? Ce n'est pas une course, sinon à la lenteur, à l'apprentissage du temps qui passe. Car oui, cela s'apprend, ce n'est pas si simple, pour celui qui ne pilote pas, de se laisser vivre, bercé par le ron-ron tranquille du moteur, de glisser dans le paysage jusqu'à en faire partie...
Le tourisme fluvial, ce n'est seulement une façon originale de prendre de vraies vacances reposantes, c'est goûter à un mode de vie nomade, serein, silencieux, où ce qui risque de vous déranger le plus, c'est un envol de colverts ou de hérons… Et passer des écluses, c'est tout de même plus original que de passer un péage !

Halte à Château-Gontier

La troisième ville du département est riche d'un patrimoine architectural allant du Moyen-âge au XVIIe siècle : ses jolies maisons de guingois défient le temps, ses ruelles, passages et petites places sont fleuries avec goût.

D'ailleurs, Château-Gontier est très régulièrement récompensée par des prix nationaux de fleurissement, dont le très convoité « Fleur d'Or », attribué à 9 villes seulement chaque année. Une balade historique vous mènera immanquablement au monument phare de la ville : l'église Saint-Jean-Baptiste du XIe siècle. Sa sobriété romane, sa crypte, aux colonnes de grès massives s'accordent bien avec le sentiment qui se dégage de cette ville : apprêtée sans ostentation. Tout comme le jardin médiéval, et tout à côté le jardin des senteurs, sont aussi des lieux paisibles où l'on peut se reposer sur des bancs en lattes de châtaigniers tressés. Près de la source naturelle sont dressés des « hôtels à insectes », petites constructions destinées à favoriser la biodiversité. La simplicité n'empêche pas de porter une réelle attention aux choses et aux gens : c'est exactement le sentiment que dégage la Mayenne.

Château-Gontier fait partie des 100 villes qui selon le Michelin méritent le détour.

. A lire " Les 100 plus beaux détours de France."

Comité départemental du tourisme :  www.tourisme-mayenne.com

Location de bateau sans permis, à partir de 115 euros la demi journée,190 la journée environ 1 500 euros pour une semaine en haute saison. Réductions quasi permanentes.

Les Canalous – le port – 53200 Daon
Tél. 02 43 06 90 31
www.canalous-mayenne.com