Ils ressemblent à des clochers d'église mais n'ont rien de religieux. Les nombreux beffrois situés dans le nord de la France ont été édifiés pour marquer la puissance économique des villes au Moyen-Age. Leur origine remonte au XIe siècle. Les beffrois, terme issu du vieux-francique signifiant "donjon", avaient à l'époque de multiples fonctions : sentinelle, salles de réunion, salles des coffres, prisons... Ils sont désormais principalement intégrés aux hôtels de ville comme à Lille, Arras, Douai ou Bergues. Celui de Béthune renait après des mois de travaux. Allez le (re)découvrir !
Reportage : Claire Vuillemin
En juillet 2021, le beffroi de Béthune dévoilait enfin sa silhouette après des mois de travaux. La girouette "Beffy le dragon" retrouvait son perchoir. On pouvait enfin revoir l'horloge et tout simplement lire l'heure! Tout le monde était impatient de retrouver cette tour emblématique qui trône au centre de la Grand'Place depuis le XIV siècle.
Inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l'UNESCO, le beffroi de Béthune a résisté aux épreuves du temps même s'il a été partiellement endommagé lors de la Première Guerre mondiale. Un peu plus d'un an de travaux et près d'un million d'euros auront été nécessaires à sa restauration. Il y a longtemps, une halle médiévale était accolée au beffroi. Aujourd'hui, il est isolé sur la Grand'Place. Tel un phare, il rythme la vie de la cité et reste le point de rendez-vous idéal...
L'origine des beffrois remonte au XIe siècle, alors que certaines communes avaient obtenu leur indépendance vis-à-vis des seigneurs. Un mouvement parfois soutenu par le roi, en vue d'affaiblir certains nobles rivaux. Les villes libres, administrées par des marchands, avaient choisi de bâtir de grands édifices pour affirmer leur pouvoir et leur autonomie, et rivaliser avec les clochers des cités féodales et les hautes tours des châteaux forts.
Le beffroi de Béthune fait partie des 23 beffrois français reconnus par l'Unesco.
Le beffroi et la Grand'Place avec ses maisons à l'architecture régionaliste et Art déco
Photo : Béthune-Bruay Tourisme
Une "renaissance" pour deux sites : le beffroi de la Grand'Place à Béthune et la Cité des Electriciens à Bruay-La Buissière. Comme on le voit sur cette carte, les deux lieux sont très proches l'un de l'autre.
Béthune et Bruay-La Buissière
Autre curiosité du coin : La Cité des Electriciens à Bruay-La-Buissière.
"Cité des électriciens", pourquoi ce nom?
Pour se familiariser avec le coin, il faut connaitre le terme "coron". Les corons sont les quartiers formés par les habitations, identiques et disposées de façon régulière, construites pour les mineurs par les compagnies houillères, dans le nord de la France et le sud de la Belgique. Ils sont construits sous la IIIème République, une période marquée par le progrès et l'essor industriel. On aime alors mettre en avant les acteurs du progrès, inventeurs et ingénieurs dans toutes sortes de domaines. Dans la cité, on donne donc aux rues les noms de ceux qui ont fait progresser le domaine de l'électricité : Ampère, Marconi, Faraday, Branly, Gramme, Edison ou encore Laplace. Au fil du temps on appelle l'endroit la "Cité des électriciens".
Ce site unique appartenant au bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l'Unesco, propose plusieurs visites guidées et ateliers famille, pour découvrir la vie au temps des mineurs et explorer ses jardins, à l'occasion des Journées Européennes du Patrimoine 2021 les 18 et 19 septembre.
Pour ma part, j'ai beaucoup apprécié ma visite à la Cité des Electriciens. Déjà, j'ai appris quelques mots du vocabulaire minier, les termes galibot et chevalement entre autres...
Galibot : nom d'origine Picarde donné aux enfants employés aux travaux souterrains dans les mines du Nord et du Pas-de-Calais. Apprenti mineur de moins de 18 ans il travaillait sur les chantiers, aidait le mineur en apportant le matériel.
Chevalement : c'est une structure en bois, en métal ou en béton servant à descendre et remonter les mineurs, ainsi que le minerai, via une cage d'ascenseur. Il supporte les molettes sur lesquelles passent les câbles de la machine d'extraction.
Cité des Électriciens - Bruay-La-Buissière
Photo Antéale
Puis le lieu, ces maisonnettes en briques rouges. La brique du Nord reste le trait d'union de tous les paysages, en ville comme dans les campagnes. Elle est extraite de terres argileuses de plus en plus pures à mesure que l'on s'éloigne de la côte. Elle aura résisté à toutes les époques et à toutes les modes, tantôt couleur jaune ou rubis. Des fortifications de Vauban aux corons en passant par les beffrois et les usines, c'est elle qui donne ses vraies couleurs au Nord.
Valoriser le passé tout en se tournant vers l'avenir, c'est le souhait de la Cité des Electriciens. Une renaissance là encore. C'est l'histoire des mines et de ces familles qui vivaient les unes à côté des autres au plus près des exploitations de charbon.
Construite à partir de 1856, la Cité des électriciens est la plus ancienne cité du pays minier. La Compagnie des Mines de Bruay construit un ensemble de maisons pour loger les paysans venus travailler à la fosse N°1. Le village qui ne compte alors que 750 habitants, va tripler sa population en quelques années. Les terrils que l'on voit au loin, sont la signature de l'activité du pays minier par leur forme conique et leur grisaille.
La rue principale de Bruay est bordée, d'un côté par les maisons hautes et confortables réservées aux contremaitres et, de l'autre, par les barreaux d'habitations des corons des mineurs de fond.
Ces dernières ont été construites à l'image des habitations traditionnelles rurales de la région. Elles sont petites et n'ont pas l'eau courante mais ont une cave pour stocker le charbon alloué par la Compagnie minière pour faire la cuisine. Les maisons, toutes identiques comprennent une pièce unique au rez-de-chaussée et des chambres sous les toits. Les murs de briques et de torchis sont tous revêtus d'un enduit de couleur bleue. Elles ont toutes un lopin de terre à cultiver et un appentis qui sert selon les besoins de poulailler, de latrines et de débarras (un "carin"). Les jardins et vergers attenants aux habitations sont essentiels pour les mineurs qui, pour vivre, partagent leur vie entre le fond de la mine et le jardinage.
La Cité a bien cherché à faire parler ses murs, mais ils n'ont pas tout dit... Alors, elle lance un appel à tous ceux qui y ont connu de près ou de loin l'une des 43 maisons du site pour aller puiser dans leurs souvenirs. De ces témoignages, si précieux, naîtra une exposition à découvrir dès novembre 2021.
Cité des Électriciens - Bruay-La-Buissière
Photo : Antéale
reservations@citedeselectriciens.fr
https://citedeselectriciens.fr/
A proximité de Béthune :
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