Châtellerault : le beau théâtre Blossac

Le nord de la Vienne regorge de sites remarquables. C'est le cas de Châtellerault qui a hérité d'un patrimoine immobilier intéressant lié à une économie locale prospère basée sur l'industrie (Manufacture d'armes, notamment). L'Histoire aussi y a laissé bien des empreintes comme l'église du Couvent des Minimes transformée en un superbe théâtre à l'italienne après  des années d'abandon.  

 

Reportage texte et photos : Guy Riboreau ©

 

 

Un peu d'histoire

 

Le 10 juin 1495 Jean d'Armagnac et son épouse, Yollande de la Haye, fondent le Couvent des Frères Minimes doté d'une église. Celle-ci s'avère vite trop petite compte-tenu de l'affluence des paroissiens. Elle est donc remplacée par une église plus grande au début du XVIe siècle. La peste sévit alors et les frères au nombre de douze prodiguent soins, nourriture et prières aux malades.. 

Comme si les ravages de la peste ne suffisaient pas, les Guerres de religions amènent les Huguenots à piller et incendier le couvent. Il fallut que le "bon roi" Henri IV, en 1606, octroie des subsides pour permettre sa reconstruction au moins partielle. 

 

Mais les vocations se font rares et au XVIIIe siècle les Minimes ne sont plus qu'une demi-douzaine. La Révolution arrive et les lieux de culte sont fermés, à Châtellerault comme ailleurs. La municipalité achète le couvent  devenu Bien National en 1791. Ses espaces sont transformés en lieux de réunions, de dépôt à grains pour l'armée, de salle des fêtes.

 

 

Au début du XIXe siècle, l'église devient salle de spectacle avec son amphithéâtre et ses gradins. En 1844, c'est un vrai théâtre qui sera transformé en théâtre à l'italienne en 1899.

 

Une réussite architecturale

 

Châtellerault est devenue prospère grâce à ses industries, la Manufacture d'armes notamment. La Ville organise des spectacles dans ce qui sera, pendant une bonne partie du XIXe siècle le seul lieu pour les fêtes et la projection de films. L'architecte Louis Renaudet avait déjà réaménagé la salle en 1822. Son fils Louis reprenant l'oeuvre du père  élargissant la partie centrale de l'église, conforte les aménagements de ce qui deviendra un véritable théâtre à l'italienne à la fin du XIXe. Deux artistes Emile Vernon et Edouard d'Espélosin contribueront à faire de cette salle un vrai chef-doeuvre de décoration. Le premier signe  la coupole peinte représentant une voûte céleste où apparaissent des dieux émergeant des nuages.

 

La salle vue du "poulailler" avec son lustre et sa coupole peinte

 

Emile Vernon est également l'auteur de la partie centrale du rideau de scène avec la Vienne et le pont Henti IV. 

 

 

 

Edouard d'Espélosin, quant à lui, réalise les sculptures en staff, les masques et les trophées d'instruments de musique des balcons ; les cartouches "Republique française" sur les deux loges d'avant-scène et surtout, la muse ailée qui domine la salle au sommet du cadre de scène, où l'on peut observer la signature d'Espélosin..

 

 

 

 

                    Accès au parterre                                     Loges

 

La première moitié du XXe verra se succèder sur scène pièces de boulevard et comédies légères à défaut des grands classiques peu appréciés du public de l'époque. Le théâtre fermera à la fin des années 1970 et sera laissé à l'abandon pendant une trentaine d'années.

Les chatelleraudais finirent par s'émouvoir de ne plus pouvoir disposer de leur théâtre. Une réouverture fut demandée mais les lieux avaient bien besoin d'une rénovation. Elle fut menée de 2011 à décembre 2013. Décors de 1899 ravivés avec leurs moulures dorées, machinerie d'époque revisitée, éclairage repensé, confort et sécurité revus pour tenir compte des exigences actuelles... De nombreux corps de métiers ont contribué à cette réhabilitation.

 

La salle vue de la scène

 

La scène avec un décor de sous-bois

 

Les décors sont désormais montés sur chassis, des fils reliés à des tambours, permettent leurs changements. La maquette du système scénique montre bien sa complexité.

 

Maquette du système scénique 

 

 

Le vestibule


 

A lire : 

Châtellerault Le théâtre Blossac " (Éditions Le festin) par Jean-Pierre Petit et Virginie Tostain. Collection " Visages du patrimoine en Nouvelle-Aquitaine ". 8 €. Diffusion Office de tourisme, Les 3T, librairies de la ville et du Grand Châtellerault. .

 

Théâtre Blossac

80 boulevard Blossac, Châtellerault

Visites : 05.49.21.05.47

Créé le : 27/04/2019 - Mise à jour : 05/08/2019
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