Les Puces, un monde à découvrir aux portes de Paris

Vaste bric-à-brac, les Puces de Saint-Ouen, au nord de Paris, sont le royaume de l'objet. On y trouve de tout à tous les prix, pour tous les goûts. Un monde hors du temps à découvrir.

Les Puces de Saint-Ouen est le quatrième lieu le plus fréquenté en France, après Disneyland, le Louvre et la Tour Eiffel. Avec 2 500 marchands répartis sur sept hectares, un chiffre d'affaire de 400 millions d'euros, c'est le plus grand marché du monde de l'antiquité. Contrairement à l'idée que tout est cher, il y en a pour toutes les bourses, dans tous les domaines : vêtements, bibelots, tableaux, meubles...

 Reportage (texte et photos) : André Degon ©

 

Déballage rue des Rosiers

 

 

Savoir "chiner", selon l'expression consacrée, c'est d'abord se lever tôt pour aller au déballage. On appelle ça « au cul du camion. » Préférer l'argent liquide - la carte de crédit n'est pas dans les mentalités -. Avoir l'œil : c'est le moins facile. Il faut savoir isoler l'objet convoité, l'imaginer chez soi et ne marchander que si l'on est vraiment intéressé. Attention à ne pas proposer un prix farfelu, le marchand n'est pas stupide, il verra tout de suite à qui il a affaire. Eviter de proposer la moitié du prix demandé ! Par contre 20 à 30 % peut se concevoir. Ne jamais avoir l'air intéressé par l'objet que l'on convoite. Muni de ces recommandations, on peut s'aventurer aux Puces de Saint-Ouen, Porte de Clignancourt, dans le nord-ouest parisien.

 

 

Marchands déballant "au cul du camion"

 

 


Tout commence sous le boulevard périphérique, sur le « Plateau ». C'est là que l'on rencontre d'abord les petits, ceux qui déballent à même le sol, dans les vapeurs des pots d'échappement et dont le rêve est de traverser, d'aller en face et d'investir la rue des Rosiers, les Champs-Elysées des Puces, la colonne vertébrale à laquelle sont rattachés les quatorze marchés de Saint-Ouen*. A l'entrée à droite, Vernaison est le premier marché que découvre le promeneur. C'est aussi le plus ancien. Tel que l'on se l'imagine, il a gardé son cachet, avec ses maisonnettes accolées les unes aux autres. C'est l'esprit village.

 

Stand Boulevard des écritures, marché Vernaison

 

Le moins cher des marchés. On trouve des bijoux fantaisie, des galons, des tissus, du linge de grand-mère, des petits meubles. En face, Malassis est récent, couvert sur deux étages, dédié aux années 30 et 50. On est dans le domaine des antiquaires-décorateurs. Au-dessus, Dauphine, plus vaste, date de 1991. Moderne, il s'étend sur deux niveaux. Mélange d'atmosphères dans lequel on trouve du très bon et du pas cher. On peut y dénicher un buffet Haute-époque ou des textes de la Tora sans oublier les collections de corsets. Au premier étage, l'incontournable carré des libraires jouxte quatre artisans d'art, restaurateurs en tableaux, bois dorés, faïence, ébénisterie.

 

Galerie Cristo rue Paul-Bert

 

 

 

Un peu plus loin sur la droite, Biron créé en 1925 s'est développé rapidement dans les années 30. Des écrivains ou des poètes comme Colette ou André Breton venaient y chiner. Surnommé le faubourg Saint-Honoré des Puces, Biron c'est la Rolls des marchés : luxe et dorures, gens de bonne compagnie avec un côté un peu Bling-bling. Dans l'allée découverte on trouve de la marchandise haut de gamme totalement restaurée : meubles XVIIIe, XIXe, luminaires, miroirs, bronzes dorés ; dans l'allée, couverte, on est moins ostentatoire, plus Maison française.

 

 

Deux marchands en négociation au marché Serpette

 

Marché Paul-Bert. On trouve beaucoup de stands "déco" aux Puces

 


Paul-Bert et Serpette sont les locomotives des Puces. C'est dans ces deux marchés contigus que se créent les tendances. Dans une ambiance feutrée, les allées couvertes de Serpette regorgent de mobilier mis en valeur comme dans des décors de théâtre. Gérard Mizel, Gégé pour les intimes, a commencé comme « broc » il y a dix-huit ans. Cet ancien dessinateur industriel a appris le métier sur le tas. « On est dans une société de consommation, les gens achètent le look. Toutes les pièces anciennes que je vends sont axées sur la décoration. » Alors pensez, quand des Jacques Garcia, Alberto Pinto ou Philippe Starck débarquent, les marchands sont tous au garde-à-vous devant leurs stands.

 

En sortant de Paul-Bert, en face, le Margarita ne paye pas de mine, et, derrière le comptoir, Achène Boukerroui se souvient d'un bon client qu'il rencontrait souvent : « Ah il était pas fier Monsieur Serrault. Avec sa femme, il venait le samedi manger le couscous. Si c'est pas malheureux. Il achetait de la peinture à Serpette. Un grand chineur. C'est comme Yves Lecoq qu'on voit souvent. Il vient pour son château. On voit aussi Mireille Darc, elle vient à Serpette pour décorer sa maison du midi. »

 

Un peu plus loin, le marché Jules-Vallès est le bonheur de toutes les bourses, les prix sont doux. On peut chiner sans frime, des objets insolites, on trouve de tout. Dans ce vrai capharnaüm, les objets sont « dans leur jus ». Pour les fouilleurs, les amateurs de récup' : un vaste bric-à-brac. C'est ca les Puces, un lieu hors du temps avec des personnages hors du commun, attachants parce qu'ils vivent leur passion, un gigantesque grenier, comme quand on était petit.


André Degon

 

Les marchés


- Les Puces traditionnelles : les marchés Vernaison et Jules-Vallès et le marché Malik pour l'habillement.
- Les Puces tendance : les marchés Paul-Bert et Serpette et le marché des Rosiers.
- Les Puces de luxe : les marchés Biron, Antica et Cambo.
- Les petits nouveaux : les marchés Malassis et Dauphine (le plus vaste), Le Passage, l'Entrepôt, L'usine (réservé aux professionnels).
- Les rues « pucières » (rues Jules-Vallès, Lécuyer, Paul-Bert, Voltaire...impasse Simon).
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Un peu d'histoire


En 1884, le préfet Poubelle impose aux Parisiens de mettre leurs ordures dans des réceptacles, au grand dam des chiffonniers. Dans la foulée, les « biffins » sont rejetés de la ville et s'installent sur les « fortifs » (Bicêtre, Vanves, Montreuil, Saint-Ouen). La « zone » devient « biffinville », un ensemble hétéroclite de baraques en planches. Saint-Ouen, les cabanes de marchands plus le petit vin blanc produit sur place attirent les Parisiens qui viennent s'encanailler dans les guinguettes le week-end. En 1885, nait officiellement le marché aux Puces. Désormais, les Puciers doivent s'acquitter d'un droit de stationnement pour déballer.
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Pour en savoir plus :


- Info Puces (antenne office de tourisme), 7, Impasse Simon, 93400 Saint-Ouen. Tel. : 01 58 61 22 90. www.st-ouen-tourisme.com. L'office organise des visites guidées. Pour information : 01 40 11 77 36.
- En octobre, ne pas manquer la manifestation Puces en fête
- Association marché aux puces, site : www.marcheauxpuces-saintouen.com.
- Ouverture : samedi, dimanche et lundi de 10h à 18h.
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Comment y aller :


Métro : Porte de Clignancourt (ligne 4), Garibaldi (ligne13).
Bus : 56, 60, 85, 95, 137, 166, 255, PC3.
Voiture : Porte de Clignancourt. Parkings 110 et 142 rue des Rosiers.
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Où manger :


- La chope des Puces, 122 rue des Rosiers, 93400 Saint-Ouen. Tel. : 01 40 11 28 80. Dans ce temple du jazz manouche racheté et agrandi par Marcel Campion et où à joué Django Reinhardt, Ninine et Mondine Garcia ainsi que leurs amis perpétuent la tradition les samedis et dimanches à 14h. Entrecôte-frite à 19 euros.

 

La Chope des puces, Ninine et Mondine Garcia


- Café Paul-Bert, 20, rue Paul-Bert, 93400 Saint-Ouen. Tel. : 01 40 11 90 28. Cette brasserie qui existe depuis 1958 travaille dans la tradition : blanquette de volaille, rosbif purée, tête de veau. Le plat : de 9 à 12 euros. A noter une superbe carte de chocolats chauds à l'ancienne avec assiettes gourmandes.

 



 

Créé le : 20/02/2014 - Mise à jour : 10/03/2014
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