La Maison Tassinari et Chatel fabrique des soieries pour ameublement. C'est une des plus anciennes entreprises en activité dans ce domaine si particulier. Dans un des ateliers situé tout près de Lyon, capitale française de la soierie, une équipe de tisserands travaillent toujours sur des métiers à bras traditionnels. Dans un autre atelier, plus moderne, la Maison s'est dotée des outils les plus performants. Entre tradition et nouvelles technologies, l'entreprise est fière d'avoir traversé les siècles en préservant son savoir-faire. Elle existe en effet depuis 1680...
Photos Claire Vuillemin ©
Quand Bertrand Demailly, Directeur de la Maison Tassinari et Chatel m'a accueillie dans ses ateliers, il rentrait tout juste d'Italie où il avait participé avec quelques membres de son équipe à un salon de fabriquants de tissus d'ameublement haut de gamme.
Une soirie, réalisée par Tassinari et Chatel, qui recouvre les murs du bureau de Mme Bruni Sarkozy à l'Elysée
Haut de gamme : la Maison Tassinari et Chatel en fait sa marque de fabrique depuis le 18e siècle. Perfection est le maître mot de cette entreprise qui aujourd'hui compte 38 salariés. Perfection et exigeance : "Inimaginable pour nous de dire non à un client, même s'il nous demande de réaliser un tissu à priori irréalisable ! " précise Bertrand Demailly, maître des lieux depuis onze ans, un passionné des tissus depuis son enfance. "C'est une sorte de défi permanent, défi dans la technologie, dans le produit, dans le commercial... On travaille sur mesure, à chaque fois".
Le tisserand (Meilleur Ouvrier de France), sur son métier à bras, confectionnait ce jour là un broché : des bordures pour la chambre de Louis XVI à Versailles. Un "16 couleurs" soit 44.000 cartons à lire pour faire un panneau. La seule énergie, sans compter celle des muscles, est celle qui alimente l'ampoule électrique... tout est manuel, à base de cordes et de contre poids : on avance à raison de 8 à 15 cm par jour...
Exclusivité, sur mesure : le savoir-faire de la Maison se perpétue depuis trois siècles. Ses commandes émanent du monde entier. "Nous devons beaucoup à Camille Pernon qui a été un des portes drapeaux de la soierie lyonnaise dans la seconde moitié du 18e siècle" raconte Bertrand Demailly. A l'époque en effet, il n'y avait pas de distinction entre les tissus d'ameublement et les tissus destinés à confectionner des habits. Marie-Antoinette, Joséphine ou l'Impératrice Eugénie pouvaient porter des robes en brocart...
"Nous étions considérés au 18e comme étant les créateurs des plus beaux tissus du monde". Catherine de Russie, le roi de Roumanie ou celui d'Espagne ne s'y sont d'ailleurs pas trompés : ils ont fait appel à Camille Pernon pour passer commande. Sous Louis XVI et Napoléon 1er, Pernon travaille avec des artistes de renom comme Philippe de La Salle ou J.D. Dugourc. On sait par exemple que le tissu mural de la chambre du roi Louis XVI a été livré à Compiègne en 1786. On en connait même le prix : 57 039 livres de l'époque...
Broché, brocart, damas, lampas, velours de Gênes (photo ci-dessous) : la Maison est à même de confectionner toutes sortes de tissus. Une gageure... Bertrand Demailly me montre même du "vrai fil chenillé de soie" : un fil de soie entouré d'un tissu découpé en très, très fines lamelles. "Nous devons être une des dernières maisons à travailler avec ce type de fil aujourd'hui" précise-t-il.
Quand il a été question de restaurer le carrosse de l'ambassadeur du Vatican ou Portugal, les autorités ont fait appel aux compétences de la Maison. "On refait à l'identique, ce qui ne veut pas dire que l'on refait avec les mêmes techniques que celles d'antan". Pourtant, certains tissus ne peuvent être réalisés que sur des métiers à bras, comme le velours de Gênes...
L'Empire donnera tout son éclat à la Maison. Puis, alors que les Cours royales disparaîtront peu à peu, la Haute Couture prendra le relais. Follot, Suzanne Lalique ou Dufy signeront à leur tour de somptueuses soieries.
Aujourd'hui, les commandes sont celles de restaurateurs de châteaux, de décorateurs d'hôtels de luxe ou de palais... Exemples : le velours du trône de Juan Carlos à Madrid, les tentures du salon jaune de la Maison Blanche à Washington...
La Maison Tassinari et Chatel possède une collection unique d'archives qui couvrent trois siècles de décoration française (plus de cent mille pièces).
La Maison Tassinari et Chatel est présente à l'Exposition universelle de Shanghai, au sein du Pavillon Rhône-Alpes où les tissus des sièges et des fauteuils du salon des personnalités sont sortis de ses ateliers.
Bertrand Demailly poursuit donc l'oeuvre de ses prédécesseurs en sachant que le succès de son entreprise repose en grande partie sur l'incomparable savoir-faire de ses tisserands. Respectueux de leur travail, il les a emmenés un jour à Versailles pour leur montrer comment la restauration d'un site prestigieux met en valeur leurs travaux.
Une jolie façon de les récompenser pour un chef d'entreprise qui tient à saluer le talent de ces artisans d'art.
Texte et photos : Claire Vuillemin ©
Tassinari et Chatel
Mr Bertrand Demailly
Rue Gambetta, 42360 Panissières
Tél 33 4 77 28 66 55 Fax 33 4 77 28 76 75
Site : http://www.tassinari-chatel.com/
La ligne de partage des eaux en Ardèche et ses oeuvres d'art Vins de Montlouis / L'Eco-Musée d'Alsace à Ungersheim (Haut-Rhin) : traditions architecturales et fêtes en tous genres / Vibrante Bilbao / Le temps d'un week-end ou d'un court séjour, Tours mérite bien une escapade / Séjour week-end à Honfleur / Truffe au vent en Pays Cathare / Visite d'un sous-marin nucléaire : Le Redoutable, c'est à Cherbourg, CITE DE LA MER / La Cité de la Mer à Cherbourg : pour apprendre et se divertir / Savoir-faire et faire-savoir
Claire en France aime bien recevoir vos avis et suggestions. N' hésitez pas ! Le formulaire de contact et les espaces commentaires sont là pour cela