La cerise dans tous ses états

Claire en France qui a décidément la pêche vous emmène dans les coteaux du Lyonnais découvrir le parcours du bigarreau et un savoir-faire très spécifique. Cette aimable cerise se décline en plusieurs variétés et elle est présente sur nos marchés de mai à juillet nous offrant ses couleurs, ses rondeurs et ses arômes tantôt acidulés, tantôt sucrés, quand ce n'est pas les deux à la fois. Mais quel parcours avant de se retrouver dans nos assiettes ! Un parcours en quatre étapes très rapprochées, une course contre la montre que nous avons suivie avec l'aide d'Interfel, une association interprofessionnelle agricole qui regroupe les métiers des fruits et légumes frais. Il y a là un vrai savoir-faire !

 

Reportage (texte et photos) : Guy Riboreau ©

 

 

Tout commence dans les arbres. Ils produisent quelque 35 000 tonnes de cerises chaque année en France. La petite cerise est fragile. Si l'on veut qu'elle nous arrive croquante, bien ronde, saine et goûteuse, il faut faire vite. Avant même son murissement, il faut la prendre en charge, vérifier qu'elle ne sera pas attaquée par la mouche de la cerise. A tout hasard, des pièges sont suspendus aux arbres. La méthode a du bon : la mouche s'y colle et cela évite des traitements phytosanitaires…

 

                  Piège à mouches   -    Cerise éclatée, impropre à la commercialisation

 

Les conditions climatiques, froid, vent, pluie, peuvent affecter le petit fruit, retarder son murissement comme en 2013, ou le faire éclater. Trop d'humidité entraine le pourrissement du fruit. Le producteur doit être vigilant, vérifier jour après jour l'état de son verger, savoir à quel moment il pourra récolter avec ses équipes mobilisables très rapidement

 

 

Christophe Blanc, producteur de fruits à Soucieu-en-Jarrest. 4 hectares de son exploitation sont consacrés à la cerise avec un rendement annuel moyen de 30 tonnes. Le fruit est généralement non traité et il est récolté soit tôt le matin à la main, soit dans l'après-midi, puis, après un tri sommaire, mis dans des cagettes. 

 

 


 Il faut faire vite. Les cagettes du matin sont livrées vers 11h30 à une coopérative, la SICOLY, située à moins de 5km du verger ; celles de l'après-midi arrivent vers 18h00.

 

Guy Verguin, Président de la Coopérative SICOLY, lui même producteur de cerises


A ce stade, les cagettes vont passer une première épreuve, celle de l'agréage doublée d'une fiche de traçabilité. Puis ce sera la douche froide à 3° dans un tunnel pour les laver, les raffermir avant de subir l'épreuve de la sélection par couleur, diamètre, poids, dans un système de détection de ces paramètres

 

Tunnel de la douche froide


Un système très élaboré de rails coulissants emmène les cerises vers une caméra de détection des caractéristiques de chaque fruit. L'informatique est omni-présente. Les cerises jugées non-conformes par le système et les feuilles sont envoyées dans un bac de récupération dont le contenu sera lui-même trié ; les fruits jugés propres à la consommation seront ensuite utilisés pour la fabrication de confitures.

 

 

 

 

Puis les fruits jugés de bonne qualité sont dirigés vers une première salle de conditionnement. Nouveaux contrôles, manuels cette fois permettant ensuite de charger les cerises dans des cagettes de 10 kg qui seront empilées  sur des palettes.

 

 

 

 


Pendant ce temps, dans une seconde salle de conditionnement, des barquettes d'un kilo sont remplies des précieux fruits.

 

 

Le temps de procéder à l'expédition vers le marché de gros, les palettes sont déposées en chambre froide.

 

 

Vers 4 heures du matin le camion réfrigéré de la SIcoly chargé de cerises arrive au Marché de Gros de Lyon-Corbas, le deuxième par importance après celui de Rungis, .devant ceux de Lille et de Strasbourg. Ce M.I.N. (Marché d'Intérêt National) s'étend sur 90 hectares et traite chaque année quelque 300 000 tonnes de fruits et légumes frais pour plus de 2000 clients... C'est un maillon indispensable dans le circuit que ces produits suivent avant 'arriver dans votre assiette.

 

 

Les cagettes de la SICOLY sont aussitôt déchargées, examinées, et à nouveau soumises à l'agréage.

 

Là encore l'informatique est omniprésente pour enregistrer la source, les quantités, la conformité. C'est un employé d'une société de négoce de fruits et légumes frais – ici la société Jourdan et Marze qui procède à l'agréage.

 

 

 

Le gérant de la société, Mr. Gilles Tommasi, accueille ses clients et règle la ballet des vendeurs, acheteurs et manutentionnaires.

 

 

 

Car les clients sont déjà là, examinant les différents produits proposés, discutant éventuellement le prix avant de se décider. Ils sont fournisseurs de restaurants, cuisiniers, livreurs de commerces de détail, commerçants ambulants qui, leurs achats réalisés, iront s''installer sur les marchés de la région.

 


 

 

Au centre du dispositif, une console informatique permet au vendeur de noter toutes les quantités vendues, leur prix, les coordonnées de l'acheteur, la date. C'est le régne de l'offre et de la demande qui détermine le cours de chaque produit.

Car il n'y a pas que les cerises sur le "carreau" de l'opérateur. Une bonne partie de tout ce qui est fruits et légumes frais produits en France ou ailleurs dans le monde, se retrouve à un moment ou un autre sur le "carreau" d'un M.I.N.. Pommes normandes, pêches françaises ou espagnoles, agrumes, légumes de toutes sortes, ananas du Cameroun, mangues du Mexique, cèpes de Dordogne mais aussi curieux champignons  de forme cylindrique venus de Corée...

 

    

 

 

 Plusieurs fois par semaine, les mêmes acheteurs vont le déplacement, très tôt le matin, pour dénicher les bons produits au meilleur cours. Parmi eux, Mohamed Tabet, vice-président du SIMAL, le Syndicat interprofessionnel des marché alimentaires du Lyonnais, lui même commerçant sur divers marchés dont celui de Villeurbanne où nous l'avons rencontré. Il y tient son stand de primeurs avec son épouse et leurs enfants viennent leur donner un coup de main le week-end.  Il s'approvisionne au Marché de Gros chaque mercredi et vendredi à 4h00 du matin. En saison il peut écouler ainsi quelque 500 kg de cerises en une semaine ! 

 

 

 

C'est lui - avec ses confrères également soucieux de vous proposer des produits de qualité - qui vous permet, en fin de parcours,  de trouver les savoureuses cerises des coteaux du Lyonnais, charnues et  gouteuses à souhait. Un régal pour les papilles !


 

 

 

FEL pour "fruits et légumes", une production d'environ 9 millions de tonnes chaque année (hors pommes de terre). Interfel rassemble et représente les métiers de l'ensemble de la filière fruits et légumes frais.  Cette association bénéficie d'une aide de l'Union Européenne.

 

 

Créé le : 10/07/2013 - Mise à jour : 17/07/2013
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