Joan Miró sculpteur au Musée Maillol
On n'avait pas vu les sculptures de Joan Miró à Paris depuis plusieurs décennies. La dernière fois, c'était au Grand Palais en 1974. Une raison de plus pour se précipiter au Musée Maillol. Miró sculpteur ? Une exposition éblouissante, ludique, insolente, une vraie découverte pour ceux qui, de l'artiste catalan, ne connaissent que les peintures. Les cent cinquante-deux oeuvres présentées (dont vingt-deux céramiques, sublimes, réalisées avec Josep Llorens Artigas) proviennent, pour la plupart, de la Fondation Maeght.
A voir jusqu'au 31 juillet 2011.
Marianne Lohse
Jeune fille s'évadant, bronze peint, 1968
Commissaire de l'exposition, Isabelle Maeght, la petite- fille d'Aimé, dit de Miró qu'elle a connu enfant (il travaillait alors, pour la Fondation de Saint- Paul- de- Vence, à un jardin de sculptures et de céramiques monumentales, le fameux Labyrinthe) « qu'il lui a appris à graver un cactus, à observer un galet. Et qu'il s'émerveillait de tout et de rien. Il affirmait d'ailleurs lui-même: un bout de fil peut me déclencher un monde».
Porte III, bronze, 1974
Dans les années trente, en plein mouvement Dada et Surréaliste, le peintre expérimente la sculpture d'assemblage. En 1941, en découvrant la céramique, avec Artigas, il se confronte au mystère du feu. Aimé Maeght, l'ami de toujours, le poussera à aborder le bronze.
Personnage, bronze, 1970
A ne pas rater : le film tourné dans l'atelier de fonderie Clementi, à Meudon, et projeté Musée Maillol. Où l'on voit Miró accoupler avec une jouissance évidente une branche d'arbre écorcée, une plaque, un embauchoir, un chou. Miró avait pour habitude de récolter des objets insignifiants, hors d'usage et sans prix. Immortalisés dans le bronze, ces objets de rebut, ces « presque riens», deviennent des chefs d'œuvre. D'étranges créatures naissent ainsi comme « Jeune fille s'évadant »(1968) ou «Femme et oiseau»(1973).
Courge, céramique,1956
Puissance et agressivité plastiques dominent avec l'imposante Constellation (1972). Dites d'inspiration «mythique», d'autres sculptures presque totémiques, aux volumes massifs (voir les maquettes de l'Oiseau lunaire) semblent surgies d'une imagination sans limites. « Ce que je fais en peinture est plus conventionnel » ira jusqu'à dire Miró.
Oiseaux dans le soleil, encre de Chine, lavis d'encre de Chine, aquarelle et gouache,1977
Marianne Lohse
Musée Maillol, 61 rue de Grenelle 75007 Paris. Jusqu'au 31 juillet 2011
Voir le reportage de Claire Vuillemin à la Fondation Maeght à Saint Paul de Vence
