Elle méritait bien un beau musée, Camille. Dans cette jolie ville de Nogent sur Seine et dans la maison où elle a vécu trois ans, de 1876 à 1879, affirmant son désir de devenir artiste au contact du sculpteur Alfred Boucher qui soupçonnait son futur talent. La maison aujourd'hui ne constitue qu'une aile du vaste musée. Mais c'est là, en dépit de l'opposition de sa mère mais avec l'appui paternel, que Camille Claudel a commencé à modeler la glaise Là où sa vocation s'est dessinée au point que la jeune fille a convaincu ses parents de déménager pour la banlieue parisienne (Wassy) puis pour Paris où elle pourra suivre l'enseignement d'Alfred Boucher. Il fallait, à Nogent sur Seine, réaménager la maison des Claudel, l'agrandir pour en faire l'écrin des oeuvres de Camille et la vitrine des grands sculpteurs de la fin du XIXe siècle. On y retrouve pas moins de 45 oeuvres de l'élève de Boucher puis de Rodin et quelque 150 sculptures représentatives de cette époque : Boucher, Dubois, Bourdelle, Rodin, Chapu et d'autres...
Reportage (texte et photos) : Guy Riboreau ©
Nogent sur Seine est, à la fin du siècle, une ville de sculpteurs. Boucher, Dubois, Ramuz sont nogentais. La ville a inspiré Gustave Flaubert pour "L'Education sentimentale", les plans d'eau alentour offrent des cadres sympathiques pour les artistes tandis que l'architecture locale, maisons à pans de bois, demeures élégantes, crée une atmosphère propice à la création.
Alfred Boucher ayant dû quitter Paris pour la Villa Médicis, c'est à l'atelier d'Auguste Rodin que Camille poursuit son éducation artistique. Rodin est séduit par le talent et la fougue de la jeune femme. Elle a 19 ans; il en a 43. D'élève, Camille devient amie puis maîtresse du sculpteur qui vit pourtant depuis plus de 20 ans avec son ancien modèle, Rose Beuret .
Pendant une dizaine d'années, Rodin et Camille vont vivre un amour passionné. Rodin, fasciné par Camille, lui consacre plusieurs portraits.
Auguste Rodin : portrait de Camille Claudel; dit "aux cheveux courts".
Plâtre patiné. Vers 1884
Camille, à son tour, représente son mentor et amant.
Camille Claudel : buste d'Auguste Rodin, 1888-1889, bronze
Les deux artistes ne cessent de créer, l'un inspirant l'autre. Rodin avait été séduit par ce portrait d'une vieille femme, la première oeuvre de Camille exposée au Salon des artistes français en 1882 :
Camille Claudel : La vieille Hélène ou vieille femme, 1881-1882,
terre cuite 1885
Rodin associe Camille comme "praticienne" à plusieurs de ses créations (Les Bourgeois de Calais, La Porte de l'Enfer, Le Baiser...). Il lui communique son savoir et ils se partagent conseils et matériaux.
Camille travaille beaucoup. Son art évolue entre naturalisme et symbolisme.
Elle puise son inspiration dans le monde qui l'entoure : son frère Paul devenu dramaturge, des scènes de la vie quotidienne, le nu féminin, des personnages mythologiques.
Camille Claudel : Mon frère ou jeune Romain, vers 1884, bronze
Camille Claudel : Giganti ou tête de brigand, vers 1885, bronze
La mythologie indienne et la légende de Sakountala, fille d'une Apsara et d'un prince descendant de Cousika inspire la jeune sculptrice.
Camille Claudel : Sakountala 1888
Cette année 1888 voit Camille et Auguste s'installer pour travailler seuls boulevard d'Italie à Paris. Mais leurs relations, paradoxalement se distendent. Camille demande en effet à Auguste de l'épouser ce qu'il refuse. De violentes scènes de jalousie s'ensuivent. La jeune femme devient de plus en plus possessive. Ils finiront par rompre en 1892. Une façon également, pour Camille, de s'affranchir de la dépendance artistique vis à vis du sculpteur.
A partir de ce moment, Camille tente d'exister artistiquement par elle-même, refusant toute aide d'Auguste.
Camille Claudel : L'implorante, vers 1894, bronze
Camille Claudel : Rêve au coin du feu, vers 1899, bronze et marbre
En 1899, l'état de santé mentale de Camille se dégrade et elle vit quasiment recluse dans l'appartement de l'ile Saint-Louis où elle s'était installée. Sa dépression l'amène à cesser toute création et même à vouloir détruire ses oeuvres. Son médecin diagnostique une psychose qui s'aggrave. Elle se croit persécutée par "la bande à Rodin". Décision est prise de l'interner dans le Val de Marne. En septembre 1914, la guerre amène son transfert dans le Vaucluse à l'asile de Montdevergues où elle mourra le 19 octobre 1943.
Est-ce en souvenir du visage de Camille que Rodin sculpta La France ?
Auguste Rodin : La France, 1902-1902, bronze
Outre les oeuvres de Camille Claudel, le Musée présente un superbe éventail de la sculpture française de la fin du XIXe jusqu'à la Première Guerre Mondiale. A commencer par Alfred Boucher, le découvreur de Camille Claudel.
Alfred Boucher : Les ondines ou les nymphes de la Seine, 1899
Edition en grès émaillé par la Manufacture nationale de Sèvres, 1900
Alfred Boucher : A la terre, plâtre patiné, vers 1891 -
Jeune fille lisant, 1879 ou 1882,
plâtre patiné dédicacé à Camille Claudel
Antoine Bourdelle : L'Aurore, 1894 - Le Crépuscule ,1895, bronze
Paul Dubois : statue équestre de Jeanne d'Arc, plâtre, 1889
Paul Dubois : chanteur florentin du XVe siècle,
1865, bronze
Henri Allouard : Loin du monde,
marbre gris bleuté et marbre blanc, 1894.
représentant Héloise, femme d'Abelard
Fidèle dépositaire des témoignages d'une époque où l'oeuvre sculptée était populaire, le Musée Camille Claudel se veut aussi lieu de sensibilisation et de formation aux techniques de la sculpture et de la reproduction en bronze. Si la salle 11 du musée abrite les oeuvres de Camille, la salle 2 est consacrée à ces techniques, aux procédés et méthodes permettant aux différents acteurs d'assurer leurs rôles respectifs dans la création d'une oeuvre sculptée. Des ateliers pour scolaires et adultes complétent l'offre de formation.
En outre, des programmes de visite thématique, des conférences et des lectures de textes sont proposés aux visiteurs.
Musée Camille Claudel
10 rue Gustave Flaubert
10400 Nogent sur Seine
T. 33 (0) 3 25 25 51 70
Web : museecamilleclaudel.fr
Parmi les partenaires du Musée Camille Claudel on trouve le Champagne Chassenay d'Arce
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