Le Musée Christian Dior à Granville (Manche) : le bal des artistes

Retrouver en Normandie, à Granville, au fil des expositions, la maison d'enfance de Christian Dior, c'est retrouver les racines, les codes du grand couturier. Devenue musée, la belle villa bourgeoise construite par un armateur, à la fin du XIXème siècle, séduit chaque année davantage, comme si l'Association "Présence de Christian Dior" qui l'anime approchait, au plus près, non seulement le travail, la personnalité d'un créateur exceptionnel mais aussi le bouillonnement culturel d'une époque.

 

 Christian Dior. Maquette de costume dessiné pour Le Lit à colonnes, 1942. Crayon, encre et aquarelle sur papier, 31,2 x 21,2 cm. Granville, musée Christian Dior. © musée Christian Dior


 


 La villa Les Rhumbs se dresse sur une falaise, face aux îles anglo-normandes. Son nom, un terme de marine, évoque la rose des vents. Lorsque les Dior l'acquièrent, en 1905, la prospérité est là : la famille fabrique des produits à base de matières premières importées du Pérou tel le guano ou d'Afrique comme le phosphate. Christian, très proche de sa mère, l'élégante Madeleine, reçoit une éducation raffinée. A vingt ans, le jeune homme partage sa vie entre Granville et la capitale où il se lie avec le compositeur Henri Sauguet. Commence alors dans le Paris des années folles une existence trépidante qu'évoque la passionnante exposition « Dior, le bal des artistes».Christian Dior rêve d'être architecte, peintre. Ou musicien. Il sera galeriste. Avant de vendre ses croquis de mode (son père est ruiné) à Lelong ou au Figaro. Et d'ouvrir sa maison de couture, en décembre 1946.

 

Pavel Tchelitcheff. La Conversation, sans date. Aquarelle et gouache sur papier, 31 x 22 cm.
Granville, musée Christian Dior. © musée Christian Dior/ Éric Quesnel

 

 

Commissaire générale, Florence Müller a conçu en deux temps l'exposition scénographiée par Frédéric Beauclair. Un premier temps évoque l'activité des deux galeries Jacques Bonjean et Pierre Colle dont Christian Dior est l'associé, de 1928 à 1934. Des œuvres de Max Jacob, de Léonor Fini (il l'expose, en 1932), Raoul Dufy, Giorgio de Chirico, Salvador Dali ou Christian Bérard (qui croquera le fameux tailleur Bar de la collection New Look), sont confrontées à des vêtements d'Elsa Schiaparelli, Jeanne Lanvin, Paul Poiret, à des costumes dessinés par Léon Bakst pour les Ballets Russes.

Le décloisonnement entre l'art et la mode se révèle ainsi de façon éclatante. Le parcours de l'exposition illustre, dans un deuxième temps, la mue du galeriste en couturier, ses liens approfondis avec les peintres, les photographes, les écrivains, les poètes, les musiciens, les décorateurs de ses années de jeunesse. Sa curiosité insatiable, aussi.

 

Robe Braque. Collection Christian Dior A/H 1949/1950. D.R.

 

 

La visite est fascinante. Quelques unes des robes présentées sont sublimes :  la robe «Fête d'autrefois» symbolisant la ligne A (printemps-été 1955), la robe «Palladio»,évoquant la colonne d'un temple gréco- romain (printemps-été 1992), la tenue Arlequin (hiver 2007), inspirée, bien sûr, de Picasso. Emouvante, aussi, parce que chargée de nostalgie, la reconstitution de la boutique «Colifichets» de 1947, avenue Montaigne, avec sa toile de Jouy, ses cartons à chapeaux, ses flacons de parfum.


Marianne Lohse

 


Musée et jardin Christian Dior, Villa Les Rhumbs, rue d'Estouteville, 50400 Granville. Tel : 02 33 61 48 21 Ouvert tous les jours, sans interruption, de 10 heures à 18heures 30. Exposition : jusqu'au 25 septembre 2011.


En parallèle et toujours à Granville, l'exposition « Christian Bérard l'enchanteur», au Musée d'art moderne Richard Anacréon (jusqu'au 31 août 2011) permet de découvrir l'œuvre de cet ami de Christian Dior, un artiste singulier, acteur majeur de la vie parisienne, à la fois illustrateur, peintre et décorateur. Exceptionnel : près de 40 dessins de décors et costumes de théâtre prêtés par la Bibliothèque Nationale et des collectionneurs privés.

 

 

 Christian Bérard , Les Comédiens, 1943. Huile sur toile, collection Galerie L'Arc en Seine, © Adagp, Paris 2011

 

 

 

Willy Maywald : Photographie de Christian Bérard et Edwige Feuillère en essayage chez Karinska pour l'Aigle à Deux têtes, 1946, © Adagp, Paris 2011

 

Musée d'art moderne Richard Anacréon

Place de l'Isthme, 50400 Granville Tel : 02 33 51 02 94
 

Créé le : 27/06/2011 - Mise à jour : 27/06/2011
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