Joan Miro à la Fondation Maeght

Photo : Claire Vuillemi©

Face à l'horizon, une imposante "Fourche" en fer et en bronze se dresse et vient rappeler la révolte des paysans durant la guerre d'Espagne.

Les oeuvres de l'extérieur, nombreuses, appartiennent au "Labyrinthe", un parcours créé à partir des années 1960 par Miro.

Une sorte de ligne blanche peinte par Miro quelques jours avant l'ouverture de la Fondation un peu comme le fil d'Ariane qui va guider le visiteur jusqu'au Minotaure au fond du Labyrinthe...

Sur près de deux hectares, la Fondation Maeght est un havre de paix et de verdure sur les hauts de Saint Paul de Vence.

"La caresse d'un oiseau", Joan Miro. 1967. Bronze peint

photo : Claire Vuillemin ©

En 1948, l'artiste Joan Miro rencontre le galeriste et marchand Aimé Maeght. C'est le début d'un longue amitié avec la famille Maeght.

Une amitié que l'on découvre à travers cette exposition "Miro en son jardin" qui met en avant deux cent cinquante oeuvres de l'artiste catalan.

"On a voulu cette exposition très pleine" explique Isabelle Maeght, commissaire de l'exposition et petite fille d'Aimé Maeght qui m'accompagne dans cette magnifique propriété.

Tous les arts abordés par Miro sont en effet représentés ici : gravure, dessin, sculpture, peinture, lithographie, céramique... Miro multipliera ses champs d'investigation, ses sources d'inspiration jusqu'au plus loin que la vie lui permettra... Il vivra jusqu'à 90 ans.

"C'est l'extraordinaire diversité des sources d'inspiration de Miro que j'ai voulu mettre en avant" poursuit Isabelle Maeght. L'artiste espagnol est ici chez lui, il y passait deux mois pendant l'été.

"J'ai voulu montrer cette complicité entre l'artiste et ma famille et ma manière d'aimer Miro en tant qu'artiste bien sûr mais aussi en tant qu'homme : montrer aussi sa puissance de travail... quand vous voyez des tableaux sur près de trois mètres qu'il a fait à plus de 80 ans, c'est extraordinaire"

L'histoire de la propriété, superbe, est étonnante. En fait, les grands-parents d'Isabelle Maeght achètent ce terrain en 1948, car un de leur fils est malade. Il doit être au grand air. C'est un lieu de repos, une pinède parsemés d'anémones, d'artichauts, de roses où il fait bon se promener... Malheureusement le petit garçon décède.

"Mes grands-parents sont alors effondrés" m'explique Isabelle Maeght. Ils décident alors de se retirer sur la colline et de ne plus rien faire.

Des artistes viennent leur rendre visite et les "secouent" en leur proposant de réaliser quelque chose qui soit plus grand et plus fort que leur douleur : un lieu où il pourrait exposer leurs oeuvres.

Les artistes s'appellent Braque, Léger, Miro... Giacometti viendra un peu plus tard. La fondation nait ainsi : de ce que voulait les artistes, une salle vaste et claire avec une lumière constante et la nature, tout autour.

L'architecte, catalan lui aussi, est le meilleur ami de Miro : c'est Josep Lluis Sert.

"Grâce à cette alliance entre le coté entreprenant de mon grand-père et de Malraux qui l' encourage, lui et les artistes, l'endroit devient un lieu d'exposition et de transmission.

Moi je suis la 3ème génération, l'idée est toujours de transmettre notre amour pour l'art". poursuit Isabelle Maeght.

La nature est omniprésente. La Fondation a été construite en respectant la nature existante. Les murs tournent littéralement autour des arbres...

"Le Lézard" (1963)

photo : Claire Vuillemin

Cette ligne donne du caractère à l'ensemble architectural de la Fondation. Grâce à cette ligne, les murs font eux aussi partie des oeuvres d'art...

Le soir, quand les cigales interrompent leurs craquètements, laissez vous bercer par le murmure des fontaines...

Pour poursuivre la magie, chez vous, vous pouvez écouter "Le blues for Miro" de Duke Ellington : le rythme a été dicté par les cigales...

Fondation Marguerite et Aimé Maeght,

Saint Paul (Alpes Maritimes) : à 22km de Grasse, 18 km d'Antibes, 21 km de Nice

 
http://www.fondation-maeght.com/