Le contraste ne peut être que saisissant : un château à l'architecture Renaissance élégante et des portes de prison. Certes, le monument historique de Gaillon .n'est pas le seul en France à avoir accueilli des détenus. Mais c'est bien le seul à avoir connu une telle opposition dans sa destination. De plus, le lieux a servi également d'asile d'aliénés ! Les archevêques de Rouen qui avaient transformé un castrum médiéval en palais somptueux ont dû se retrourner dans leurs tombes quand, après la Révolution, l'Etat a racheté le vaste bâtiment pour un faire un centre de détention. pour hommes, femmes, enfants et des "fous"... Le livre de Marc Renneville nous conte l'histoire mouvementée et dramatique de ce château/prison avec de superbes photos
Photographies : Guillaume de Laubier (sauf mention spéciale)
Compte-rendu de lecture : Guy Riboreau
Comment imaginer que, dans un tel cadre, des êtres humains aient été détenus dans des conditons plus que difficiles ?
Photo : © Château Gaillon - Agglomération Seine-Eure
La Justice française au XIXe siècle n'était pas tendre pour les condamnés, même mineurs, ayant enfreint la loi ne serait-ce que légèrement. Le simple vagabondage était durement puni. Et c'était surtout les pauvres, ceux démunis de tout ou presque qui en souffraient. Les prisons, centres de détention et de correction, en étaient pleines. Le château de Gaillon devenu prison le 3 janvier 1812, avec ses caves et oubliettes transformées en cellules, constituait alors un centre pratique pour loger tous ceux qu'on voulait réprimer. De 1816 à 1925 ce sont près de 37600 hommes, 5000 femmes, 14000 mineurs et quelques centaines de malades mentaux (les "fous" à l'époque) qui ont vécu au "château" dans des conditions trop souvent épouvantables.
P 66 Enfant en cellule écrivant sur un mur -
L'assiette au Beurre, 13 fevrier 1909, n°411.
Éditions de La Martinière
Pages.28-29. Portraits de détenus dangereux. Anonyme, 1846.
© Criminocorpus (Maurice Alhoy et Maurice Lurine, " Les prisons de Paris. Histoire, types, moeurs, mystères ", Paris, G. Havard, 1846)
Éditions de La Martinière
P 30 Porte de détention donnant accès au parterre de l'ancienne orangerie.
Éditions de La Martinière
P.64. Rare feuille de route d'une femme libérée de Gaillon.
© Château Gaillon - Agglomération Seine-Eure
Éditions de La Martinière
P.41. Porte ouvrant sur la grande cave voûtée de l'aile de la Grant Maison
Éditions de La Martinière
Les auteurs
Marc Renneville est historien, directeur de recherche au CNRS et directeur de la plateforme Criminocorpus. Auteur de nombreux livres, il a fouillé les archives concernant le château et les textes sur la criminalité, les prisons, les maladies mentales, la façon dont l'Etat a fait face aux délits et aux crimes.Notamment au XIXe siècle. C'est une histoire très documentée et passionnante.
Guillaume de Laubier, photographe, travaille pour les plus grands magazines d'Art et de décoration. Il a contribué à de nombreux ouvrages, notamment aux Editions de la Martinière. Ses photos du Château sont superbes
Un point d'histoire
A mi-distance des Andelys et de Vernon, arrosé par la Seine, le site de Gaillon était d'un intérêt stratégique pour les rois de France et d'Angleterre qui se disputaient la Normandie. C'est à partir de la vieille forteresse de Gaillon que Philippe Auguste a dirigé le siège de Château Gaillard en 1203. Près de 60 ans plus tard (en 1262), Louis IX (pas encore Saint Louis) cède Gaillon par contrat à l'archevêque de Rouen, Eudes Rigaud. Il faudra attendre la reddition de Rouen en 1419 puis la fin de la guerre de Cent ans en 1454 pour que le nouvel archvêque de Rouen, Guillaume d'Estouteville relève le château de ses ruines en le convertissant en une résidence d'agrément; Mais c'est son successeur, Georges d'Amboise revenant d'Italie où il a accompagné son roi Louis XII qui fait du château le foyer de la première Renaissance française entre 1498 et 1510.
P.16-17. Vue de la cour intérieure du château.
A gauche, le pavillon d'entrée, à droite, l'aile d'Estouteville
Éditions de La Martinière
Le château somptueux, enrichi au XVIIe siècle d'une orangerie par Jules Hardouin-Mansard et d'un parc tracé par Le Nôtre. accueille les souverains : Louis XII, Charles IX,(1564), Henri III ((1584), Louis XIV qui y séjournera deux fois (1650 et 1655), Louis XVI (1786), La Révolution met fin à cette glorieuse période. Le château est transformé en bien national. Sa disparition est envisagée mais son rachat par l'Etat et sa nouvelle vocation qui lui est alors attribuée de Centre pénitencier le sauvent de la destruction totale.
Aujourd'hui, les restaurations successives grâce à un ambitieux programme "Gaillon Renaissances" au titre de Monument Historique piloté par l'Agglomération Seine-Eure en lien avec l'Etat lui permettent de retrouver progressivement l'élégance de son architecture.
P.10. Une vue du château de Gaillon
Éditions de La Martinière
Editions de la Martinière (Groupe)
Paris
Site : https://www.editionsdelamartiniere.fr/
Château de Gaillon
2 allée de l'ermitage 27600 GAILLON
02 32 53 86 40
info@chateaudegaillon.fr
Site : https://chateaudegaillon.fr/
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