Au détour de la librairie : choses à lire...

"Mémoires de Balthus", d'Alain Vircondelet, Editions Le Rocher Poche; Une plongée intimiste dans l'univers de ce grand peintre. Où l'on découvre sa quête inlassable. du beau, de la pureté, alimentée par une foi de charbonnier dans la religon catholique. Où l'on suit  son parcours personnel, son enfance dans les années 20 entre sa mère Baladine, le poète  Rainer Maria Rilke, ses amitiés avec les artistes et écrivains de l'époque d'Artaud à Giacometti, de Derain à Picasso, de Saint-Exupéry à Camus. Balthus se raconte avec pudeur dans ces entretiens accordés pendant deux ans à Alain Vircondelet qui a su les rapporter dans une langue parfaitement maîtrisée. Un livre incontournable pour qui s'intéresse à la peinture.et à son histoire.

 

 

"Flamboyant Second Empire !" de Xavier Mauduit, Editions Armand Colin. Avec l'aide de Corinne Ergasse, l'auteur nous dépeint une France qui se modernise à grande vitesse sous l'impulsion de Napoléon III. Paris se sort du Moyen Age avec le baron Haussmann qui ouvre la ville à la lumière, le duc de Morny contribue à la mode des lieux de villégiature en créant Deauville, Offenbach donne ses lettres de noblesse à l'opéra-bouffe, Nadar développe les procédés photographiques de Niepce et de Daguerre, le développement des sciences et techniques donne un essor à l'industrie, les "Fourneaux économiques" prédécesseurs des "Restos du coeur" aident les indigents à passer l'hiver, les "salles d'asile", crèches avant l'heure, ne se contentent plus d'accueillir  les enfants mais contribuent à leur éducation tandis que Victor Duruy, ministre de l'Instruction publique, modernise l'enseignement supérieur... Le livre ne fait pas l'impasse sur les faiblesses du régime, ses dépenses somptuaires et son autoritarisme. Mais il a le mérite de souligner ce qu'on doit à cette période passablement agitée de l'Histoire de France.

 

 

 

"Toussaint Canival" de Francis Bailly, Editions L'Harmattan. C'est l'histoire d'un citoyen normand du village de Guiseniers pendant la Révolution. Il recueille les doléances de ses concitoyens, va les défendre à Paris devant les Etats Généraux. C'est un notable, maître-toilier (marchand de textile) possédant une maison aux Andelys et une autre dans son village. Instruit, généreux, facilement autoritaire, voire belliqueux, il  devient Procureur de sa commune. Il défend la justice sociale, tente de régler les différentes querelles de clocher (au sens propre comme au figuré), se sent investi d'une mission politique. Des réglements de compte locaux en feront un accusé devant les tribunaux révolutionnaires. Arrêté, innocenté puis arrêté à nouveau, il sauvera sa tête, innocenté par le Comité de Sureté Générale.

Francis Bailly, a été chercheur au CNRS en physique des matériaux. Avec une rigueur toute scientifique, il a  fait oeuvre d'historien consultant des milliers d'archives quand, avec son épouse, il a acheté la maison de Canival à Guiseniers et qu'il a voulu savoir qui était Canival. Avec ce livre posthume, il nous conte la saga des petits bourgeois normands qui ont contribué, au moment de la Révolution, à construire un nouvel ordre économique et social.

 

 

"La France des clochers" de Pierre Montagnon, Editions Télémaque. Il s'agit moins de querelles éponymes que des architectures : clochers mérovingiens, romans, gothiques, modernes, temples, synagogues, églises orthodoxes, clochers de métropole, d'outre-mer, d'Afrique, petits clochers de villages, grandes cathédrales, basiliques, abbayes, chapelles... L'auteur recense les lieux de culté de la chrétienté dans ses diverses composantes, en faisant l'impasse sur ceux des autres religions. Pas de minaret donc dans ce beau livre, très documenté avec de nombreuses photos. L'histoire de ces lieux de culte (le premier clocher en France date de 605) nous est contée avec de nombreuses références sur leurs bâtisseurs, leur fréquentation, des anecdotes (pourquoi le coq en haut d'un clocher, pourquoi l'Angélus), le nombre et le poids des cloches, etc. C'est à un passionnant inventaire de notre patrimoine religieux que s'est livré Pierre Montagnon, essayiste et historien. Un patrimoine toujours en danger  : aux guerres  qui ont beaucoup détruit, succèdent aujourd'hui le coût de l'entretien, des réparations parfois insuffisantes, la perte d'un savoir-faire, des lieux de culte devenant sites profanes, la négligence ou le manque d'intérêt des hommes amenant la vente et la destruction d'une église. Heureusement que des associations prennent  en mains la sauvegarde de ce patrimoine !

 

 

 

"A la rencontre des cépages modestes & oubliés" d'André Deyrieux et d'un collectif, l'Association des cépages modestes, Editions Dunod. C'est bien encore de patrimoine que traite cet autre beau livre que tout amateur de vin doit possèder dans sa bibliothèque. Sur les quelque 9600 cépages répertoriés par Pierre Galet, ampélographe auteur du Dictionnaire encyclopédique des cépages, édité chez Hachette en 2000,  seuls 267 sont autorisés en France. C'est dire s'il reste beaucoup à explorer pour des vignerons curieux de voir ce que ces cépages pas complétement oubliés. pourraient donner dans des terroirs hexagonaux adaptés à leur croissance. Car le cépage sans le terroir n'est rien, ou pas grand chose, une liane. Le vigneron le sait bien, lui qui doit planter au bon endroit, entretenir la croissance du cep, l'amener à donner le meilleur raisin qui sera récolté à son meilleur niveau de murissement. Le livre nous emmène à la découverte du Corbeau, de l'Enfariné, du Gouais, de la Counoise, du Persan, et bien d'autres dont certains ont retrouvé leur dignité viticole comme le Poulsar jurassien, le Pineau d'Aunis des coteaux du Vendômois  ou le Chatus ardéchois; Très astucieusement, la description de chaque cépage et de ses qualités spécifiques est accompagnée de l'avis d'un vigneron qui le cultive. Un voyage dans les vignes, un verre de bon vin à portée de main...

 

 

 

"Vingt déjeuners autour du vin" de Sébastien Chambru, Bamboo Editions. L'auteur, chef couronné de "L'O des vignes" à Fuissé nous propose en guise de carnet de route vingt accords mets-vins bourguignons. Avec ses amis vignerons de cette terre de cocagne, il a élaboré des menus qui sont autant de propositions gourmandes (avec leurs recettes) que des portraits très illustrés de ces mêmes amis producteurs de vins de qualité. Les vignerons ont joué le jeu et on trouve dans ce livre des tas d'idées appétissantes.  Que manger avec un Mâcon Verzé de Nicolas Maillet ? Sébastien Chambrun propose ce qu'il appelle des "langues de chèvre",, un savant assemblage de courgettes, de fromages de chèvre sec et frais, de pulpe d'oignon doux et de boulgour. Le tout gratiné. Hum... Et que dire de "l'Oeuf des vignes", un oeuf meurette au Pommard de chez Philippe Pacalet ? Ce livre donne envie de beaux accords gustatifs.

 

Pour terminer sur un sourire : "600 répliques de films à usage du quotidien" de Philippe Lombard, Editions Dunod. Un recueil de petites phrases bien senties.. Il y en a pour tous les goûts et toutes les situations.

Trois extraits :

Eddie Mitchell dans "La Totale" : "Les gosses, c'est quinze secondes de plaisir mais trente ans d'emmerdes"

Pauline Carton dans "L'Armoire volante" : "Un ministre qui tiendrait ses promesses, ce serait un parjure".

Coluche goutant un vin dans "L'Aile ou la cuisse" :: "Il est gouleyant, il a de la cuisse, il attaque sèchement le palais, il ne manque pas de retour ! Vous pouvez servir"