"Serge Poliakoff mon grand père" par Marie- Victoire Poliakoff (Chêne)


Ce livre est un livre d'amour fou. Celui d'une jeune femme pour son grand- père, l'un des peintres de l'abstraction les plus puissants et les plus célèbres. Dans sa galerie de la rue de Seine (elle ne ressemble à aucune autre), Marie-Victoire Poliakoff défend l'art contemporain en mélangeant époques et disciplines : peinture, sculpture mais aussi mode, photographie, cinéma, théâtre. On y fuit l'ennui, le convenu. L'atmosphère, très slave, enchante. Chez elle, rue de Condé, comme en écho aux toiles de Serge, répondent les figurines sculptées par son père, Alexis, et les croquis pleins de vivacité de sa fille, Sacha. Le talent, chez les Poliakoff, traverse les générations. Mais la gardienne du temple, c'est bien elle, Marie- Victoire.

 

Ce superbe ouvrage, à l'iconographie foisonnante, elle le portait en elle depuis longtemps: « l'existence de mon grand-père ? Elle ressemble à un roman». L'auteur raconte la fuite à seize ans du peintre né dans une famille aisée de Moscou (des propriétaires terriens, éleveurs de chevaux), l'errance dans plusieurs capitales où il survit grâce à sa guitare, avant de gagner Paris: il s'y inscrit à la Grande Chaumière. Sa rencontre avec sa femme, Marcelle Perreur Lyod. Son séjour à Londres. Les années difficiles avant qu'il ne trouve sa voie : l'abstraction.

Le succès qu'apporte un contrat, en 1952, avec la galerie Bing. «Il put enfin abandonner guitare et cabarets russes. Nous habitions le même immeuble, 51 rue de Seine. Dés qu'il vendait un tableau, il lançait des invitations. J'étais de toutes les fêtes. Tout était toujours exquis. On riait beaucoup. Merveilleux ! s'exclamait mon grand-père, son mot favori. Il passait du russe au français et à l'anglais et ne faisait guère d'efforts pour perdre son accent.

J'ai vécu mon enfance dans sa Rolls- Royce : on m'emmenait partout».Touchants, les souvenirs de Marie- Victoire sont souvent olfactifs : l'odeur de l'huile de lin des tableaux se mélange à celle du tabac Révélation ou à celle du parfum Knize Ten.

Poliakoff prend son thé aux Deux Magots, fréquente les champs de courses. C'est un homme d'une élégance raffinée qui peint parfois en cravate, un fin gourmet aussi. Marie- Victoire va jusqu'à donner ses adresses et ses recettes favorites. Essayez donc celle des cyrnikis, à base de fromage blanc, à servir avec de la confiture d'airelles. Merveilleux…


Marianne Lohse


«Serge Poliakoff, mon grand père» par Marie- Victoire Poliakoff (Chêne).315 pages. 39,90 €
 

Créé le : 12/12/2011 - Mise à jour : 29/12/2011
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