B comme Bretagne, un abécédaire enchanteur aux Editions de l'Aube
En avons-nous fait des rêves iodés, ces temps-ci ! Comment, en plein confinement, ne pas s'imaginer respirant enfin l'air du grand large, en balade sur des landes sauvages ou des chemins côtiers ? Rarement la Bretagne n'aura autant été synonyme de vacances et d'esprit de liberté. " B comme Bretagne ", un délicieux petit abécédaire paru le 3 juin aux Editions de l'Aube, nous entraîne dans un véritable voyage littéraire au pays du granit et des fées.
Par Marianne Lohse
La Bretagne a inspiré bien des écrivains, bretons ou pas. Pour la première fois, l'éditrice Julie Maillard a rassemblé pour illustrer cinquante quatre mots une quarantaine d'entre eux. d'Honoré de Balzac à Renée Vivien, de Pierre-Jakez-Hélias à Walter Scott. Un voyage littéraire enchanteur qui réserve quelques surprises. Sait-on ainsi que Sarah Bernhardt, auteur de "Ma double vie" avait passé sa petite enfance en nourrice, à Quimperlé où elle ne parlait que le breton ? Et qu'elle séjournait fréquemment à Belle-Ile dont le fort porte aujourd'hui son nom? Ou que Gaston Leroux (oui, le père du "Mystère de la chambre jaune ") raffolait des contes et des korrigans ?
Que dire de Maupassant qui avant de partir en balade tôt le matin vers les sentiers abrupts de la pointe du Raz se régalait plutôt que de l'habituel café au lait de petits poissons frais? Avec des sensibilités différentes tous ces auteurs évoquent une contrée dont les paysages sont parmi les plus beaux au monde, un territoire de légendes et de croyances populaires, perpétuellement en lutte contre le vent.les embruns les pluies, la mer déchaînée. Cela vous forge des gens rudes, une " culture de résistance ".
B comme Biniou
A propos du mot Granit, une citation de Paul Gauguin revenu en Bretagne où il s'est trouvé avant de regagner pour toujours l'Océanie exprime mieux que toute autre sans doute la volonté du peintre de tendre vers l'essentiel : " J'aime la Bretagne. J'y trouve le sauvage, le primitif. Quand mes sabots résonnent sur ce sol de granit, j'entends le son sourd, mat et puissant que je cherche en peinture ".(Lettre à Emile Schuffenenecker,1888).
Mais cette Bretagne un peu austère peut aussi être douceur : " Le printemps en Bretagne est plus doux qu'aux environs de Paris et fleurit trois semaines plus tôt. Les cinq oiseaux qui l'annoncent, l'hirondelle, le loriot, le coucou, la caille et le rossignol arrivent avec de tièdes brises qui les hébergent dans les golfes de la Péninsule armoricaine. La terre se couvre de marguerites, de pensées de jonquilles, de narcisses, de renoncules, d'anémones...Chaque pommier avec ses roses carminées ressemble à un gros bouquet de fiancée de village " (François-René de Chateuabriand dans " Mémoires d'Outre-tombe ", à propos du mot Printemps.
Marianne Lohse
B comme Bretagne, abécédaire littéraire. Editions de l'Aube. 12 euros.
