Marquenterre et la Baie de Somme : les oiseaux bientôt en route vers le sud
La Picardie ne manque pas de sites naturels passionnants. Mais il en est un qui par sa géographie, sa faune et sa flore, surclasse peut-être tous les autres : la Baie de Somme. La fin de l'été annonce le regroupement progressif des oiseaux sur des sites provisoires, sortes d'auberges ornithologiques avant la grande migration avant l'hiver.
Le Parc de Marquenterre est l'un de ces lieux (avec le Lac du Der en Champagne) où les oiseaux venus du nord trouvent le "gîte et le couvert" en toute sécurité avant de s'élancer vers le sud. La Baie de Somme, à cet égard, est un refuge exemplaire.
C'est une vaste étendue maritime, une des plus vastes de France, où oiseaux, phoques, moutons de prés salés et hommes cohabitent dans une nature sans cesse en mouvement.
Dans ce contexte particulier, le Parc du Marquenterre joue un rôle fondamental d'observation, de recensement des espèces d'oiseaux, de préservation de la nature et de sensibilisation du public à l'environnement naturel.
Claire en France a passé un long moment avec Philippe Carruette, ornithologue et responsable du suivi naturaliste du parc.
En prolongement du Pays de Caux normand, le littoral de la Baie commence par de hautes falaises constamment érodées par la mer, le vent, la pluie. Les rognons de silex qu'elles contiennent finissent en galets au Hourdel tandis que les vagues et les courants emportent vers l'estuaire de la Somme des tonnes de sable qui viennent grossir le massif de dunes du Marquenterre. Ce sont là 3000 hectares sur les 7000 que compte la Baie de Somme.
Le parc lui-même comprend quelque 260 hectares composés de dunes, de forêt de pins, de vasières, de marais et de prairies. Depuis longtemps les oiseaux migrateurs ont trouvé à Marquenterre le "gîte et le couvert", un endroit privilégié où reprendre des forces pendant leur migration de la Scandinavie vers l' Afrique et retour.
Avec Philippe Carruette, nous cheminons de hutte en hutte, de promontoire en vasière, monoculaire ou jumelles en main, nous arrêtant pour observer, écouter, comprendre. Six kilomètres de sentiers, 14 postes d'observation, c'est une balade de santé à la découverte de l'avi-faune.
Eté comme hiver, il y a toujours des oiseaux à voir dans le parc car tous ne partent pas. Le réchauffement climatique entraîne d'ailleurs un nombre croissant d'oiseaux à passer l'hiver en Picardie !
Avec un jeune visiteur sur un des chemins bordant les vasières
Cigogne sur son nid
Depuis une hutte d'observation
Vanneaux huppés
Ce sont plus de 344 espèces d'oiseaux que l'on peut observer à Marquenterre
Grue
Oies cendrées
Le guide prête volontiers son monoculaire au visiteur
Philippe Carruette a su faire partager à un grand nombre de jeunes sa passion pour les oiseaux. A Marquenterre, le souci pédagogique est constant : l'équipe de guides ornithologiques connait son parc et elle est même en mesure d'accueillir des sourds et des aveugles.
Le langage des signes sera utilisé pour les sourds; des explications détaillées seront proposées aux aveugles guidés par un personnel formé à cette tâche; ils pourront écouter le chant des oiseaux grâce à des écouteurs reliés à un micro-parabole manié par la guide spécialisée. Quand on ne peut les voir, on peut les entendre...
Avocette élégante
Infatigable, quand il n'accompagne pas un groupe de visiteurs, Philippe Carruette intercepte des oiseaux avec l'aide de bénévoles, pour les identifier, les peser, les baguer, avant de les relacher dans le parc.
C'est de cette façon qu'il peut revoir des oiseaux qu'il aura bagués l'année précédente Lui ou un autre ornithologue, français ou étranger. Les indications portées sur la bague le renseigneront sur la provenance de l'oiseau et donc son parcours.
Faucon-pèlerin (Maison de la Baie de Somme et de l'oiseau )
Sait-on que le faucon-èélerin est l'oiseau le plus rapide, en piqué tout au moins., de tous les oiseaux ? Un faucon-pèlerin a été chronométré à la cathédrale de Hambourg à plus de 400 km/heure ! Le martinet quant à lui peut rester jusqu'à 3 ans en vol. Il mange, dort et s'accouple sans se poser !
La grande migration
Combien migrent vers le sud à l'approche de l'hiver ? Plusieurs millions. Combien reviennent ? A peine la moité. Les autres auront été victimes de chasseurs ou d'autres prédateurs. Ou gisant au sol, blessés ou épuisés par le voyage, ils auront été mangés par les crabes des plages africaines, comme on l'a vu dans une émission de FR3, "Des racines et des ailes" largement consacrée au Parc...
Ceux qui reviennent nicheront, feront des petits qui, à leur tour, entreprendront le grand voyage...
Photos : Guy Riboreau ©
Le Parc de Marquenterre est ouvert toute l'année. Entrée payante.
Philippe Carruette a publié aux Editions Sud-Ouest un "Guide des Oiseaux de la Baie de Somme"
Liens utiles :
www.baiedesomme.org Syndicat Mixte Baie de Somme Grand littoral Picard
www.parcdumarquenterre.com Parc ornithologique du Marquenterre
25 bis chemin des garennes
80120 Saint-Quentin en Tourmont
tél. 03 22 25 68 99
Maison de la Baie de Somme et de l'Oiseau
Carrefour du Hourdel
RD 204
80230 Lanchéres
Tél : 03 22 26 93 93
Fax : 03 22 26 59 44
gps : lat. 50.1962, long. 1.5501
