Le plus petit musée du monde et le plus drôle : à Honfleur, chez Alphonse Allais
Il est bien caché, ne se visite que sur rendez-vous et il ne peut guère accueillir plus de cinq visiteurs à la fois qui doivent emprunter un "escalier qui a mal tourné". Son état délabré est voulu ainsi : nous sommes dans l'authentique, l'historique, l'anecdotique et le pharmaceutique ! Pour y accéder, il faut passer par l'officine où Alphonse a exercé ses talents. Plus doué pour la plaisanterie, le canular et le gag burlesque que pour la préparation médicinale, c'est pourtant en ces murs de la pharmacie paternelle que le jeune Allais a sévi, concoctant des remèdes ahurissants que ni la Faculté, ni le père, ne pouvaient approuver. Alphonse s'en fut donc rejoindre le monde des lettres et du théâtre où il fit merveille, guérissant par le rire les plus terribles morosités.
"Allais-y", au moins virtuellement, le petit musée vaut le détour !
Reportage : Guy Riboreau ©
Au deuxième étage de la pharmacie du Passocéan, place Hamelin, un escalier étroit, en colimaçon, vous mène au deuxième étage, dans une pièce minuscule où ont été réunies quelques unes des "inventions" géniales de l'auteur du "Parapluie de l'escouade", "Des vertes et des pas mûres", de "Deux et deux font cinq", et autres morceaux d'anthologie.
Alphonse Allais, (Honfleur 1854, Paris 1905)
Sur cette image, trois objets-gags d'Alphonse : une tasse avec l'anse à gauche (pour les gauchers), le crâne de Voltaire jeune et un vrai morceau de la fausse croix de N.S. Jésus-Christ...
Jean-Yves Loriot, le "conservateur" (il officia lui aussi à la pharmacie) et guide intarissable de ce musée minuscule vous fera partager son humour et sa connaissance encyclopédique de l'oeuvre allaisienne dans ce qu'elle a de plus ubuesque et de plus réjouissante.
Il vous montrera la clysopompe à hydropathe pour rendre impure l'eau potable (en arrière plan), les boules de coton noir pour les oreilles des personnes en deuil (au centre) l'amidon bleu, blanc, rouge pour tenir les drapeaux déployés les jours sans vent, le timbre-poste pharmaceutique permettant aux fonctionnaires de se soigner tout en léchant le timbre pour le coller sur l'enveloppe...
Vous y verrez également les petites boulettes de bismuth et de miel de Narbonne pour constiper les mouches, invention permettant de supprimer leurs déjections sur les murs et plafonds, les filtres pour auteurs leur permettant d'acquérir un style d'une parfaite limpidité.
Presse à suppositoires, fioles, cornues, onguents divers
Entouré de bocaux, vous ferez comme ce jeune garçon qui après avoir été nourri au lait de sa mère, s'en fut Allais-té par le souffle puissant et rigolard du grand Alphonse qu'il salua comme il convient...
De nombreuses personnalités ont visité le petit musée en laissant un autographe, Raymond Devos, Sempé, Anne Roumanoff et bien d'autres... :
Quelques pensées profondes :
"Quand on ne travaillera plus le lendemain des jours de repos, la fatigue sera vaincue"
"Shakespeare n'a jamais existé. Toutes ses pièces ont été écrites par un inconnu qui portait le même nom que lui" (in "Des vertes et des pas mûres").
"C'est probablement parce que les ardoises viennent d'Angers que le métier de couvreur est dangereux".
"Il est toujours avantageux de porter un titre nobiliaire. Etre de quelque chose, ça pose un homme, comme être de garenne, ça pose un lapin".
Pour les inconditionnels d'Alphonse Allais, sachez qu'il existe une Académie qui porte ce nom. Elle se réunit régulièrement au Théâtre Hébertot à Paris et elle élabore un dictionnaire Allaisien désopilant maintenant disponible en librairie sous le titre "Dictionnaire ouvert jusqu'à 22 heures" (Editions du Cherche-Midi)
Voir les sites et blogs qui présentent l'homme, l'oeuvre, l'Académie, l'Association des Amis d'Alphonse Allais et la Pharmacie du Passocéan.
http://www.passocean.com/dddeuxsieclesdhistoire/deuxsieclesdhistoire.html
