Un hôtel singulier, à la fois beau et divinement calme. Une expérience sensorielle inédite. Un passé millénaire qui ne cesse de se réinventer: l'Abbaye de Fontevraud dont Alienor d'Aquitaine, reine de France puis d'Angleterre est la figure emblématique (elle y termina sa vie), offre tout cela et bien plus encore.
Visite avec Marianne Lohse.
Photos : Agence Jouin- Manku
Aux confins du Poitou, de l'Anjou et de la Touraine, l'abbaye royale de Fontevraud (elle couvre 13 ha) est la plus vaste cité monastique héritée du Moyen Age. La plus étonnante aussi: dés 1101, elle accueillait hommes et femmes, aristocrates et prostituées. Pendant sept siècles, ses beaux bâtiments de tuffeau abritèrent un ordre religieux double, dirigé par une succession d'abbesses. A en croire certains historiens, le fondateur, le charismatique Robert d'Arbrissel, n'hésitait pas à coucher nu auprès de certaines moniales. Une ascèse, voire un martyre puisqu'il affirmait ne pas succomber... La riche et puissante Abbaye reçut bon nombre d'hôtes illustres. Alienor d'Aquitaine y termina sa vie. Les quatre filles cadettes de Louis XV y furent éduquées. Désertée et vandalisée à la Révolution, elle fut transformée en prison de 1804 à 1963, puis inscrite en 2000 au patrimoine mondial de l'Unesco.
Depuis le XIXème siècle, les campagnes de restauration s'y enchaînent. Un parc et un verger entourent l'un des quatre prieurés, le prieuré Saint Lazare dont la chapelle, la salle capitulaire, le réfectoire s'articulent autour d'un cloitre (seul le pavillon du Liban s'en détache. Il donne sur d'anciens jardins médicinaux crées au XVIIIème siècle).
Saint-Lazare a connu des vies multiples: logement des bénédictines en charge des lépreux, maison de convalescence, infirmerie au cours de la période carcérale... C'est aujourd'hui un hôtel quatre étoiles de 54 chambres, doté d'un restaurant "haute cuisine" confié au chef Thibaut Ruggeri. Comment transformer un lieu désacralisé certes mais toujours imprégné d'un passé millénaire sans heurter les sensibilités? Comment concilier mise en valeur d'un tel patrimoine et confort contemporain?
L'architecte en chef des Monuments Historiques Gabor Mester de Paradj et le fameux duo de designers Jouin- Manku (auteurs, entre autres, du restaurant Ducasse au Plaza Athénée) ont relevé le défi. Ouvert au printemps 2014, l'Hôtel connait un succès croissant. Son atmosphère lumineuse, sereine, son décor épuré lui ont valu de nombreux prix dont celui de l'étonnement touristique décerné par l'AJT (Association des Journalistes de Tourisme). A son arrivée, on se voit remettre un i Pad, pour accéder à tous les services et découvrir l'Abbaye et ses environs. Dans des chambres dont la simplicité monacale s'avère très sophistiquée (intégralement réalisé sur mesure, le mobilier s'inspire du mobilier liturgique), on dort sur des matelas bio.
L'ancienne chapelle est devenue une médiathèque numérique agrémentée d'un bar, l'iBar. En buvant un verre de " fines bulles" du Saumurois, on s'amuse à consulter les tablettes tactiles incorporées dans un monolithe de chêne. Six hauts paravents structurent l'espace.
Aménagé autour du cloître, le restaurant de 88 couverts se prolonge dans l'époustouflante salle capitulaire, destinée aux banquets. Une table longue de huit mètres dont le centre s'orne d'un chemin de cierges, des stalles, comme autrefois le long des murs, escamotant des chaises d'appoint, une immense cheminée: c'est un lieu où l'on ne peut qu'aimer s'attarder.
Destination touristique et artistique (expositions et concerts s'y succèdent tout au long de l'année) cette extraordinaire Abbaye connectée au XIème siècle est, last but not least, une championne du développement durable. Petit détail qui en dit long : tous les bio-déchets de l'hôtel sont transformés en compost pour les treize hectares du parc paysager.
Marianne Lohse
www.fontevraud.fr Abbaye :+33 (0) 2 41 51 73 52 Hôtel : +33(0) 2 46 46 10 10
Thibaut Ruggeri : la simplicité au sommet
Alain Solivérès (Taillevent) dit de lui qu'il est " perfectionniste et humble ". Thibaut Ruggeri, 35 ans, chef de Fontevraud Le Restaurant, a trouvé ses marques à l'Abbaye. Ce Savoyard sportif, épris de musique et de photographie s'est formé auprès des plus grands. Bocuse d'or 2013, il se réclame du beau et du bon, croit à l'adéquation avec l'époque et se concentre sur une cuisine qui bannit le superflu, l'apparat. Cette sobriété revendiquée ne manque pas d'imagination.
Tout repas commence par de la soupe et du pain sec, clin d'œil aux moniales et aux détenus qui vécurent ici. Mais le pain, délicieusement croustillant, est aux amandes et la velouté de courgettes remplace avantageusement le brouet d'autrefois. En soulevant l'assiette qui coiffe l'écuelle tournée par le céramiste Charles Hair, on pressent que le dîner sera mémorable. Pressentiment confirmé par la " Révolution verte ", une entrée de légumes du cru assaisonnée d'un pesto de mélisse (Ruggeri bénéficie d'un verger et d'un jardin d'herbes), le parmentier de ris de veau et le sorbet au radis. De quoi ravir les pèlerins les plus exigeants.
+33 (0) 2 46 46 10 20
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