Depuis l'Antiquité peintres et sculpteurs s'acharnent à représenter le vent en dépit de son invisibilité. Toiles, photos, dessins, vidéos : une exposition au Musée d'art moderne André Malraux (Muma) au Havre réunit près de 170 œuvres mettant en scène "cela qui ne peut être peint" comme aimait le définir Pline l'Ancien. Le vent est un décor en mouvement, il représente souvent la force brute de la nature, une sorte de monstre sans contours auquel se confronte l'être humain. Mais le vent sait aussi parfois se faire plus tendre, voire sensuel comme le montre l'affiche de l'exposition. Parcours de l'exposition avec Claire qui s'est laissée porter par... le vent.
Photo d'après l"affiche : Claire Vuillemin
L'affiche : François GÉRARD, Flore caressée par Zéphyr, 1802, huile sur toile, 169 x 105 cm, Musée de Grenoble, don de Léon de Beylié, 1900 © Ville de Grenoble/Musée de Grenoble- J.L. Lacroix
C'est une bonne idée d'avoir planté des graminées juste devant l'entrée du musée, sur le parvis et devant l'affiche annoncant l'exposition. L'affiche représente la sensuelle Flore caressée par Zéphyr (1802) de François Gérard dont le corps nu donne naissance aux fleurs...
Ce parterre de graminées ondule au moindre souffle formant comme une petite vague rythmée par le vent. Il faut dire que le musée, largement ouvert sur la mer, reçoit risées et tempêtes au fil des saisons. L'image renvoie à la délicate petite estampe de Jacques Callot, Les Roseaux et le vent (vers 1646), qui, dans le parcours, voisine avec la sculpture Hautes herbes agitées par le vent (1983) de Gloria Friedmann.
Gilbert GARCIN, Sauver la nature, tirage argentique, 30 x 40 cm, courtoisie Galerie Camera Obscura, Paris © Gilbert Garcin/Galerie Camera Obscura, Paris
Chacun peut éprouver le vent, sa présence, sa force, son influence. Parfois il crie et rugit, parfois il soupire ou caresse. Certains vents glacent, d'autres étouffent. Si l'homme a, depuis l'Antiquité, témoigné de cette expérience, il s'est longtemps heurté au mystère de ce flux invisible, continu, imprévisible.
Francisco DE GOYA Y LUCIENTES, Mala noche (Mauvaise nuit) de la série Les Caprices (Planche 36), vers 1797-1799, eau-forte, aquatinte et pointe sèche, 21,6 x 15,2 cm, Castres, musée Goya, musée d'Art hispanique © Ville de Castres - Musée Goya, musée d'Art hispanique
Chacun vit avec le vent de son paysage. Il y a par exemple le mistral qui court le long du Rhône, la tramontane qui tombe des Pyrénées sur le golfe du Lion... Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, on s'en est tenu là, ne sachant rien du jeu des masses d'air autour du globe...
Dresser le portrait du vent, voir la manière que nous avons de l'éprouver, de l'appréhender, c'est le thème de l'exposition. Elle est globalement chronologique mais regroupe aussi les œuvres par affinités thématiques.
Ce n'est qu'au XIXe siècle que cet élément commence à être compris et à prendre de l'importance dans le domaine scientifique, trop longtemps relégué à une sorte de fiction mythologique. C'est intéressant de voir la manière dont les hommes ont éprouvé au fil des siècles sa présence, son influence sur les vies et les imaginaires.
Jacques Henri LARTIGUE, Zissou - Maurice Lartigue, le frère du photographe - dans le vent de l'hélice d'Amerigo, Buc, 1911, 1911, tirage photographique des années 1970, 21,1 x 30 cm, Charenton-le-Pont, Donation Jacques Henri Lartigue © Photographie Jacques Henri Lartigue © Ministère de la culture, France-MAP / AAJHL
S'ils s'y sont essayés depuis l'Antiquité, les scientifiques ne commencent à comprendre le vent qu'au cours du XIXe siècle. " Auparavant, cette vacuité sonore était seulement éprouvée et décrite selon l'ensemble des sensations qu'elle imposait" explique l'historien Alain Corbin. "L'inconsistance, l'instabilité, l'évanescence définissaient ce flux invisible, continu, imprévisible. La fugacité du vent, vecteur d'immensité, expliquait qu'on ne savait trop d'où il venait, où il allait. "
De L'Odyssée aux Romantiques
La poésie, la peinture, la littérature : toute forme d'art s'est approchée du vent. L'Odyssée, par exemple, avec Éole gonflant les voiles des marins... Victor Hugo, l'homme de la mer, en a fait " l'élément majeur de son mythe personnel. Dompter les vents pour aller toujours plus loin dans l'océan d'en haut, l'océan aérien qu'affrontent à cette époque les aéronautes "...
En parcourant l'exposition - Photo Claire Vuillemin
Vent du désert, vents chauds et froids, du matin ou du soir, démonstration de la puissance de la nature... Il y a aussi les croyances populaires et combien il est matière sociale, par les discussions qu'il suscite à toutes les époques et dans tous les milieux, selon qu'on le désire ou le redoute.
Joaquin SOROLLA Y BASTIDA Barque et groupe de femmes à Valence, 1894
En art la représentation des vents passe, plutôt que par leur personnification, par leurs effets. Le parcours mène donc des brises aux tempêtes, sur mer mais aussi sur terre, comme dans le grand tableau d'Émile Breton, Un ouragan (1863). Dans le fond de la toile, deux moulins rappellent cependant que le vent peut être un allié de l'humanité...
Honoré DAUMIER, Manière d'utiliser les jupons nouvellement mis à la mode (Actualités, 294, pour Le Charivari), 1856, lithographie, 26,8 x 21,7 cm, Paris, Bibliothèque nationale de France © BnF, Paris
Au XIXe siècle, le vent n'est quasiment jamais peint avec un visage humain mais on lui prête des intentions : il est ce fripon qui soulève les jupes dans les caricatures de Jean-Baptiste Isabey (Le Coup de vent, 1818) et d'Honoré Daumier. Dans un parcours très riche en œuvres sur papier, on est émerveillé par Trottin sous la pluie (1898) de Théophile Alexandre Steinlen, petite coursière livrant son carton sous une averse oblique.
Suzuki HARUNOBU, L'Averse (une jeune femme prise dans un coup de vent tente de décrocher son linge mis à sécher), 1765, gravure sur bois polychrome, 28 x 20,8 cm (feuille), Paris, Bibliothèque nationale de France © BnF, Paris
L'exposition présente aussi des objets en verre : le vase Comme la plume au vent (1903) de Daum Frères ou la Coupe " aux épis de blé " (1903) d'Émile Gallé
Comment représenter le vent au Havre selon Claire ?
En arrière plan de cette sculpture sur la plage, un voilier dont les voiles se gonflent, au vent...
Le vent. "Cela qui ne peut être peint"
jusqu'au 2 octobre, Musée d'art moderne André-Malraux (MuMa)
2, bd Clemenceau, 76600 Le Havre.
Où dormir, où déjeuner ou diner au Havre ?
Hôtel Hilton Garden Inn Le Havre Centre****
128 bd Clemenceau
Face au port de plaisance, avec de nombreuses chambres vue mer.
Art hôtel***
147 rue Louis Brindeau
Hôtel arty, aux chambres contemporaines.
Restaurant Babette
Hôtel Hilton, 128 bd Clemenceau
Tel : 02 79 42 00 60
https://babette-conceptstore.com
Restaurant ouvert à tous, soucieux d'apporter une alimentation saine à base de produits achetés pour la plupart chez des producteurs locaux.
Restaurant Les Enfants Sages
20 rue Gustave Lennier
www.restaurant-lesenfantssages.com
Dans une maison, ancien logement du directeur de l'école attenante, le cadre est superbe ; carte avec formule au gré des produits de saison.
Bar Le bout du monde (fermé en cas de pluie)
1 bd Foch - Sainte-Adresse
Tel : 02 35 48 66 58
Décor atypique de cabane de bois, avec vue imprenable sur la mer, où déguster des tapas et fruits e mer, ou pour y boire un verre tout simplement.
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