Du 9 novembre 2019 au 2 mars 2020, le musée des beaux-arts et d'archéologie de Besançon présente " Une des provinces du Rococo. La Chine rêvée de François Boucher ", une exposition qui invite à la rêverie. Comment mieux célébrer le premier anniversaire de la réouverture du musée ? François Boucher, cet illustre inconnu, l'un des piliers de l'histoire de la peinture au XVIII e siècle avec Watteau et Fragonard, fut aussi l'un des artistes qui œuvra avec le plus de talent au renouvellement des arts décoratifs.
Ateliers de la manufacture de Beauvais d'après François Boucher, Le Repas, tapisserie de basse lisse, laine et soie, XVIIIe siècle © galerie Deroyan, Paris
Au moment où la Chine, cette civilisation aussi ancienne que lointaine, se rapproche de la France par le biais du commerce des objets d'art, Boucher en devient le traducteur : il crée de nombreux sujets chinois qui se diffusent presque aussitôt dans les décors parisiens autant que dans les recueils d'estampes et, inévitablement, dans les arts décoratifs, porcelaine, mobilier et en premier lieu tapisserie. Le musée des Beaux-Arts et d'Archéologie de Besançon, qui conserve depuis deux siècles les dix esquisses réalisées en 1742 pour la manufacture de tapisseries de Beauvais, présente une exposition ambitieuse, forte de cent trente prêts internationaux, en guise de réflexion poétique sur une problématique jamais présentée au public : le processus créatif d'un artiste qui sut, par une curiosité et une créativité exceptionnelles, inventer un répertoire exotique original et, selon le mot des Goncourt, " faire de la Chine une des provinces du rococo. "
Pot-pourri en " porcelaine truitée " et monture en bronze doré à têtes de satyre, Japon, Kyoto, XVIIIe siècle (céramique) ; Paris, vers 1765-1770 (bronze doré) © Christophe Fouin
L'une des ambitions de l'exposition est de rendre perceptible pour le visiteur la culture visuelle de François Boucher, qu'il se forme en fréquentant le commerce parisien des objets exotiques alors en plein essor. Le parcours s'ouvre ainsi sur une série d'objets vendus par les marchands-merciers autour de 1730-1740 (paravent de laque, papier peint, porcelaines, etc.), présentés sur une scène aménagée comme l'intérieur d'une boutique.
Anonyme japonais, Cabinet, vers 1700, laque, inv.CA1647 © Musée des beaux-arts de Dijon / François Jay
Réalisé pour un couple d'amateurs d'objets exotiques, le décor chinois réalisé par Antoine Watteau vers 1710 au pavillon de chasse de la Muette, à l'orée du bois de Boulogne, joue également un rôle déterminant dans la manière dont Boucher envisage les sujets chinois comme motifs ornementaux. Ce dernier figure parmi les artistes qui se rendent sur place, en 1731, pour en graver les sujets. Démonté au XVIII e siècle, le décor est représenté par les douze estampes réalisées par Boucher et par les deux peintures de Watteau subsistantes.
Antoine WATTEAU, Viosseu ou le musicien chinois, huile sur toile, vers 1709 © Collection privée, New-York, NY, image courtesy of Sotheby's
Davantage encore que dans la peinture, la créativité de Boucher dans le registre chinois s'exprime sur le papier : l'artiste est l'auteur de près d'une centaine de modèles pour l'estampe, diffusés principalement par le graveur et marchand Gabriel Huquier.
François BOUCHER, Médecin chinois, Recueil de diverses figures chinoises du cabinet de François Boucher Peintre du Roy dessinées et gravées par lui-même, eau-forte, vers 1740 © MAD, Paris
Tous deux mettent ainsi au point un large répertoire de sujets inspirés de modèles chinois et adaptés au goût européen, réemployés ensuite par les artisans pour des écrans et dans les décors de porcelaines et de mobilier. Le nombre de gravures à sujet chinois produit par Boucher est exceptionnel pour quelqu'un qui n'était pas un ornemaniste professionnel, et leur influence sur les arts décoratifs, en France et au-delà, est immense.
Vase à décor de personnages, scène de labour et de tissage (Geng Zhi Tu), Chine, province de Jiangxi, fours de Jingdezhen, dynastie Qing (1644-1912), période Kangxi (1662-1722) ©Musée national des Arts asiatiques Guimet, RMN-Grand Palais, photographie Thierry Ollivier
Les dessins et estampes exposés permettent de mieux appréhender le passage d'une technique à l'autre, à proximité de plusieurs objets luxueux issus de la manufacture de Vincennes-Sèvres et des meilleurs ateliers d'ébénisterie parisiens permettant de montrer leur adaptation dans des décors d'objets d'art européens.
Mathieu CRIAERD, Commode de la Comtesse de Mailly à Choisy, bâti de chêne, placage de bois fruitier, laque occidentale dite " vernis Martin ", bronze argenté, marbre bleu turquin, 1742 © Musée du Louvre, RMN-Grand Palais, photographie Thierry Ollivier
Musée des beaux-arts et d'archéologie
1 place de la Révolution, 25000 Besançon
+ 33 3 81 87 80 67
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