Les derniers feux du Palais de Saint- Cloud 

Une passionnante exposition, " Les derniers feux du Palais de Saint- Cloud " coproduite par le Musée des Avelines et les Mobilier National fait revivre les fastes d'une demeure épargnée par la Révolution mais partie en fumée lors de la guerre franco-prussienne. Où l'on découvre, l'esthétique "mix & match" de l'impératrice Eugénie. Une tendance très actuelle que ne désavouerait pas la décoratrice élue star de l'année, Laura Gonzalèz

 

Visite avec Marianne Lohse ©

 

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Adolphe Block (éditeur)
Façade sur la cour d'honneur du palais de Saint-Cloud
Photographie stéréoscopique, vers 1868
Saint-Cloud, musée des Avelines, inv. 2013.13.15
© Ville de Saint-Cloud — Musée des Avelines / Gilles Plagnol

 

 

 

 C'est sur 460 hectares, un domaine superbe, aux portes de Paris, en bordure de Seine et à flanc de coteau. Le parc actuel a conservé l'ordonnancement de celui conçu par Le Nôtre.  On ne se lasse pas d'arpenter ses allées, d'admirer son exceptionnel système hydraulique (la Grande Cascade jaillit à près de 30 mètres de haut). Des buis marquent l'emplacement du château disparu. Pour découvrir la splendeur de cette résidence royale, il faut gravir la colline de Saint Cloud, pousser la porte du Musée des Avelines.

 

Vue de l'exterieur

Pierre-Ambroise Richebourg (1810-1875)
Aile et parterre de l'Orangerie
Tirage photographique sur papier albuminé, vers 1868
Saint-Cloud, musée des Avelines, inv. 2014.5
© Ville de Saint-Cloud - Musée des Avelines / Gilles Plagnol

 

 

Une exposition, " Les derniers feux du palais de Saint- Cloud " fait revivre ce lieu très aimé de Napoléon III et de l'impératrice Eugénie. Organisée par la directrice du Musée des Avelines, Emmanuelle le Bail, commissaire avec Bernard Chevallier auteur du livre " Saint-Cloud, le palais retrouvé" et Arnaud Denis, inspecteur des collections du Mobilier National,  l'exposition invite à déambuler au gré d'une centaine de meubles et objets sauvés de la destruction et de photographies, témoins irremplaçables.

 

Pierre-Ambroise Richebourg (1810 - 1875)
Vue du grand salon de l'Impératrice
Tirage photographique sur papier albuminé, vers 1868
Saint-Cloud, musée des Avelines, inv. 2014.5
© Ville de Saint-Cloud - Musée des Avelines / Gilles Plagnol

 

Tout commence avec l'acquisition par le Musée d'un album de tirages photographiques sur papier albuminé réalisé par Pierre Ambroise Richebourg vers 1868, deux ans avant la destruction du palais, lors du siège de Paris.  Moins connu que Nadar, il est cependant le photographe officiel de la Cour. Cet album, 99 petits formats obtenus à partir de plaques de verre  ouvre les portes d'un univers raffiné, d'un rare éclectisme. Très tôt, l'impératrice encourage l'engouement des Français pour le XVIIIème siècle : il inspire l'art comme la littérature. Elle- même éprouve une fascination ambigüe, dangereuse pour Marie- Antoinette (ses ennemis n'hésiteront pas à l'appeler "l'Espagnole" comme on disait "l'Autrichienne" de la reine décapitée).

 

Tapisserie Marie_Antoinette Manufacture des Gobelins
d'après Elisabeth Louise Vigée Le Brun (17551845)
Marie-Antoinette et ses enfants
Tapisserie de haute lisse, laine et soie, 1818-1822
282 x 212 cm Paris, Mobilier national, inv. GMTT 347
© Mobilier national, Philippe Sébert

 

Si Napoléon III retrouve à Saint- Cloud les traces de son oncle, Napoléon Bonaparte (il y organisa le coup d'état du 18 Brumaire et s'y fit désigner empereur), Eugénie, elle n'a de cesse de rassembler mobilier et images de la défunte reine. Louis XVI avait, en 1784, offert le château à son épouse. La voici représentée avec ses enfants sur une tapisserie de la Manufacture des Gobelins d'après  une toile de Vigée-Lebrun. Ou encore dans les jardins du Petit Trianon, peinte par Eugène Caraud.

 

 

console_doree_Steinitz
François-Honoré-Georges Jacob-Desmalter (1770-1841)
Console à tête de Minerve
Bois sculpté et doré, bronze doré, marbre rouge Griotte livré par le marbrier Louis-Etienne Hersent (1741-1817)
Paris, époque Empire, 1808
104 x 164,5 x 50 cm
Paris, Galerie Steinitz © Paul Steinitz



 

Pour sa chambre à coucher, Eugénie fait venir de Compiègne deux commodes au chiffre de Marie- Antoinette. Médaillons, entrelacs, guirlandes, caractéristiques du style Louis XVI sont partout présents.

 

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Adolphe Block (éditeur)
La galerie d'Apollon
Photographie stéréoscopique, vers 1868
Saint-Cloud, musée des Avelines, inv. 2013.13.8
© Ville de Saint-Cloud — Musée des Avelines / Gilles Plagnol

 

Loin d'une reconstitution figée, il s'agit là d'une libre évocation, d'une relecture du passé où l'impératrice mêle allégrement ancien et moderne, semant superbes porcelaines de Sèvres  et plantes exotiques, usant parfois presque jusqu'à la saturation visuelle de couleurs fortes (le Salon des Dames est tendu de damas cramoisi), de tissus imprimés et de papiers peints.

 

 

Vase_a_quatre_lobes_detail
Pierre Riton, Jules Peyre et Jules Dieterle
Vase à quatre lobes, détail
Porcelaine de Sèvres, 1854
106 x 42 cm
Paris, Mobilier national, inv. GML 888/1
© Mobilier national, Isabelle Bideau

Joseph-Pierre-François Jeanselme (?-1861)
Chaise, en bois sculpté et doré, couverte d'un retissage du début du XXe siècle du meuble aux oiseaux et papillons en tapisseries de Beauvais, posé en 1839
94 x 52 x 46 cm
Paris, Mobilier national, inv. GMT 7932 /6
© Mobilier national, Isabelle Bideau

 

 

Les sièges ne sont plus adossés aux murs comme c'était l'usage sous l'Ancien Régime mais regroupés en ilots. Priorité est donnée au confort -l'anglomanie sévit- à la convivialité. Des matériaux comme le papier mâché apparaissent, de nouveaux types de meubles voient le jour : crapauds matelassés, chaises longues capitonnées, poufs, indiscrets, bornes. C'est le style Louis XVI-impératrice. Eugénie aurait sans doute aimé le travail d'une Madeleine Castaing (antiquaire et décoratrice d'intérieur), d'une Laura Gonzalèz.

 

La destruction du château de Saint-Cloud

 

Dans la nuit du 13 au 14 octobre 1870, un obus français tiré du Mont Valérien et destiné aux batteries prussiennes installées dans le parc met le feu au château. Les ruines en seront rasées deux décennies plus tard. Fort heureusement, dés août 1870, à la demande d'Eugénie, meubles, objets, tapisseries et tableaux précieux avaient pu être évacués par le Mobilier National, à destination du garde- meuble du Louvre.


Marianne Lohse

 

Musée des Avelines, Jardin des Avelines, 60 rue Gounod 92210 Saint- Cloud

www.musee-saintcloud.fr

Exposition jusqu'au 23 février 2020.

Créé le : 21/10/2019 - Mise à jour : 24/10/2019
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