A partir du 17 octobre au musée des Confluences, l'exposition " Touaregs " vise à dépasser les stéréotypes encore tenaces, datant de la période coloniale, véhiculés à propos des Touaregs. Elle invite à découvrir cette population de tradition nomade, vivant dans le désert du Sahara, à travers l'appréhension des différents codes esthétiques qui façonnent sa culture.
" Les amis " de Harandane Dicko (Bamako, Mali - 2006) musée des Confluences, Lyon
L'exposition s'attache également à montrer en quoi la société touarègue contemporaine, fortement impactée par des bouleversements géopolitiques, environnementaux et économiques de la région, affirme son identité en jouant sur son image et la perception qu'en ont les occidentaux, notamment à travers ses créations artisanales et artistiques. Le propos est illustré par les bijoux et objets traditionnels et contemporains, issus en grande partie des collections du Musée des Confluences, parmi lesquels 450 bijoux qui ont rejoint le fond du musée en 2015 à la suite d'une donation de l'association Masnat. En illustration, des extraits de poésies touarègues accompagnent en filigrane tout le parcours, également jalonné d'affiches, de photographies, d'archives de reportages télévisés, jusqu'à des clips musicaux.
" Conquérant pacifique du Sahara " de Charles de Foucauld
Collection particulière​
Le Parcours de l'exposition
Une image fantasmée, figée dans le passé colonial Si l'on s'en réfère à l'enquête réalisée par le Musée des Confluences auprès de plus de 500 internautes, les stéréotypes liés à la société Touarègue sont ancrés dans notre imaginaire collectif et occidental. Dès la deuxième moitié du 19è siècle, la littérature savante et romanesque, de Jules Vernes à Charles de Foucauld, construit peu à peu une image fantasmée et positive des Touaregs, nobles et chevaleresques. De façon plus marginale, lors des conflits, ces guerriers sont assimilés à des meurtriers sanguinaires, dont la soumission n'en est que plus valorisante.
Aujourd'hui, les Touaregs restent étroitement associés à un peuple évoluant librement dans l'immensité des déserts de dune et des fantasmes qu'ils suscitent. De nouvelles représentations viennent bousculer ces stéréotypes. Confronté à des problèmes d'ordre géopolitique, économique ou climatique, le mode de vie des Touaregs est en pleine mutation. Les images de ces actualités, complexes à appréhender, véhiculent parfois des amalgames de scènes négatives qui pourraient bien construire de nouveaux fantasmes.
Pour dépasser ces représentations, l'exposition propose au visiteur de découvrir cette population, dans la complexité et le dynamisme qui la caractérise.
Une identité culturelle exprimée à travers une série de codes esthétiques
Constitué de différentes confédérations réparties sur un très vaste territoire et comportant chacune ses spécificités, le peuple touareg possède toutefois une identité forte qui fédère les différentes régions. C'est notamment à travers la langue et l'esthétique que s'affirme cette identité. Ainsi le style touareg prend forme dans l'art de la parole, l'écriture, la poésie. Mais il s'incarne aussi à travers l'artisanat et les parures. Déclinée notamment dans les bijoux et les amulettes, les accessoires en bois ou les motifs des cuirs cette esthétique se définit par différentes caractéristiques : la sobriété, l'équilibre, la géométrie, les couleurs et le mouvement.
A gauche et de haut en bas : Pendant d'oreille " taseggur " (Niger, Touareg Iw ellemmenden Kel-Denneg - 20e s.), Collier " khumeysa " (Mali, Touareg - 20e s.), détail d'un sac cavalier (Niger ou Algérie, Touareg - 20e s.)
A droite : Collier " shatshat " (Niger, Touareg Iw ellemmeden Kel-Denneg - 20e s.) photos Mathias Benguigui, musée des Confluences
Les Touaregs utilisent ces codes pour mieux s'en affranchir, en les déclinant très librement. De même, ils se nourrissent d'influences extérieures. Les techniques comme les matériaux et les goûts évoluent. Par exemple, l'or, autrefois délaissé car considéré comme trop ostentatoire, est venu rejoindre la panoplie des bijoux des jeunes femmes.
Détourner les codes traditionnels pour réaffirmer son identité
Sécheresse et désertification croissante, conflits armés régionaux, rébellions locales des tribus face aux Etats créés après la décolonisation, exploitation des ressources minières du Sahara constituent tout autant de bouleversements mettant à mal l'identité culturelle des Touaregs. Tandis que certains se livrent à la lutte armée, d'autres ont pris le parti de s'affirmer en jouant sur l'image qu'ils renvoient au reste du monde. Ainsi, un artisanat touareg exclusivement dédié aux touristes s'est développé, détournant les codes traditionnels au profit d'objets destinés aux occidentaux comme des étuis pour téléphones portables. Les bijoux sont adaptés à l'esthétique et aux usages occidentaux, tandis qu'à l'inverse, l'esthétique touarègue inspire les marques, telles qu'Ombre Claire, Cotélac ou Hermès, qui travaillent avec les Touaregs pour la production de bijoux et de maroquinerie destinés au marché occidental.
Parallèlement, plusieurs groupes rock touaregs sont reconnus sur la scène internationale et ont trouvé en cela un moyen puissant et pacifique de faire entendre leur voix, tels que Kel Assouf, Tinariwen ou Bombino.
Rappel / Les Touaregs vivent un territoire recouvrant plusieurs états de la zone saharienne : Mali, Niger, Algérie, Libye, Burkina Faso,. On retrouve également quelques communautés au Tchad et au Nigeria. Difficile à recenser, le nombre de Touaregs est estimé entre 1, 5 et 3 millions d'individus.
Une exposition conçue, réalisée et scénographiée par le Musée des Confluences - Du 17 octobre 2017 au 4 novembre 2018 - www.museedesconfluences.fr
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