Un génie infiniment précoce, protéiforme, qu'embauche dés l'âge de quinze ans, aux côtés de Daumier et Gavarni, l'éditeur parisien Charles Philipon et qui meurt à quarante neuf ans à peine, laissant derrière lui une oeuvre immense, d'une rare complexité. Avec cette rétrospective magistrale (la première depuis 1983), consacrée à Doré, illustrateur et caricaturiste infatigable mais aussi peintre et sculpteur, Orsay révèle au grand public des aspects du travail de l'artiste longtemps ignorés.
Visite avec Marianne Lohse
De Adrien Tournachon (1825-1903) : Gustave Doré barbu, vers 1854
Photographie, 23,3 x 17 cm
Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et de la Photographie
© Bibliothèque Nationale de France
Témoins, ces peintures colossales. Lugubres, morbides, certaines glacent d'effroi: on est loin des images fantasques, drôles, épiques, illustrant «l'Enfance de Pantagruel» ou «Les contes de Perrault». A 18 ans, sans jamais avoir intégré un atelier, le jeune Alsacien présente ses premières toiles au Salon. Son insuccès en tant que peintre est largement compensé par sa formidable réussite en tant qu'illustrateur. Il publie, de 1854 à 1863, des livres majeurs, produisant des images éblouissantes pour «Les Contes drolatiques» de Balzac, «L'Enfer» de Dante ou le «Don Quichotte» de Cervantès.
Miguel de Cervantès
Frontispice de L'Ingénieux hidalgo Don Quichotte de la Manche, illustré par Gustave Doré, gravé par Héliodore Pisan (1822-1890), Paris, Librairie Hachette, 1863,
in-fol. 1863 33 x 44 x 7 livre fermé
Paris, Bibliothèque nationale de France, réserve des Livres rares
© Bibliothèque Nationale de France
Gustave Doré
L'enfance de Pantagruel, vers 1873
Aquarelle, plume et encre brune sur traits de crayon, rehauts de gouache blanche, 36 x 47,8 cm
Strasbourg, Musée d'Art Moderne et Contemporain de Strasbourg
© Photo musées de Strasbourg
Gustave Doré
Le Christ quittant le prétoire, 1876-1883
Huile sur toile, 482 x 722 cm
Nantes, musée des Beaux-arts
© RMN-Grand Palais / Gerard Blot
A Londres où triomphe Sa Bible(1866), il ouvre la Doré Gallery : elle diffusera jusqu'en Amérique ses toiles et ses gravures. L'exposition dédie une passionnante section aux œuvres de Doré inspirées par ses séjours londoniens. S'aventurant dans les pires coupe-gorges, il livre de la capitale britannique («London, a Pilgrimage») une vision qui n'est pas sans rappeler l'épouvantail social dépeint par Dickens.
Gustave Doré
Pauvresse à Londres, 1869
Lavis, plume et rehauts de gouache blanche, 46,3 x 30,6 cm
Strasbourg, Musée d'Art Moderne et Contemporain de Strasbourg
© Photo musées de Strasbourg
Il mourra avant d'avoir mené à bien son chantier le plus prodigieux : l'illustration de Shakespeare. Riche, dépensier, mondain, épris de reconnaissance sociale, Doré est un homme plein de contradictions : frustré jusqu'à la fin de ne pas s'être imposé comme «le» peintre de sa génération. Mais ce même homme est aussi un grand marcheur, un alpiniste épris de solitude dont les paysages romantiques ne peuvent laisser indifférent.
Gustave Doré
Lac en Ecosse. Après l'orage, 1875-78
Huile sur toile, 90 x 130 cm
Grenoble, musée de Grenoble
© Musée de Greno
Avec beaucoup de pertinence, les commissaires Edouard Papet et Philippe Kaenel, ont accordé la part belle à l'influence des images de Doré sur le cinéma. Les metteurs en scène ont largement puisé dans ce réservoir fantastique, de Cecil.B .De Mille à Tim Burton, de Jean Cocteau à Roman Polanski.
Gustave Doré
« Le château enchanté » dessin préparatoire à La Belle au bois dormant illustré par Gustave Doré, vers 1867-1869
Lavis, plume et encre brune, crayon, estompe et rehauts de gouache blanche, 42,5 x 33 cm
Strasbourg, Musée d'Art Moderne et Contemporain de Strasbourg
© Photo musées de Strasbourg
Mort en 1883, Doré a raté de peu la naissance du cinématographe. On rêve en imaginant ce qu'il aurait pu faire d'images en mouvement.
Marianne Lohse
Gustave Doré
Joyeuseté, dit aussi À saute-mouton, vers 1881
Bronze, 36,5 x 27 x 17 cm
Paris, musée d'Orsay
© Musée d'Orsay, Dist.RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt
Musée d'Orsay, niveau 0 et niveau 5.
Jusqu'au 11 mai 2014.
1 rue de la Légion d'Honneur, 75 007 Paris .
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