Deux expositions à ne pas rater : Cité de l'Architecture et Atelier Grognard

A Paris, Cité de l'Architecture et du Patrimoine: 1925, quand l'Art Déco séduit le monde

Si vous n'avez pas vu cette superbe exposition, précipitez- vous! C'est, depuis 1975, la première grande rétrospective rendant hommage à une époque trépidante. Et à une esthétique qui a connu et connait toujours un succès extraordinaire dans le monde entier. Abritée par le Palais de Chaillot, chef d'œuvre de l'Art Déco tardif (il fut achevé en 1937), elle prend en compte la période 1920-1940, avec une passionnante évocation de l'Exposition de 1925, vitrine et tremplin des arts décoratifs.

Mobilier, maquettes, dessins d'architecture, sculptures, peintures, objets d'art témoignent d'une diversité, d'une richesse de la production française alors inégalées. On s'attarde avec bonheur devant la reconstitution des pavillons des Grands Magasins parisiens, devant les somptueux décors de l'hôtel du Collectionneur. On reste médusé par l'extraordinaire modernité, le luxe des paquebots de l'entre deux guerres, véritables châteaux des mers.

L'Art Déco, né de l'impulsion de créateurs tels les architectes Henri Sauvage et Robert Mallet-Stevens, les décorateurs Louis Süe, André Mare ou Jacques-Emile Ruhlmann, se diffuse très rapidement d'autant que les étrangers déferlent dans la capitale.

Tableau de Louis Bouquet
Albert Laprade, entouré (de gauche à droite) du sculpteur Janniot,
du peintre Bouquet et de son modèle Josépha, du décorateur
Jacques-Emile Ruhlmann et de l'architecte Bazin. 1931
Huile sur toile, Collection particulière © DR

«Le fait que ce style fasse appel à des formes géométriques le rend facilement adaptable à l'imaginaire de chaque nation. Il y a un Art Déco serbe, un Art Déco indien, un Art Déco carioca » observe Emmanuel Bréon, commissaire de l'exposition, avec Philippe Rivoirard. Le frénétique besoin de changement, de renouveau qui touche créateurs et clientèle de prestige après la Grande Guerre va s'étendre à un plus large public.

Gabriel Moiselet (1885-1961)
Le Masque nègre, 1929, Huile sur toile, Collection H. Gros

© Marc Guermeur

A partir de 1920, les avancées technologiques (aviation, automobile, radio, cinéma) inspirent architectes et artistes. Paris est une fête, des personnalités comme Tamara de Lempicka, Kiki de Montparnasse ou Joséphine Baker contribuent à véhiculer le style Art Déco et incarnent aussi un non-conformisme affirmé.

Tête de mannequin de femme blonde
Siegel, Objets divers Plâtre peint

© Musée des Années 30 (M-A30),Boulogne-Billancourt

                                                                                                       Tamara de Lempicka
                                                                                          Portrait de Suzy Solidor 1933
                                                                               Château-musée de Cagnes-sur-Mer
                                                                                          © 2013 Tamara Art Heritage/
                                                                                Licensed by Museum Masters NYC

Cité de l'Architecture et du Patrimoine, Palais de Chaillot, 1 place du Trocadéro. 75016 Paris. Exposition prolongée jusqu'au 3 mars 2014.
 

A Rueil-Malmaison, Atelier Grognard : les Peintres du Paysage provençal

Devenu pour Rueil-Malmaison et sa région un véritable pôle culturel, l'Atelier Grognard (une ancienne fabrique de plaques de gravures) poursuit sa programmation autour des grands courants picturaux. Cette fois, c'est l'influence de l'école de Marseille sur la représentation du paysage au XIXème siècle et au début du XXème siècle qui est mise en évidence. Une vision lumineuse, exaltante, née d'une passion commune: celle des artistes provençaux et parisiens.

Ecole de Marseille : Paul Guiguou
Paysans devant la Saint-Victoire, 1867
Huile sur toile, 55 x 80 cm
Collection Fondation Regards de Provence

A une première génération de peintres, élèves d'Emile Loubon, directeur de l'Ecole des Beaux Arts de Marseille comme Paul Guigou ou Raphaël Ponson, en succède une autre, dans les décennies 1870-1880. «Ces peintres, Jean- Baptiste Olive, Adolphe Monticelli ou Joseph Garibaldi poussent le naturalisme provençal dans des innovations hardies telles la superposition des plans, une mise en pages japonisante, sans jamais céder au folklore» constate le commissaire, Hervé Duval.

Naturalisme en Provence : Jean-Baptiste Olive
Entrée du Vieux Port, vue du Pharo
Huile sur toile, 50 x 75,5 cm
Collection Fondation Regards de Provence

La majorité des œuvres montrées par l'Atelier Grognard (prés d'une centaine de toiles et dessins) provient de la riche collection de la Fondation Regards de Provence dont nous avions pu voir, lors de Marseille-Provence 2013, le tout récent musée, superbe réhabilitation de la station sanitaire de Fernand Pouillon.

Un "Fauve" provençal : René Seyssaud
Le faucheur, 1944
Huile sur toile, 55 x 46 cm
Collection Fondation Regards de Provence
© Adagp, Paris 2013

L'intérêt majeur de cette exposition, tient à la présence, éclatante, d'un fauvisme méridional, jailli treize ans avant Matisse selon les propos du maître. A côté de peintres majeurs «parisiens», Signac, Marquet, ou Manguin, on redécouvre René Seyssaud, sublime artiste provençal. Un avant-gardiste, « ivre de soleil et de couleur».

L'attrait du Midi : André Lhote
Le déjeuner du marin, 1929
Huile sur toile, 72 x 91 cm
Collection Fondation Regards de Provence
© Adagp, Paris 2013

Atelier Grognard, 6 avenue du Château de Malmaison, 92500 Rueil - Malmaison
Jusqu'au 17 mars 2014

Marianne Lohse