Au Musée Maillol à Paris : "Pompéi, un art de vivre"
Le 24 août de l'an 79 apr. JC, le Vésuve entre en éruption et Pompéi se fige dans la cendre. Dix sept siècles plus tard, la cité romaine, redécouverte, émerveille l'Europe. Elle n'a pas fini de nous faire fantasmer, notre imaginaire se nourrissant du roman de Bulwer- Lytton. Ou du film «Gladiator». « Nous avons voulu, en montrant cette ville «cristallisée», évoquer le raffinement d'un monde disparu», souligne Patrizia Nitti, directrice artistique du Musée Maillol qui consacre à l'art de vivre à Pompéi l'une des plus intéressantes expositions de l'année.
Visite avec Marianne Lohse
OEnochoé en forme de tête de femme - Première moitié du Ier siècle après J.-C.
Bronze incrusté d'argent et de cuivre, H. 13,7 ; L. de 6 à 9 cm
Fouilles d'Herculanum, réserves archéologiques, Inv. 77839
© Soprintendenza Speciale per i Beni Archeologici di Napoli e Pompei
Si les théâtres, temples et thermes antiques sont bien connus, rarissimes sont les maisons et villas à avoir survécu. Maillol nous entraîne à la découverte de la sphère privée: celle d'une «domus pompeiana», une demeure aisée. Près de 200 œuvres venus de sites vésuviens et des principaux musées italiens jalonnent un parcours placé sous le signe d'une surprenante modernité : la domus, telle que Maillol la met en scène, semble tout à fait vivable avec son eau courante, son chauffage central, ses bains privés, son agréable jardin.
Èphèbe, Maison de Fabius Rufus
Fin de la république – début de l'empire
Bronze : fonte et damasquinage, H. totale 139 cm
Fouilles de Pompéi, réserves archéologiques, Inv. 13112
© Soprintendenza Speciale per i Beni Archeologici di Napoli e
Pompei/Archivio dell'Arte/Luciano Pedicini
Table en marbre, Epoque augustéenne
Marbre égéen blanc, Piètement, H. 78 ; plateau, L.141,1, l. 78 cm
Fouilles de Pompéi, réserves archéologiques, Inv. 0683
© Soprintendenza Speciale per i Beni Archeologici di Napoli e
Pompei/Fotografica Foglia
Accueillant le visiteur, l'atrium (il fait office de vestibule) aux fresques ornées de divinités et de génies ailés et d'un bassin recueillant les eaux de pluie. Les «clients» du maître de maison y défilent. L'autel domestique ou laraire dédié aux dieux lares protecteurs, y trouve parfois sa place.
Réchaud, Ier siècle après J.-C., Maison des Quatre styles
Bronze, argent ; fonte, tour, damasquinage
H. totale 96 ; diam. max. 44 cm
Fouilles de Pompéi, réserves archéologiques, Inv. 6798
© Soprintendenza Speciale per i Beni Archeologici di Napoli e
Pompei/Fotografica Foglia
Donnant sur l'atrium, la culina (cuisine) pourvue de toutes sortes d'instruments, le plus souvent en bronze ou en terre cuite. Destiné aux banquets, le triclinium (salle à manger) est meublé de lits à trois places aux têtes en forme de cygnes ou de satyres.
Poséidon et Amphitrite sur un char conduit par des Tritons
Murs du triclinium de la villa de Carmiano
Période flavienne, Enduit peint à la fresque
H. 265 ; murs est et ouest, L. 546 ; murs sud et nord, L. 482 cm
Fouilles de Castellammare di Stabia, réserves archéologiques
Inv. 63683 ; 63684 ; 63685 ; 63686 ; 63687
© Soprintendenza Speciale per i Beni Archeologici di Napoli e
Pompei/Fotografica Foglia
Reflet de la puissance et du bon goût des hôtes, le triclinium possède d'élégants tapis de mosaïque, de somptueuses natures mortes et dans les maisons les plus opulentes, de la vaisselle d'or ou d'argent. Difficile de ne pas penser aux agapes dont Pétrone se fait l'écho dans le Satiricon.
Barques avec Pygmées, Maison du Sculpteur
Scène nilotique, Ier siècle après J.-C.
Enduit peint à la fresque, H. 78 ; L. 209 cm
Fouilles de Pompéi, réserves archéologiques, Inv. 41654
© Soprintendenza Speciale per i Beni Archeologici di Napoli e
Pompei/Fotografica Foglia
On s'attardera volontiers devant les meubles et objets exhumés des bains privés. Dans les villes campaniennes existaient des thermes publics avec leurs succession de salles: frigidaria, tepidaria, calidaria, laconica(bains froids, tièdes, chauds et de vapeur). Relié au réseau d'un aqueduc ou utilisant ses propres citernes, le balneum, pour les plus riches, dispose de baignoires de marbre ou de bronze et d'une flopée de miroirs d'argent, de vases, de fioles destinés aux soins du corps. Crèmes et onguents étaient raclés à l'aide de strigiles. De magnifiques bijoux d'or, délicatement ciselés, ajoutent encore à la sophistication des lieux.
Statuette d'Hermaphrodite, Ier siècle après J.-C., Maison de Loreius Tiburtinus
Marbre blanc, H. 38 cm ; L. 75 cm ; l. 38 cm
Fouilles de Pompéi, réserves archéologiques, Inv. 3021
© Soprintendenza Speciale per i Beni Archeologici di Napoli e
Pompei/Fotografica Foglia
L'érotisme parfois très cru qui fleurit dans la ville avec ses phallus sculptés ou peints à tous les coins de rues, n'est pas éludé. Loin de nos tabous judéo-chrétiens, il faut voir, dans cette sexualité débridée, à en croire Antonio Varone, directeur des fouilles à Pompéi «une source de vie et de joie, une force magique, capable d'éloigner les esprits du mal et de protéger maison et lieu de travail contre le mauvais œil».
Coffre-fort, Ier siècle avant J.-C. - Ier siècle après J.-C.,
Bronze, H. 101 ; L. 58 ; l. 92 cm
Naples, Museo Archeologico Nazionale, Inv. 73021
© Soprintendenza Speciale per i Beni Archeologici di Napoli e
Pompei/Archivio dell'Arte/Luciano Pedicini
Marianne Lohse
Jusqu'au 12 février 2012.
Musée Maillol - Fondation Dina Vierny, 61 rue de Grenelle 75007 Paris.
Tel : 01 42 22 59 58 Nocturnes certains lundis.
