L'Age roman au temps des comtes-ducs d'Aquitaine à Poitiers

"La France se couvre d'un blanc manteau d'églises"... Voilà comment le moine clunisien Raoul Glaber décrivait la France autour de l'an mil...

C'est vrai que le 10e siècle est une période de très forte croissance démographique et de prospérité économique sans pareil dans l'ensemble du royaume et en particulier dans le Poitou.

Après les invasions barbares qui ont détruit énormément d'édifices, c'est une période de reconstruction. La construction de monuments civils et religieux se multiplient à Poitiers. Depuis l'Antiquité, Poitiers était une grande ville qui a été capitale de la Province d'Aquitaine jusqu'à la fin du Moyen-Age, une capitale plus particulièrement spirituelle. Ce n'est pas un hasard si les comtes-ducs d'Aquitaine y avaient leur palais...

L'architecture romane se développe à ce moment-là. Les modes de construction qui sont à l'œuvre font que l'on multiplie les supports pour la sculpture. Avec les voutes en berceau qui vont couvrir tous ces édifices il faut des supports. Ces supports sont les colonnes et les piliers surmontés de chapiteaux. Il y a donc de nombreuses surfaces à sculpter. Il y a également un développement de programmes sculptés sur les façades et les portails. "Ce qui reste aujourd'hui et qui est emblématique de l'art roman, c'est d'abord de la sculpture", explique Anne Beneteau Péan, commissaire de l'exposition. "La sculpture étant la forme d'art que l'on identifie le plus facilement comme l'art roman par excellence"

 

 

C'est donc un enchainement de sculptures dont voici quelques éléments, que vous découvrirez dans l'exposition. De véritables chefs-d'oeuvre qui sont disposés à hauteur d'homme ce qui est un régal pour les yeux... 
 

 

châsse-reliquaire, 11e siècle, calcaire

Mirebeau, ancien prieuré Saint-André, Musée de Poitiers, cession de la SAO en 1947. Cette châsse-reliquaire est sculptée uniquement sur une des quatre faces. On y observe un religieux en prière

 

 

 

Figure de fontaine : cervidé,  Haut Moyen Age, calcaire

Poitiers, rue des Carolus.

Trouvé en fouille à l'emplacement de l'ancienne abbaye Sainte-Croix

Musée de Poitiers

 

 

 

Chapiteau dit de "la  Dispute", 3e quart du 11e siècle

calcaire, traces de polychromie rouge et jaune

Poitiers, quartier Saint-Hilaire, rue de la Tranchée

Musée de Poitiers, cession de la SAO en 1947

 

Depuis sa présentation à l'exposition universelle de 1937, ce chapiteau provenant du bourg Saint-Hilaire à Poitiers est classé parmi les chefs-d'oeuvre de l'art français 

 

Le Musée Sainte-Croix est l'héritier des collections rassemblées par la Société des Antiquaires de l'Ouest (SAO) au 19e siècle qui est une des premières sociétés savantes en France et qui a encore pour vocation de sauver du patrimoine bâti ou des éléments d'édifices démolis. La SAO a cédé ses collections à la ville de Poitiers en 1947.

 

En fin de parcours de l'exposition, carte blanche est donnée aux différentes institutions de conservation du patrimoine, telle que la SAO, le Musée des Monuments français, le Centre d'études supérieures de civilisation médiévale...Ces "cartes blanches" permettent de faire état des découvertes et des recherches récentes sur l'archéologie romane.

C'est ainsi qu'est présenté le manuscrit le plus prestigieux de la Médiathèque de Poitiers : une Vie de sainte Radegonde, composée par Venance Fortunat (vers 530-600) copiée vers 1100. Les couleurs des miniatures, presque intactes, font de ce manuscrit un ouvrage vraiment exceptionnel.

 

Venance Fortunat

Copie de l'an 1100 d'après un original du 6e siècle

 

L'exposition au Musée Sainte-Croix s'inscrit dans une série de manifestations autour de l'art roman, dans toute la région. L'exposition est née d'un projet fédérant plusieurs musées (comme ceux de Saintes ou d'Angoulême) qui, chacun à sa façon, apportent son propre éclairage sur la période romane selon ses collections.

 

Ne quittez pas Poitiers sans aller voir ou revoir Notre Dame la Grande...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vous pouvez également vous rendre au Palais de Justice, l'ancien château des comtes-ducs d'Aquitaine, qui abrite une vaste salle d'architecture romane.

C'est Aliénor d'Aquitaine qui décide de sa construction de 1192 à 1204.  Cette salle est probablement la plus vaste de l'époque (50 mètres sur 17) en Europe. Elle n'a pas de plafond, et on peut voir la charpente en châtaignier, construite en 1862 par les charpentiers de marine de La Rochelle. C'est l'actuelle salle des pas perdus du Palais de Justice.

 

 

 

 

 

L'Age roman au temps des comtes-ducs d'Aquitaine

Exposition du 16 septembre 2011 au 16 janvier 2012

Musée Sainte-Croix, Poitiers

3 bis rue Jean-Jaurès