Les Galeries Nationales du Grand Palais en auront vues de ces longues files de visiteurs attendant de pénétrer dans cet espace privilégié où les grandes expositions se succèdent avec, pour le public, le même attrait.
La rétrospective "Claude Monet" n'échappe pas à la règle : le visiteur est au rendez-vous et la file d'attente s'allonge...
Il faut dire qu'une fois encore le programme proposé est des plus alléchants. 200 chefs-d'œuvre du peintre sont là, venus du Musée d'Orsay et d'autres musées français, de collections particulières et de musées étrangers américains notamment. Un parcours pictural d'une incroyable diversité qui illustre parfaitement les recherches du peintre sur la lumière et ses jeux.
Autoportrait
1917, huile sur toile,
Musée d'Orsay
Textes et photos : Guy Riboreau ©
Claire en France vous permet, à vous visiteurs lointains ou qui n'auront pas la chance de venir voir l'exposition, d'en admirer quelques toiles. Pour les autres, les bienheureux qui viendront aux Galeries nationales du Grand Palais, cet article pourra servir de promenade apéritive...
Il est rare qu'autant de chefs-d'œuvre puissent être réunis en un lieu unique, savamment classés par thèmes et par époques, montrant toile après toile, comment Monet a voulu, avec obstination, presque avec acharnement, se confronter aux multiples changements de la lumière et tenter d'en rendre compte dans sa peinture.
Peintre avant tout de la nature, Monet a peint de nombreux paysages de France, d'Italie, de Grande Bretagne. C'est tout naturellement que la première partie de l'exposition est placée sous le thème "Devant la nature". Et la chronologie de son travail y est globalement respectée.
Section Normandie
On sait que Claude Monet est né à Paris le 14 novembre 1840. Il a 5 ans quand la famille Monet s'installe au Havre. Adolescent, il dessine et se taille un franc succès comme caricaturiste. Il rencontre Eugène Boudin et se met à peindre en sa compagnie.
A vingt ans il est à Paris où il se perfectionne à l'Académie Suisse. Il y rencontre Pissarro.
Après un service militaire en Algérie en 1862, il revient au Havre et rencontre Jongkind.
De fréquents séjours parisiens l'amènent à fréquenter Renoir et sans doute Sisley.
Tout naturellement, dès qu'il a commencé à maîtriser l'art de la peinture, ce sont les sujets normands qui l'ont inspiré. Témoins ces quelques toiles dans la première section "Normandie" de l'exposition :
Terrasse à Sainte Adresse
1867, huile sur toile,
Metropolitan Museum of art, New York
La plage de Sainte Adresse, temps gris,
1867, huile sur toile,
The Art Institute of Chicago
L'entrée du port de Trouville,
1870, huile sur toile,
Budapest, Szépmüvészeti Múseum
Le bassin du Commerce, Le Havre,
1874, huile sur toile,
Liège, Musée d'Art moderne et contemporain
De la fin des années 1860 à celle des années 1870, Monet va peindre en région parisienne avant de se réfugier à Londres pendant la guerre franco-prussienne. En 1871, il séjourne en Hollande (il y reviendra en 1886) avant de s'établir à Argenteuil en décembre.
Champ de tulipes en Hollande
1886, huile sur toile,
Paris, Musée d'Orsay
Section Argenteuil et la banlieue
Les coquelicots à Argenteuil,
1873, huile sur toile,
Paris, Musée d'Orsay
La Seine à Bougival, le soir
1870,huile sur toile
Northampton, Smith College Museum of Art
Les déchargeurs de charbon,
1875, huile sur toile,
Paris, Musée d'Orsay
En 1874, Monet participe à la première exposition impressionniste. Les critiques tenants de la peinture classique se déchaînent contre le mouvement.
La Section Paris nous montre un Monet fasciné par la gare Saint-Lazare et les fumées des locomotives :
La gare Saint Lazare à l'extérieur,
1877, huile sur toile
Hanovre, Niedersächsisches Landsmuseum
La gare Saint Lazare, train de Normandie
1877, huile sur toile
The Art Institute of Chicago
Le Quai du Louvre
1867, huile sur toile
La Haye, Haags Gemeentemuseum
Section Vétheuil
Monet s'installe en 1878 avec sa famille (Camille Doncieux, son modèle, épousée en 1870 et dont il aura eu 2 fils, Jean et Michel) à Vétheuil, à l'ouest de la région parisienne, dans une maison partagée avec la famille Hoschedé. Il parcourt les berges de la Seine toujours en quête de paysages et de jeux de lumière qu'il peint inlassablement...
Vétheuil
1879, huile sur toile,
Melbourne, National Gallery of Victoria
Camille meurt en 1879 à l'âge de 32 ans. Monet en est très affecté.
Camille Monet sur son lit de mort
1879, huile sur toile,
Paris, Musée d'Orsay
mais il peint plus que jamais et revient au Salon des impressionnistes avec cette toile, Lavacourt :
Lavacourt
1880, Huile sur toile
Dallas Museum of Arts
Vétheuil en été, Vétheuil en hiver, glaçons sur le fleuve... onze toiles de cette série figurent au catalogue.
Vient ensuite la Section Normandie 1880 où Monet, renouant avec le littoral normand, promène son chevalet d'Etretat à Dieppe
.Ombres sur la mer à Pourville
1882, huile sur toile
Copenhague, Ny Carlsberg Glyptotek
L'église de Varengeville à contre-jour
1882, huile sur toile
Birmingham, The Trustees of the Barber Institute of Fine Arts,
University of Birmingham
En 1883, Monet achète une maison à Giverny. Il s'y installe avec ses deux fils mais aussi avec Alice Hoschedé et ses six enfants.
Puis, désireux d'explorer d'autres lumières, Monet part pour la Bretagne, à Belle-Ile précisément, en 1886. Il y peint les rochers de la Côte sauvage, Port Coton, Port Domois. A New York, pendant ce temps, le galeriste Durand-Ruel expose une quarantaine de toiles du peintre.
Nouveau voyage en 1889, pour la Creuse cette fois :
Creuse, soleil couchant
1889, huile sur toile
Colmar, Musée d'Uterlinden
Entre son retour en Normandie et la Creuse, Monet, en 1884, aura empli ses yeux et ses toiles du soleil de la Méditerranée : l'Estérel, Antibes, Cap Martin, Roquebrune et une escapade en Italie...
Jardin Moreno à Bordighera,
1884, huile sur toile,
West Palm Beach, Norton Gallery and School of Art
S'il fut d'abord un peintre de la nature dans ce que ses paysages ont de plus changeants, Monet s'est également investi dans le portrait, celui de ses amis comme Courbet mais aussi portraits de sa famille à laquelle il était très attaché.
Adolphe Monet lisant dans un jardin
1866, huile sur toile
Collection particulière
La Capeline rouge, Madame Monet
1873, huile sur toile
Cleveland, The Cleveland Museum of Art
Méditation, Madame Monet au canapé
1870-1871, huile sur toile
Musée d'Orsay
Du portrait, Monet passe à la nature morte, fleurs et fruits, trophée de chasse...
Nature morte au melon,
1872, huile sur toile,
Lisbonne, Museu Calouste Gulbenkian
Les Meules... On croit les avoir toutes vues ces célèbres répétitions de la même scène sous des éclairages différents. Monet les a commencées en 1890. L'exposition en présente cinq.
Meules, fin de l'été, effet du matin,
1890, huile sur toile,
Musée d'Orsay
Meules, effet de gelée blanche
1891, huile sur toile,
Edimbourg, National Gallery of Scotland
Répétitions encore avec ces façades de la cathédrale de Rouen. Monet en aura peint une bonne trentaine. Cinq sont alignées au Grand Palais. à côté des interprétations "pop art" de Roy Lichtenstein.
Les cinq "cathédrales"
Paris, Musée d'Orsay
Cathédrale de Rouen,
Musée d'Orsay
Si Monet a surtout peint sur toile, il a également sacrifié à la décoration sur d'autres supports. Il faut dire qu'il s'agissait, le plus souvent, d'une façon de payer sa note d'hôtel !
Etretat, L'Aiguille et la porte d'aval,
1885-1886, huile sur bois,
Toronto, Art Gallery of Ontario
Deux villes étrangères auront fasciné Monet : Londres et Venise.
Londres et ses brouillards. Monet y séjournera chaque année entre 1899 et 1901...
Le Parlement, trouée de soleil La Tamise et le Parlement
dans le brouillard, 1904, 1871, Londres, National Gallery
Paris, Musée d'Orsay
Venise avec ses effets de lumière sur les canaux et la lagune...
Venise, le Grand Canal, 1908 Venise, Saint George le Majeur, 1908
San Francisco, California Palace Indianapolis Museum of Art
of the Legion of Honor
Les nymphéas de son jardin de Giverny, Monet ne cessera de les reproduire, eux aussi. Harmonie verte, harmonie rose, avec ou sans saule pleureur... Il avait fait creuser le plan d'eau en 1893.
Nymphéas avec rameau de saule
vers 1916-1919, huile sur toile
Paris, Lycée Claude Monet
Nymphéas, 1904, huile sur toile
Le Havre, Musée André Malraux
Nymphéas, 1908, huile sur toile
Vernon, Musée de Vernon
En 1914, Claude Monet commence la série des grands nymphéas (Musée de l'Orangerie). Il en fera la donation officielle à l'Etat en 1922.
L'année suivante, Monet qui ne voit plus guère se fait opérer de la cataracte.
Il poursuivra son travail sur les nymphéas jusqu'à sa mort le 5 décembre 1926.
A noter que cette très riche et très belle rétrospective aurait été plus étoffée encore s'il n'y avait eu une deuxième exposition Monet au Musée Marmottan à la même période...
Claire en France tient à remercier la Réunion des Musées Nationaux (RMN) pour son autorisation de photographier les tableaux de la rétrospective Claude Monet.
Textes et photos : Guy Riboreau
L'ensemble des tableaux de l'exposition est visible sur le site interactif créé par la Réunion des Musées Nationaux :
Lire "Chez Claude Monet à Giverny" sur Claire en France
La ligne de partage des eaux en Ardèche et ses oeuvres d'art Vins de Montlouis / L'Eco-Musée d'Alsace à Ungersheim (Haut-Rhin) : traditions architecturales et fêtes en tous genres / Vibrante Bilbao / Le temps d'un week-end ou d'un court séjour, Tours mérite bien une escapade / Séjour week-end à Honfleur / Truffe au vent en Pays Cathare / Visite d'un sous-marin nucléaire : Le Redoutable, c'est à Cherbourg, CITE DE LA MER / La Cité de la Mer à Cherbourg : pour apprendre et se divertir / Savoir-faire et faire-savoir
Claire en France aime bien recevoir vos avis et suggestions. N' hésitez pas ! Le formulaire de contact et les espaces commentaires sont là pour cela