C'est l'événement-phare de l'automne. Le Palais Galliera qui présente l'exposition " Frida Kalho Au-delà des apparences " ne désemplit pas. Deux cents objets ayant appartenu à la pasionaria mexicaine ravivent sa légende. Et révélent son extraordinaire pouvoir de séduction.
Visite avec Marianne Lohse,
Affiche : photo de Frida Kahlo par Toni Frissell, Vogue US 1937. Frida Kahlo by Toni Frissell, US Vogue 1937. © Toni Frissell, Vogue © Condé Nast
L'ironie veut que cette artiste farouchement anti-capitaliste (à sa mort ses amis déposèrent sur son cercueil un drapeau orné de la faucille et du marteau) soit devenue une star de la pop culture et de la société de consommation. D'innombrables mugs, bouteilles de Tequila, chaussures - un comble pour une handicapée - portent l'effigie de Frida Kahlo.
La sublime exposition du Palais Galliera " Frida Kahlo Au -delà des apparences " montre - et c'est fascinant - comment la pasionaria a fait de ce petit corps fragilisé, martyrisé, un instrument de séduction. Et un manifeste politique : celui de sa mexicanité.
Autoportrait au Resplandor, Frida Kahlo, 1948 Self-portrait with a Resplandor, Frida Kahlo, 1948 © DR, collection privée © Diego Rivera and Frida Kahlo archives, Bank of México, fiduciary in the Frida Kahlo and Diego Rivera Museums Trust
Circé Henestrosa, conceptrice et commissaire de l'exposition, a rassemblé près de 200 objets venus de la maison natale de Frida, Casa Azul, à Coyoacan, au sud de Mexico. L'artiste y est morte à l'âge de 47 ans. Frida aimait dire qu'elle était née avec la Révolution mexicaine, en 1910 (en réalité elle était née en 1907 et elle demanda même à sa sœur cadette, Cristina, de se rajeunir aussi).
A gauche : Huipil en coton brodé à la main au fil noir; jupe longue semi-synthétique cotton huipil hand-embroidered in black thread; semi-synthetic full length skirt © Museo Frida Kahlo - Casa Azul collection - Javier Hinojosa, 2017
A droite : Manteau en coton guatemalais, huipil Mazatec brodé à la main et rubans de satin. Guatemalan cotton coat, Mazatec huipil hand-embroidered and satin ribbons © Museo Frida Kahlo - Casa Azul collection - Javier Hinojosa, 2017
Pour la première fois à Paris, on découvre cette somptueuse garde-robe : jupes et corsages traditionnels brodés de la région de Tehuantepec, châles tissés (rebozos), coiffes tuyautées qui plaisaient tant à son mari Diego Rivera mais aussi bijoux de jade pré-colombiens, fards, antalgiques, corsets de cuir et de plâtre métamorphosés en œuvres d'art et jusqu'à cette prothèse qu'il lui fallait fixer au genou de sa jambe droite amputée.
Prothèse de jambe avec botte en cuir et soie brodée de motifs chinois. Prosthetic leg with leather boot and appliqued silk with embroidered chinese motifs. © Museo Frida Kahlo - Casa Azul collection - Javier Hinojosa, 2017
Frida n'en finit plus de souffrir nous disent ses autoportraits. Mais elle défie la mort jusqu'à la fin. Une guerrière d'une saisissante beauté avec son regard pénétrant, son monosourcil, son ombre de moustache assumée. On la sent sûre de plaire quand elle pose dans le studio newyorkais de son amant, le photographe Nick Muray. Ou pour Toni Frissel (Vogue,1937).
Même assurance déjà devant l'objectif de son père, Guillermo Kalho Elle a 21 ans et porte un costume d'homme qui lui permet de dissimuler ses blessures. Frida a contracté la polio enfant et réchappé par miracle à un accident de bus qui lui laissera toute sa vie de terribles douleurs.
En 1929, elle épouse Diego Rivera, le célèbre peintre muraliste. " La colombe se marie à l'éléphant " commentent ses parents. Diego et elle ont les mêmes goûts, collectionnent poteries préhispaniques, retables et ex -votos. Ils s'aiment à la folie, se trompent, divorcent, se remarient.
Collier en obsidienne sculpté et fil rouge, assemblé par Frida Kahlo Necklace in carved obsidian and red cotton thread, assembled by Frida Kahlo © Museo Frida Kahlo - Casa Azul collection - Javier Hinojosa, 2017​
Au décès de Frida, Diego mettra tous ses biens sous scellès. Il faudra attendre 2004 pour voir ces objets, témoins touchants d'une vie.
Après une étape à Londres, au Victoria & Albert Museum, l'exposition s'enrichit à Paris d'un thème sur le bref passage de Frida dans la capitale et sa participation à l'exposition " Mexique " organisée par André Breton, en 1939, à la galerie Renou & Colle. Breton a passé plus de trois mois au Mexique, en 1938, cornaqué par Diego et Frida qui lui ont fait rencontrer Leon Trotsky. Breton, Frida ne l'aime guère et lui préfère sa compagne, Jacqueline Lamba.
Elle. refuse d'être associée au mouvement surréaliste, enrage bien qu'elle ne l'avoue pas ,de partager l'affiche avec d'autres artistes. A Nick Muray, elle écrit : " je ne peux plus supporter ces maudits intellectuels de mes deux ". Seul Marcel Duchamp (qui l'héberge) trouve grâce à ses yeux. N'empêche, l'exposition est un succès et. Picasso lui offre même une boucle d'oreille en forme de main.
Il ne faut pas rater la collection capsule (visible jusqu'au 31 décembre) rassemblant des créations de couturiers inspirés par les flamboyantes tenues de Frida, d'Alexander McQueen à Maria Grazia Chiuri en passant, bien sûr, par Jean-Paul Gaultier. On n'est pas près d'oublier sa collection printemps-été 1998 et son fameux corset à sangles.
Corset en plâtre peint par Frida Kahlo. Plaster corset painted by Frida Kahlo © Museo Frida Kahlo - Casa Azul collection - Javier Hinojosa, 2017
Marianne Lohse
Jusqu'au 5 mars. Palais Galliera 10 avenue Pierre Ier de Serbie Paris 16ème.
Tel :01 56 52 86 00 palaisgalliera.paris.fr
Une surprise pour clore l'article de Marianne Lohse :
Sortant d'une visite de la "casa azul" à Mexico, j'ai vu dans un marché près de Coyoacan ce portrait de Frida Kahlo réalisé par un artiste anonyme. Une coïncidence sympathique.
Guy Riboreau
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