"Fernand Léger et le cinéma" à Biot

 

Cette exposition explore de manière exhaustive et totalement inédite, les relations fortes, durables et fructueuses que le peintre Fernand Léger (1881-1955) a entretenues au fil de son œuvre avec le cinéma.

 

En déambulant dans le musée, on découvre vraiment un homme cinéphile. L'affiche "Les Enfants du paradis", prêtée par la Cinémathèque de Paris, est d'ailleurs un témoin de l'amour de Fernand Léger pour le cinéma. Elle prend une place particulière dans l'exposition puisque c'est le premier film qu'il a vu en rentrant de la guerre et qui l'a alors totalement bouleversé.

 

Le premier étage met d'abord en avant deux longs métrages auxquels le peintre et sculpteur a collaboré : La Roue (1922) d'Abel Gance, dont l'artiste a conçu l'affiche et le générique et L'inhumaine (1924) de Marcel L'Herbier, sommet de l'avant-garde des années 1920, pour une partie des décors et l'affiche.

 

Le film La Roue va créer dans l'avant-garde artistique d'alors une onde de choc résumée ainsi par Jean Cocteau :

"Il y a le cinéma d'après et d'avant La Roue comme il y a la peinture d'avant et d'après Picasso" 

 

Il ne faut surtout pas manquer la salle qui projette L'ensemble mécanique, une version restaurée (et musicalement inédite) de Ballet mécanique (1924), le court métrage qui marque le sommet de l'art de Fernand Léger au cinéma. Cette œuvre collective qui a aussi impliqué Man Ray, Dudley Murphy et le compositeur George Antheil, anime et alterne, avec un montage singulier, objets de la vie quotidienne, figures géométriques, et plans de visage humain. Ce chef-d'œuvre du cinéma expérimental annonce les œuvres underground d'un Andy Warhol.

 

 

 

 

On passe du dessin au film et du cinéma à la peinture.  L'exposition permet de faire le parallèle entre les deux arts que pratique l'artiste.

 

Novateur, Léger est l'un des premiers à mettre en mouvement ses dessins grâce au cinéma. Par exemple, pour ce même film, il dessine le générique qui se transforme en image animée grâce à la caméra. Plusieurs de ses ébauches sont visibles dans l'exposition.

 

Toujours en quête de nouveaux projets, Fernand Léger a également porté la casquette de réalisateur à plusieurs reprises. "Ballet mécanique", son premier film, certainement le plus connu, est considéré aujourd'hui encore pour une œuvre d'avant-garde. Pas de narration, simplement un enchaînement d'objets de la vie quotidienne qui invite le téléspectateur à se concentrer uniquement sur l'esthétique du film.

 

 

 

 

L'exposition est aussi l'occasion de revoir des films un peu oubliés. Dans une salle, est projeté le film muet "L'Inhumaine" de 1924 pour lequel Fernand Léger a fait une partie des décors. Si le réalisateur fait appel à l'artiste, c'est notamment parce qu'il connaît son goût pour les machines qu'il peint dès les années 20.

 

L'exposition présente aussi d'autres travaux cinématographiques de Fernand Léger, dont Dreams That Money Can Buy (1947), du peintre et cinéaste Hans Richter, auquel ont également participé Marcel Duchamp, Max Ernst ou Alexander Calder.

 

"La raison d'être du cinéma, la seule, c'est l'image projetée" écrit Fernand Léger

 

 

 

 

"Ballet Mechanique", créé en 2019 par le musicien autrichien Winfried Ritsch, offre au visiteur une expérience immersive, visuelle et sonore.

Une impressionnante expérience pour entrer dans la musique du compositeur américain George Antheil, créée en 1924 pour le film de Fernand Léger, "Ballet mécanique". Dans les années 1920, Antheil avait déclaré que sa composition, qu'il destinait à des machines plutôt qu'à des instrumentistes, ne pouvait pas être jouée avec les technologies de l'époque ni synchronisée avec les images du film. Impossible à interpréter pour des musiciens traditionnels compte tenu de la complexité de l'écriture et de la rapidité du tempo, cette partition d'origine n'aurait jamais été jouée du vivant du compositeur. 

Winfried Ritsch a relevé le défi, son orchestre mécanique se compose d'instruments d'époque, de pianos mécaniques, de xylophones, de percussions mais aussi de sons tels que des bruits d'hélices d'avion et des sonneries diverses. Grâce aux moyens techniques du XXIe siècle, ces instruments jouent de manière totalement automatisée par des robots informatiques.

 

 

 

Si le musée propose une protection auditive aux oreilles sensibles, on conseillera au visiteur de ne pas l'utiliser, afin de vivre pleinement ce trip artistique et sonore (plus de 80 décibels tout de même!)

 

Version courte (10 min 20) : environ toutes les heures, à 10h30, 11h30, 12h30, 13h30, 14h30, 16h30 et 17h30.
Version complète (19 min) : à 15h30

 

 

Alors que Fernand Léger est né dans l'Orne (à Argentan) et décédé en région parisienne, c'est à Biot, dans le sud de la France, qu'un musée national lui est dédié. C'est sa femme Nadia Léger (enterrée à Callian dans le Var) et son collaborateur Georges Bauquier qui décident de créer ce musée sur ce territoire, car proche du mas qu'il avait acquis peu de temps avant sa mort. Inauguré le 13 mai 1960, il s'agit du premier musée d'art moderne de la Côte d'Azur. Au-delà de l'hommage que lui rend ce musée à travers les expositions, le bâtiment en lui-même, avec sa façade en mosaïque, est aussi un moyen de faire connaître l'univers de l'artiste.  

 

 

 

 

Entre films, tableaux, projets inédits et inachevés, l'exposition "Fernand Léger et le cinéma" offre au visiteur une vision sur l'œuvre pluridisciplinaire et totalement novatrice de Fernand Léger.

 

Tombe de Nadia Léger à Callian (Var)

 

Exposition "Fernand Léger et le cinéma"

Jusqu'au 19 septembre 2022

Au musée national Fernand Léger de Biot

255 Chemin du Val de Pôme

Ouvert tous les jours sauf les mardis
Tarif plein : 7,50 € / Tarif réduit : 6 €