Le Trièves, superbe région aux portes de Grenoble, mérite amplement le détour. A Chichilianne, les 25 et 26 juin, aura lieu la reconstitution de la première ascension du Mont Aiguille, en 1492. Un exploit qui marque la naissance de l'alpinisme.
Balade avec Marianne Lohse.
Entre Alpes du Nord et Alpes du Sud, entre Vercors et Devoluy, s'étend un territoire enserré de montagnes, riche en sublimes paysages et en histoires singulières. Giono le Provençal était tombé amoureux du Trièves et y séjournait régulièrement. A Lalley, la maison qu'il occupait est devenue l'Espace Giono, un petit musée-bibliothèque-galerie. Les mots de l'écrivain y résonnent encore : " ici c'est le cloitre, la chartreuse matérielle où je viens chercher la paix".
Cet été, le Trièves célèbre en beauté le cinq cent trentième anniversaire de la première ascension du Mont Aiguille, un sommet mythique, longtemps baptisé "l'Inaccessible". 1492, c'est la découverte de l'Amérique mais c'est aussi, le 26 juin, une date qui marque la naissance de l'alpinisme.
Impossible quand on découvre depuis le village de Chichilianne cette forteresse calcaire, haute de 2087 mètres, de n'être pas fasciné comme le fut le roi Charles VIII. Le Mont Aiguille est une anomalie géographique avec sa verticalité comme tombée du ciel et son étrange prairie sommitale. Il suscite depuis toujours quantité de légendes. Abrite-t--il des déesses? Ou des démons?
Rien ne doit être inaccessible au roi. Charles VIIi ordonne donc au capitaine Antoine de Ville, seigneur lorrain et homme de guerre qui s'est illustré dans l'assaut de places-fortes d'ascensionner le Mont.
Cinq siècles et des poussières plus tard, un historien, Stéphane Gal, enseignant-chercheur à l'Université Grenoble-Alpes (UGA) va reconstituer cette formidable équipée. Un projet longuement mûri comme le fut celui d'Antoine de Ville. Le capitaine s'entoure d' "écheleurs" c'est-à-dire de spécialistes des échelles et des assauts par échelles, de charpentiers, de tailleurs de pierre. Pour parvenir au sommet on élabore un système complexe d'échelles, de passerelles, de plateformes, d'échafaudages. On grimpera non pas avec des cordes et des pitons come on le fait aujourd'hui mais comme on prend une citadelle.
Les bâtisseurs de cathédrales procédaient-ils autrement? Parmi les hommes du capitaine, il y a aussi un aumônier. Et un prédicateur. Un huissier a même été mandaté par le Parlement de Grenoble pour authentifier l'exploit.
Ce que veut Stéphane Gal spécialiste de l'histoire moderne (elle commence au Moyen Age) c'est se rapprocher au plus prés de la réalité des faits. Et des sensations éprouvées par ces hommes. " Cela, on peut le faire en prenant la montagne comme une sorte de grand laboratoire, un espace expérimental qui permette de confronter nos connaissances avec le terrain. C'est une démarche spécifique du Labex-ITTEM (laboratoire de recherches en sciences humaines et sociales) avec lequel je travaille".
Le chercheur aura aussi recours à des mesures biomécaniques pratiquées par les spécialistes du Gipsa-Lab afin comprendre les contraintes d'une telle ascension, à cette époque.
Comment est-on passé de l'expertise militaire à la naissance de l'alpinisme? Autrement dit de l'échalade à l'escalade ? Quels étaient les rapports à la montagne des sociétés de la fin du XVème siècle? On imagine sans peine l'angoisse, la peur que devaient ressentir les premiers grimpeurs. Qu'allaient-ils trouver là-haut ?
On avait déjà vu, en 2019, Stéphane Gal traverser les Alpes à cheval et en armure à la manière des chevaliers de François Ier partis guerroyer à Marignan. Pour ce second projet d'archéologie expérimentale, il portera comme tous les membres de l'équipe, des vêtements de lin et de laine, des chaussures de cuir, une besace, un bâton, une dague, un casque, une gourde. " Mais pas d'armure. Les compagnons du capitaine de Ville n'en portaient pas".
Antoine de Ville avait fait baptiser Mont-Fort le Mont Aiguille. On avait planté des croix à son sommet. Dans la prairie où fleurissent les tulipes du Vercors. Stéphane Gal, lui, fichera des drapeaux. Voilà des mois que des charpentiers de Chichilianne et de Mens fabriquent échelles et plateformes à partir de l'iconographie de l'époque. On attend avec impatience de voir le documentaire réalisé par Ludovic Veltz sur cette passionnante aventure.
Marianne Lohse
Une grande fête médiévale
Dans tout le Trièves et particulièrement à Chichilianne, on se mobilise pour célèbrer les 25 et 26 juin le quatre cent trentième anniversaire de l 'ascension du Mont Aiguille. A cette occasion le camp de base d'Antoine de Ville sera reconstitué. Concours de tirs à l'arc, déambulations en costumes d'époque, expositions, conférences, concerts de chants médiévaux se succéderont pendant tout le week-end.
Pour plus d'informations
mairie.chichilianne@wanadoo.fr
Infos Chichilianne : 04 76 34 44 95
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