La Biennale Paris : à la recherche d'un second souffle

 

Les Cassandre ne manquent pas qui prédisent à la Biennale de Paris des lendemains sans joie : concurrence grandissante d'autres "Art Fairs" comme la Brafa de Bruxelles,  l'édition newyorkaise de la Tefaf,  ou la prochaine Paris Fine Art au  Carrousel du Louvre, désintérêt du grand public pour les meubles et objets du XVIIIème siècle, engouement pour l'art contemporain (les exposants de la Fiac seront nettement plus nombreux) Sans parler des scandales qui ont secoué la profession: rumeurs de faux, guerre des clans. Une Biennale  controversée, donc.

Une Biennale tous les ans, voilà qui est original ! Crée en 1959 et célèbre dans le monde entier, la Biennale des Antiquaires aujourd'hui Biennale de Paris, en fait, est devenue une marque. Sa 31ème édition réduite à cinq jours au lieu de neuf  et à 71 galeristes dont un tiers d'étrangers a pourtant séduit  par son esprit d'ouverture, même si la qualité des oeuvres pouvait sembler inégale. Et 38700. visiteurs ont été recensés pour cette édition.

Symbole de ce désir de  "coller" à son époque : l'installation monumentale immersive Transchromie de Carlos Cruz Diez présentée par la Patinoire Royale (galerie Valérie Bach) belge, un labyrinthe de plaque de verres de couleur  

 

Transchromie de Cruz Diez (la Patinoire Royale)​

photo : Nicolas Lobet

 

Un espace de 350m² était d'ailleurs dédié à l'art contemporain.

 

Vieira Da Silva Composition (Galerie Dil)

 

 

Mise en scène par le très fantaisiste Vincent Darré, la manifestation accueillait sous la verrière du Grand Palais le Bahreïn, invité d'honneur. Dans son pavillon scenographié par Nathalie Crinière, les visiteurs découvraient objets de collection, artisanat d'art et perles du royaume.

 

Wall Art Installation Bab Al Balad- view 1

 

 

Chemise talismanique (Jama), avec versets qu'aniques et chiites, prières protectrices donnant les noms des douze imams. 

Inde du Nord ou Deccan, 17ème siècle (Kent Antiques)

 

Autre signe de changement: une section réservée à dix jeunes talents, des marchands n'exerçant pas leur profession depuis plus de douze ans dont la formidable libraire Amélie Sourget..

 

Heures à l'usage de Rouen. Manuscrit enluminé rouennais orné de 13 peintures et de bordures, Rouen, vers 1475 (Librairie Amélie Sourget)

 

Très remarqué: le stand de Stéphane Jacob (Galerie Arts d'Australie) qui défend et promeut l'art aborigène.

 

Julie Robertson Nangala : Ngapa Jukurrpa (Water Dream) 

 

La présence, en force de Drouot n'a pas manqué de surprendre. L'hôtel des Ventes exposait les " must " de ses prochaines vacations... Une synergie voulue par la Biennale. "Il faut laisser parler l'objet et arrêter le bling bling qui n'est plus dans l'air du temps " déclarait au Monde le président du Syndicat des Antiquaires, Mathias Ary Jan. Une tâche bien ardue s'ouvre devant lui d'autant que Le Grand Palais entre en travaux fin 2020.

 

 

Michael Sweerts  (1618-1664), Le Toucher, XVIIe siècle ©DR ( Drouot)

 

Marianne Lohse