La fréquentation des musées s'était envolée en 2014 avec 34 millions de visiteurs rien qu'à Paris. Les tragiques événements du 13 novembre 2015 ont rendu les Parisiens frileux. Mais ils reviennent ! Rarement l'art n'aura autant mis du baume aux coeurs. Les musées, les galeries, lieux de rassemblement, de spiritualité ? Il semble bien que oui ! D'Osiris à l'Institut du Monde Arabe à Picasso raconté en 400 œuvres au Grand Palais, les beaux rendez- vous ne manquent pas. Mais si vous ne devez voir que deux expositions, voici notre sélection.
Visites avec Marianne Lohse
Splendeurs et Misères, Images de la prostitution, 1850- 1916 Musée d'Orsay. Jusqu'au 17 janvier 2016
Toulouse-Lautrec. femme tirant son bas( 1894) RMN- Grand Palais-Musée d'Orsay copyright Hervé Lewardowski
Sulfureuse, sans doute, racoleuse peut-être. Intéressante en tout cas ne serait-ce que parce qu'elle permet de voir ou de revoir quelques chefs d'œuvre comme " L' Olympia" de Manet ou " La femme en chemise" de Derain. Sans parler des incursions de Toulouse-Lautrec chez les filles de la rue des Moulins, de loin les toiles les plus touchantes. Rarement on aura peint avec une telle empathie des sœurs d'infortune. Mais quatre cents peintures, documents, objets et photographies, c'est trop. On se perd un peu dans ce parcours scénographié par Robert Carsen. Salle après salle, on pénètre dans cet univers tarifé. De l'espace public ( le commerce du sexe envahit les grands boulevards, les passages, les caf'conc', les théâtres) au bordel, du bordel à l'alcôve des grandes " horizontales". Dés 1860, la prostitution clandestine (les "insoumises") déborde le cadre des maisons de tolérance réglementées. L'exposition en dit long sur la misère de ces femmes. Fallait-il être aussi exhaustif ?
Rien ne semble avoir été oublié, du chat à neuf queues de Louise Valtesse de la Bigne aux cabinets interdits aux moins de dix huit ans projetant des séquences pornos, souvent burlesques, en passant par ce pique-couilles qui fait frémir bien des visiteurs. Mais force est de reconnaitre que la représentation de ce monde interlope, tous ces formidables peintres à scandale, en bousculant, dans le sillage de Baudelaire, morale et conventions, ont joué un rôle essentiel dans l'évolution de la peinture moderne.
Henri Gervex.Mme Valtesse de la Bigne(1879) RMN Grand Palais-Musée d'Orsay copyright Hervé Lewardorwski
Walton Ford, Musée de la Chasse et de la Nature. Jusqu'au 14 février 2016
Mon Dieu 2015( femme et Bête)Copyright Courtesy of the artist and Paul Kasmin Gallery New York
Si vous ne connaissez pas encore ce merveilleux musée privé (Fondation François Sommer), courez-y! .Au coeur du Marais, entièrement rénové en 2007, il présente dans deux hôtels particuliers des XVIIème et XVIIIème siècles, l'évolution de la chasse, dans son contexte historique, artistique et culturel. Dédiée au célèbre peintre animalier Walton Ford, voilà une exposition insolente, provocante, en rupture apparente avec le très beau cadre classique du musée où elle est dispersée et pourtant totalement en adéquation avec lui puisque l'artiste s'interroge sur la frontière entre l'homme et l'animal, un thème très actuel. Aux Etats Unis où il vit, Walton Ford, cinquante cinq ans, est une célébrité. Les collectionneurs s'arrachent ses aquarelles monumentales, son bestiaire surréaliste, peint le plus souvent en grandeur réelle. Ses œuvres figurent dans les plus grandes institutions. Ford puise son inspiration dans les planches zoologiques, la satire politique, les cartoons des années 60. Certaines des aquarelles sur papier montrées à Paris sont un tribut au peintre naturaliste Audubon. Mais l'intérêt essentiel de cette exposition décidément pas comme les autres tient à l'installation du premier étage où règne une atmosphère faite de mystère et d'effroi : avec un humour féroce, Ford y déploie une série inédite consacrée à la Bête du Gévaudan. " La Bête" dit-il " est issue de l'imagination humaine. Elle n'a en réalité jamais existé. Les chasseurs ne l'ont jamais capturée et les attaques se sont poursuivies jusqu'à ce que l'affaire s'éteigne. Dans ce musée, la chasse se termine bien. Alors, je fais en sorte que pour une fois, elle se termine mal ".
Walton Ford. Certainment 2015
Marianne Lohse
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