Escapade aux Canaries : Lanzarote, l'ile-volcan, ne connait pas l'hiver

Ici c'est P-E-B toute l'année. Entendez par là "Printemps-Été-Baignades" tous les jours sur cette île vêtue d'un habit d'arlequin. Eaux bleues, terre noire, maisons blanches aux ouvertures serties de vert, plages de sable d'or et d'autres aux reflets d'obsidiennes dessinent un immense patchwork multicolore.

 

 

Des murets de pierres, coutures grandioses, assemblent les différents tissus des sols piqués de jardins, de vignobles… Le centre de l'île et son littoral accordent des contrastes surprenants comme ses laves refroidies sur ses rivages secoués d'écumes.
Les itinéraires sont variés. Il vous faudra emprunter des routes aux fulgurantes lignes droites et négocier parfois des virages audacieux. En pénétrant dans des régions qui ressemblent à des canyons, les randonnées seront rouges, ocres, noires suivant le sol foulé, et toujours bleues au-dessus des yeux. On peut aussi découvrir ce relief, damassé de volcans, perché sur le dos d'un dromadaire et former des méharées pareilles à celles qui s'étirent sur des continents où les déserts sont rois.

 

 

L'île d'un artiste

Que serait devenue Lanzarote devant l'engouement des touristes pour ce confetti au large de l'Afrique, sans l'un de ses fils : l'artiste visionnaire César Manrique (1919-1992). Lorsqu'il revient de New York, ce peintre, sculpteur, architecte, a l'idée de fusionner l'art et la nature sur son île natale. Soutenu par le pouvoir local, il dessine des routes, aménage le territoire, façonne des jardins, peuple l'île de ses rêves. Il interdit les panneaux publicitaires qui défigurent les bords des routes et l'entrée des agglomérations, et préfère, aux gratte-ciel qu'il a côtoyés outre-Atlantique, des constructions ne dépassant deux étages. "Lanzarote est comme une œuvre d'art sans cadre et sans limite", aimait dire César Manrique, cet authentique architecte paysagiste.

 

 

 

 

 

 

Grâce à ses aménagements, l'île est classée Réserve naturelle de la biosphère par l'Unesco. Un bel exemple de développement durable qui n'entrave pas l'essor du tourisme et préserve l'environnement, les traditions, les ressources naturelles et… le bien-être.

L'île entière porte l'empreinte harmonieuse voulue par cet artiste citoyen. Les nombreux lieux qu'il a construits se fondent dans la nature et la sublime. En les prenant pour guide, on visite l'île de musées en jardins, de parcs en belvédères et de villages en bodegas. Les distances sont courtes et les routes ont la bonne idée, sous le soleil toujours, de ne rien cacher des paysages. Ce soleil est badin le matin, infini à midi, et devient, au couchant, flambant comme un paon courtisant l'horizon.

 

 

 

Un petit tour à Arrecife, la capitale. Un lac d'eau de mer en pleine ville jalouse l'océan. Un ancien fort, quelque peu excentré, est transformé en musée sous l'impulsion de Manrique. Miro, Picasso, Tapiès et des dizaines de maîtres de la peinture abstraite en composent la plus grande collection du XXe siècle aux Canaries.

 

 

 

 

 

Vers le nord de l'île, nous arrivons au pays de la culture des cochenilles. Ce petit insecte produit un acide carminique pour se protéger de certaines espèces de prédateurs. Recueilli, ce colorant naturel donne un séduisant carmin aux lèvres des femmes.
Pour ceux qui se piquent de botanique voici un jardin qui tient ses promesses. Installé dans l'ancien cratère de Guatiza qui servait de carrière, le Jardin de Cactus offre plus de 1400 espèces différentes provenant du monde entier.

 

 

 

Avant de rejoindre la côte aux plages de sable noir baignées par des eaux translucides, on s'arrête à Los Jameos del Agua dans la région de Malpais de la Coroña. Nées de la rencontre de la lave en fusion et de l'océan, voici quelques milliers d'années, deux cavités à ciel ouvert reliées par un tunnel de lave sont aménagées en bar et restaurant. Un bel auditorium au "cœur du volcan" accueille chaque année un festival de musique classique et des concerts les samedis soir. Une piste de danse, entre lac souterrain et lagoon bleu bordé de palmiers, permet, si l'amour vous en dit, quelques embrasements sur des coulées de lave !

 

L'auditorium

 

Descendre dans la grotte de Los Verdes, c'est faire un voyage au centre de la terre. Le long tunnel formé lors de la dernière éruption du volcan Coroña est mis en lumière par César Manrique. Là aussi une salle de concert dans les entrailles de la terre. Et un immense miroir d'eau qui trouble les sens : un gouffre dont le fond serait plafond !

 

 

À l'extrême nord de l'île, le mirador del Rio, un ancien guet militaire, est transformé en belvédère. C'est comme un balcon jeté sur la mer, ou plus exactement la proue d'un bateau qui s'en va conquérir la beauté de l'océan.

 

 

Vers le sud de l'île, une statue de diable sympathique nous accueille au parc national des volcans de Timanfaya.

 

Les visites se font en minibus avec quelques arrêts (mais interdiction de descendre afin de protéger l'écosystème) et même ainsi, ça vaut le détour. C'est une terre gagnée par la folie, tourmentée, balafrée d'étrangetés. Toute la palette des ocres, des bruns et des rouges est représentée. L'éventail de formes et de matières est infini, des océans de laves se disputent avec les cratères, les scories avec la cendre. Des forces titanesques sont là, sous le sol, prêtes à rugir ? C'est un spectacle fascinant à l'image de cette l'île à la beauté singulière.

 

 

PRATIQUE

- Office Espagnol du Tourisme : www.spain.info/fr et www.turismolanzarote.com/fr
- Fondation César Manrique : www.fcmanrique.org
- Le site qui suit donne de nombreux renseignements, enrichis de visuels, sur les différentes visites des lieux culturels aménagés par César Manrique : www.centrosturisticos.com

 

Y ALLER

Vol quotidien via Barcelone au départ de Paris. Dès 4 avril 2015 un vol direct Paris-Orly-Lanzarote sera programmé tous les samedis. D'autres villes de départ sont également proposées, renseignement : www.vueling.com/fr

 

Y SÉJOURNER

- Hôtel Los Jameos Playa**** à Puerto del Carmen. À quelques mètres d'une immense plage de sable. Idéal pour des séjours en famille avec ses programmes d'activités. Belles piscines et piscine enfants. Salle de jeux. Quatre courts de tennis, squash… Centre de Spa. Buffets de produits frais, et service à la carte. Tél. + 34 928 51 17 17. www.seaside-hotels.com

 

 

©Seaside-hôtel

- Location villa ou appartement : www.lanzarotecasasyvillas.com

À TABLE

- Sur les tables de Lanzarote, le lapin, cuisiné de mille façons, est au rendez-vous !
La nourriture est saine et les poissons fraîchement pêchés.

 

Les viandes grillées sont accompagnées de papas arrugadas, petites pommes de terre rondes, que l'on dore et mange avec la peau. Elles sont tellement savoureuses que seules aussi c'est un délice.

 

Frais ou chauds sur toasts, les fromages de brebis ou de chèvres précèdent des desserts où se mêlent anis et miel.

- Les vins sont issus principalement de vallée de la Gueria. Des bodegas s'ouvrent à la dégustation et le musée du Vin El Grifo aide à la compréhension de cette culture particulière sous ce climat sec et très ensoleillé. Visite des vignes et dégustation. www.elgrifo.com

- Le restaurant El Diablo s'ouvre sur le parc national de Timanfaya et ses montagnes de feu à travers une immense baie vitrée. C'est ici que l'on pourra déguster un poulet cuit lentement à la chaleur (450 à 500°) émanant du centre de la terre.

  

GUIDES
Canaries, guide le Routard, éd. Hachette, 14,20 €.
Canaries, Géoguide, éd. Gallimard, 15,50 €.

 

Patrick Géraud